Le nom Domino est un nom
d’une ancienne famille créole venue travailler dans les plantations de sucre
dans la région de la Louisianne. Antoine Dominique Domino est né à La Nouvelle
Orléans le 26 février 1928. Son père, Antoine "Calice" Domino, épouse
Donatile Gros. Ils demeuraient pauvrement dans un des 27 logements pour les
travailleurs de la plantation Wbre-Steib, une terre située à quelques
kilomètres de la frontière du Mississippi. Ils eurent 8 enfants élevés avec la
langue anglaise bien que leur langue d’origine était le français créole. Selon
la tradition africaine, la musique n’était pas simplement un loisir, c’était la
vie. Pour les créoles, n'importe quel objet ou outil créé devenait un
instrument de musique. Pour ces créoles catholiques, après la messe du dimanche
venait la fête et la danse. Bien que la famille commençait à parler de plus en
plus l’anglais, elle garda ses valeurs créoles rurales : travailler dur, avoir
du plaisir et être une famille soudée.
Durant le milieu des années
1920, le frère de Calice, Gustave prit possession des terres dans le Ninth
Ward où la famille de Calice déménagea
dans un duplex. En 1928, le dernier fils de Calice naquit : Antoine Dominique
Domino Junior.
Antoine était le
benjamin de la famille par plus de 5 ans. Très timide et solitaire, il était
débrouillard et déterminé. Son sobriquet était 'Tit frère. Dès son plus jeune
âge, Antoine adorait la musique. La famille possédait un vieux gramophone qu’il
écoutait toujours en gardant le rythme, en claquant des doigts sur diverses
chansons du genre blues et jazz. Lorsque Antoine avait dix ans, la famille
hérita d’un piano tellement vieux que la rouille apparaissait à travers
l'ivoire des touches. Son beau frère, Harrison Verrett (un joueur de banjo dans
des groupes de jazz locaux), qui faisait à la fois figure de père et mentor
pour Antoine, lui montra les accords de base en inscrivant les notes sur les
touches du piano pour qu’il puisse bien les apprendre. En très peu de temps,
Antoine ne voulait plus que jouer du piano. Ses parents, qui l’écoutaient
pratiquer pendant des heures tous les jours, déménagèrent le piano dans le
garage. C’est là qu’il apprit les chansons qu’il entendait à la radio. Sauf en
musique, Antoine avait des difficultés à l’école. À onze ans, en quatrième
année, il lâcha l’école pour travailler dans les manufactures.
À part quelques leçons
de musique données par Verrett, ses connaissances musicales furent acquises en
écoutant le juke-box qui jouait du blues et du boogie d'artistes comme Amos
Milburn, Charles Brown, Louis Jordan, Pete Johnson, et
Meade Lux Lewis. Dès l’âge de 14 ans, il faisait déjà les circuits des
boîtes à chanson autour de la Nouvelle Orléans. Il avait rencontré, à cette
époque, Robert "Buddy" Hagans, un amateur saxophoniste
qui deviendra son partenaire musical pour les vingt-cinq années suivantes. À ce
duo, se joignit le batteur Victor Leonard et le guitariste Rupert
Robertson. Sa popularité augmenta grâce à son interprétation de la chanson Swanee River Boogie d’Albert Ammons qui était
une reprise du classique de Stephen Foster The
Old Folks at Home. Les fans
entraient dans les clubs juste pour entendre cette chanson. Le 15 mai 1948,
Antoine et Buddy se présentent au bureau du syndicat pour musiciens noirs et
payèrent 12$ pour leurs cartes de membres. La carte était nécessaire afin de
pouvoir jouer hors de la ville dans la boîte de nuit Robin Hood, où Paul Gayton
et Annie Laurie avaient joué avec le bassiste, bien aimé, Billy Diamond.
Après le spectacle d’Antoine, suivi d’applaudissements et de cris d’approbation
par l’audience, Billy Diamond l’introduit comme "Fats" Domino, le
comparant au célèbre Fats Waller. Cette première référence à sa taille
imposante devait devenir son trademark. Alors qu’insulté par le sobriquet,
Antoine fini par le garder car c’était un terme chic et populaire durant cette
époque. Sa carrière a vraiment percé dans la "musique biz" lorsqu’il
a fait la tournée avec le groupe de Billy Diamond. À l’âge de 21 ans, Fats
attirait la foule au club Hideaway où il avait des représentations trois soirs
par semaine avec son propre groupe. Le point tournant de sa carrière est
survenu lorsqu’un agent d’Imperial Records, Dave Bartholomew, un
trompettiste/artiste/compositeur, à la recherche de talents, est venu voir son
spectacle dans le club. Il avait entendu parler de lui. Fats signa un contrat
avec Imperial Records en novembre 1949.
1949-1960
Dave Bartholomew est
devenu le principal collaborateur de Fats. Ensemble, ils composaient,
transformaient et arrangeaient des morceaux pour que Fats puisse ensuite les
enregistrer. La première chanson transformée fut le classique The Junker’s Blues que Chudd trouvait inapproprié
comme chanson pour le grand public. Ils ont changé les paroles, modifié la
mélodie et l’ont intitulé The Fat Man. Cette
version considérée radicale par sa cadence et sa distorsion émotionnelle
deviendrait la base de la musique populaire appelée rock ‘n’ roll. Lew Chudd a
pu faire jouer cette chanson sur les stations de radio pop. Suivant ce grand
succès, il eut sa première tournée aux alentours de la Louisiane. Sa chanson Every Night, avec ses fameux triolets lui donna un
contrat pour jouer dans le club Desire durant l’année 1950. À son départ du
club, Desire a perdu sa popularité. Fats a commencé sa deuxième tournée avec
les membres des groupes de Bartholomew en mi-novembre de cette même année.
En 1951, Domino a signé
un nouveau contrat de quatre ans avec Imperial Records. Quant à Bartholomew, il
a quitté son poste disant qu'il était trop difficile de composer et créer des
arrangements musicaux avec Domino, mais il ne s'éloignera pas longtemps. Même
sans Bartholomew, Fats évoluait toujours. Il est apparu dans son premier film
où il faisait une annonce publicitaire pour Dr. Daddy-o’s Jax Beer. Son
grand sourire invitant de cette campagne fera partie de son succès. Ses
musiciens, pour une nouvelle tournée, étaient Buddy Hagans au saxophone, Billy
Diamond, bassiste et gérant de la tournée, Cornelius « Tenoo » Coleman à la
batterie, Wendell Duconge, au saxophone alto et Walter « Papoose » Nelson, le
guitariste. John « Little Sonny » Jones était son chanteur d’ouverture. Durant
les quarante ans de sa carrière, certains musiciens partaient ou lâchaient, se
faisaient remplacer et parfois revenaient, mais en grande majorité durant le
paroxysme de sa renommée c’était ce groupe de musiciens qui l’accompagnait.
En 1952, Fats a
enregistré ses plus grands succès. Parmi eux, il y avait la chanson Goin’ Home, devenue son premier numéro 1 sur le
palmarès Rhythm and Blues (r&b) et le numéro 30 sur le palmarès pop en
juin. Il présenta son plus grand spectacle dans la salle de bal Pentagon à 700
admirateurs venu l’écouter. Le 6 mars 1954, Domino a été nommé l’artiste
r&b avec le plus de ventes sur le palmarès juke-box.
En 1955, Bartholomew
était de retour. Il a admis que Domino avait souvent l’idée initiale pour les
nouvelles chansons, mais que tous les arrangements venaient de lui. Il
critiquait jalousement Domino, ses mélodies ou paroles trop simples comme son
hit Ain’t that a Shame qu’il va écrire et
enregistrer en 1955. Cette chanson va devenir son premier grand succès à
l’échelle nationale, ainsi que I’m Walkin’ et All by Myself. De son côté, Domino signalait que les
chansons de Bartholomew telles que Blue Monday
et I Hear You Knocking, sont trop élaborées.
Néanmoins, chanté par Domino, Blue Monday était
bien reçu comme un mixe des traditions du "barrelhouse blues" et du
"street rhythm". Les critiques vont juger ce duo comme la première
grande et superbe équipe de compositeurs rock ‘n’roll. Atlantic Records, à son
tour encourageait leurs artistes tels que Screamin’ Jay Hawkins, Bobby
Darin et Ray Charles de tenter d’imiter le style de Domino. Le 9
juillet 1955, Fats est devenu le deuxième artiste r&b à gagner le "Billboard
Triple Crown Award" avec le plus grand nombre de ventes en r&b, ainsi
que sur les palmarès juke-box et "Disc Jockey". En septembre, il a
enregistré une autre chanson, Poor Me, qui a
atteint le numéro 1 au classement r&b. Sa musique devenait de plus en plus
populaire parmi les blancs aussi.
Durant la deuxième
moitié de la décennie, avec la remontée des autres grands musiciens rock, la
carrière de Fats a finalement ralenti sans prendre plus d’élan. En juin 1956,
Fats a enregistré, sous l’étiquette Master Records, une nouvelle version
modifiée du vieux classique Blueberry Hill, une
chanson Tin Pan Alley, écrite originalement pour Gene Autry en 1940 pour
son film Singing Hill. Cela deviendra pour Fats, sa chanson la plus célébrée,
même aujourd’hui. Elvis Presley, en outre, a donné son soutien à Fats en
déclarant son admiration pour le talent du pianiste. Ce lien avec Elvis
contribua à sa popularité. En avril 1957, après 22 semaines, la chanson School Day de Chuck Berry, vole la première
position au palmarès r&b jusqu’alors monopolisée par Fats Domino. A
l’automne 1957, sa tournée s’agrandie pour faire des spectacles dans le nord du
pays. À New York, il fut intimidé par le fait que l’audience lançait des œufs
aux artistes qu’ils n’aimaient pas. Cette tournée lui a permis de jouer aux
côtés d’autres grands musiciens du rock ‘n’ roll (r&r) comme Buddy Holly,
the Drifters, the Everly Brothers et plusieurs autres en
spectacle et sur des émissions importantes de l’époque comme sur celui de Alan
Freed’s et sur Dick Clark’s American Bandstand. Cette année là, Domino tira 104
000$ de sa tournée de la côte pacifique dont 46 405$ à son profit. Il a gagné
un autre 5 000$ pour son rôle dans le film The Big Beat. En 1958, Fats a
enregistré vingt autres chansons qui deviendraient des hits sur le palmarès et
en 1959, il en eu six.
1960-1979
Au début des années
1960, on comptait peu d'artistes de rock ‘n’ roll de grande envergure autre que
Domino et ses disciples tels que Lloyd Price, Wilbert Harrison, Phil
Phillips et Frankie Ford. Buddy Holly et Eddie Cochran
étaient morts, Bo Diddley était ruiné, Gene Vincent brisé, après
son passage à l’armée Elvis Presley s'était considérablement adouci, Little
Richard étudiait la théologie, Jerry Lee Lewis faisait scandale et Chuck
Berry se faisait emprisonner. Alors que Domino avait survécu au-delà de ses
confrères musicaux contemporains du r&b, il était maintenant seul parmi les
grands du rock. À l’âge de 32 ans, après une décennie chargée de tournée, il
était fatigué. Ses difficultés de se convaincre de continuer ce mode de vie
(voyager et faire la fête) fut évident dans les thèmes des chansons comme Walking to New Orleans et Before
I Grow too Old. Cette même année, Roy Montrell a remplacé le
guitariste Papoose Nelson qui est mort d’une attaque de cœur. Montrell
deviendra le nouvel agent de tournée du groupe et restera parmi l’entourage de
Fats pendant dix-sept ans. En avril 1962 il a sa dernière session en studio
avec la compagnie Imperial Record. En 1964, il signe un nouveau contrat
avec ABC – Paramount Records.
Dans cette même époque,
l’invasion des groupes rock britannique va diminuer la fréquence des chansons
de Fats jouées à la radio. En janvier 1965, Domino enregistrera huit chansons
pour son troisième album de ABC. Peu de temps après il brisera son contrat et
signera avec Mercury Records. Toujours en collaboration avec Bartholomew
il va enregistrer I Left my Heart in San Fransisco.
Il prend toujours moins de tournée, au lieu il prend de plus en plus de
semaines de congés à la fois. En 1966, Mercury propose une nouvelle idée pour
un album appelé Southland USA qui aurait comme thème principale le sud et la
Nouvelle Orléans. Même après plusieurs incitations, Fats n’avait jamais le goût
de le terminer. Ce n’est qu'en mars 1967, que Fats tentera sa première tournée
en Angleterre (dans tout l’Europe en effet) au théâtre Saville qui fut un grand
succès. Paul McCartney avait même pris une journée de congé de ses
enregistrements pour l’album Sgt Pepper’s Lonely
Heart’s Club Band, afin d'assister à un de ses spectacle. En mars
1968, Fats signe un nouveau contrat avec Reprise Records. Dans les
années 1970, il a fait des tournées internationales parmi un spectacle au
Sydney Opera House. En octobre 1977 au spectacle de Richard Nader Oldies dans
le Madison Square Garden, Fats a ouvert son spectacle avec Blueberry Hills qu’il a joué en l’honneur d’Elvis
Presley, décédé quelques mois auparavant.
1980-2006
En 1980, Fats embarque à
nouveau pour une tournée en Europe. Il a eu un autre élan de publicité durant
cette décennie. Alors qu’il fut un invité spécial sur le Late Show avec David
Letterman et qu'il fit plusieurs annonces publicitaires, il devenait de plus en
plus reclus dans sa vie privée. Il a refusé plusieurs offres télévisés et des
rôles dans des films en plus des offres de Johnny Carson et Dick Clark qui
avait été le visiter personnellement à sa maison à la Nouvelle Orléans. Il a
aussi refusé toutes les offres de créer un documentaire sur sa vie et sa
carrière. Le 23 janvier 1986, il est devenu un des dix plus grands premiers
artistes de Rock and Roll Hall of Fame avec Elvis, Chuck Berry, Little Richard,
Jerry Lee Lewis, Sam Cooke, James Brown, The Everly Brothers, Buddy Holly et
Ray Charles. Sa tournée suivante en Europe, au printemps, fut télévisée. En
décembre 1987, il reçoitle "Grammy Lifetime Achievement Award" aux
côtés de B.B. King et de Ray Charles. Alors que ces deux artistes avaient gagné
quelques "Grammy’s" Fats Domino n’avait jamais été cité. En novembre
1988, il a chanté dans le concert des légendes du rock ‘n’ roll, qui a été vu
par des centaines de millions de téléspectateurs. Cette même année, Paul
McCartney lui a rendu hommage en enregistrant trois de ses chansons y compris Lawdy Miss Clawdy.
Le 2 mars 1995, la fondation du r&b remit à Fats Domino le "Ray Charles Lifetime Achievement Award" à Los Angeles. Cette même année lors de sa tournée en Europe avec Ray Charles et Little Richard, il eut à deux reprises une pneumonie. Finalement, il perdit sa voix et termina prématurément sa tournée. Ça sera sa dernière visite en Europe. En 1996, quatre décennies après ses débuts sur les stations de radio, Blueberry Hill est le numéro 13 au palmarès des 40 meilleures chansons de tous les temps sur le palmarès juke-box. En mai 1997, Domino joue son premier spectacle jazz depuis deux ans, qui va être suivi par une série de spectacles à divers intervalles dans les alentours de la Louisiane : ce seront surtout des concerts gratuits pour des causes spécifiques. Le 10 juin 1997, Domino et Bartholomew ont reçu un prix partagé lorsqu’ils ont été honorés dans le "Songwriters Hall of Fame". Le 5 novembre 1998, Bill Clinton lui remet la médaille nationale des arts, acceptée en son nom par sa fille aînée Antoinette, car ça ne le tentait pas de partir de sa maison cette semaine là. En 1999, cinquante ans après son premier enregistrement, il a joué plusieurs concerts avec Dave Bartholomew après une séparation de douze ans.
Au printemps 2006, Fats
Domino a lancé son dernier CD appelé Alive and
Kickin’ pour aider les musiciens amateurs de la région de la
Nouvelle Orléans, une cause soutenue par la fondation Tipitina’s.
En 1947, Antoine tombe
amoureux d’une jeune femme appelée Rosemary Hall qui était la fille d’une
grande admiratrice de ce dernier. Le 6 août de cette même année, la jeune de
dix-sept ans épouse Antoine qui avait dix-neuf ans. Pour son vingtième
anniversaire il était déjà devenu père d’une petite fille. En tout, lui et sa
femme auront 8 enfants qu’ils nommeront Antoinette, Antoine III, André, Andrea,
Anatole, Anola, Antonio et Adonica.
Sa carrière l’oblige à
déménager à Los Angeles, devenu son deuxième domicile et son milieu de plaisir.
Il commença à boire énormément et à fréquenter des femmes. Il a composé les
chansons Please Don’t Leave Me et Rose Mary pour raconter son dilemme face à son
nouveau style de vie, ses sentiments de culpabilité et de tristesse car il
s’ennuyait de sa famille. Sa seule addiction était l’alcool. Par contre, il
ignorait les problèmes d’usage de drogues de ses musiciens. Souvent il devait
payer les amendes et les contreventions de ses musiciens qui se faisaient
arrêtés en possession de drogue afin qu’ils puissent jouer un spectacle. Entre
autres, son guitariste Papoose Nelson dépensait tout son argent pour les
drogues, vendait sa guitare sachant que Fats lui en achèterait toujours une
nouvelle afin qu’il puisse jouer. Ses mauvaises habitudes prenaient de
l’ampleur à mesure que son succès augmentait. Sa dépendance à la boisson et ses
habitudes de côtoyer des femmes faisait qu’il arrivait souvent en retard à ses
concerts ou aux sessions de studio. Parfois, il manquait complètement les
concerts et la foule déçu causait des émeutes. Diamond, qui se sentait
responsable, plaidait avec lui afin qu’il arrive à temps. Incapable de changer
ses comportements, Diamond quitte le groupe à la fin de 1956.
Rosemary, de son côté,
sachant que son mari ne serait jamais content à faire autre chose, dépendait sur
sa mère, qui était sa voisine, de venir l’aider. Le thème de ne pas être à la
maison auprès de sa famille revenait à maintes reprises dans les chansons de
Fats. Il appelait sa femme tous les jours lorsqu’il était en tournée et lui
envoyait souvent de l’argent. À maintes reprises, il se dira malade et annulera
des spectacles pour retourner en Nouvelle Orléans. Alors que sa ville natale
demeura toujours son chez soi principal, sa renommée et sa fortune l’avait
toujours exclus de ses frères et sœurs.
Fats était un homme qui
donnait facilement sa confiance sans se soucier de personne. Ceci faisait qu’il
pouvait être facilement manipulé par son entourage comme le fit Charles Levy
Jr., son avocat qui avait la procuration de ses possessions. Ce n’est que lorsque
sa femme, qui avait pris des cours de finance aux YMCA lorsque tous ses enfants
furent partis de la maison qu’elle remarque à quel point l’avocat leurs avaient
volés. Deux autres qui le manipulaient était Roy Montrell qui allait jusqu’à
ruiner ses spectacles afin d’assurer que Fats lui donnait toujours l’argent
qu’il demandait et son batteur Smokey Johnson qui a lâché le groupe 6 fois afin
qu’il puisse demander une augmentation de salaire chaque fois que Fats avait
besoin de lui.
Le manoir rose et blanc
que Fats a bâti en 1960 pour 200 000$ dans le quartier pauvre du "Low
Ninth Ward" en Nouvelle Orléans fut longtemps reconnu comme un arrêt
touristique. C’était le même quartier pauvre à grande population noire où il
avait vécu toute sa vie. En premier, des gendarmes parcourait la propriété afin
d’assurer sa sécurité. Plusieurs de ses « fans » cognait à sa porte pour le
rencontrer. Alors que sa femme n’aimait pas ces interruptions à sa vie privée,
Domino, ne refusait jamais ces rencontres. En vérité, Rosemary n’a jamais aimé
ce changement de style de vie et ses richesses matériels tant aimé par son
mari. Fats s’achetait jusqu’à quatre nouvelles voitures par années. Sa femme et
plusieurs de ses enfants y vivaient toujours avant l’ouragan Katrina. Fats lui,
passait la plupart de son temps dans une maison attachée au manoir où il s’y
sentait paisible et pouvait se reposer.
En Septembre 1965,
l’ouragan Betsy a frappé fortement le quartier du « Lower Ninth Ward ». La
famille Domino devait vivre sur le deuxième plancher de leur manoir pour la
durée de la tempête. Domino a abandonné ses musiciens à Détroit pour rejoindre
sa famille. Il devait naviguer en bateaux pour les atteindre.
Le 6 août 1997, Fats et
Rosemary célèbrent leur 50e anniversaire de mariage. Il passe maintenant
presque tout son temps à la maison comme il l’avait promis dans la chanson qui
lui avait rendu hommage 44 ans plutôt. Il a modifié la chanson Rose Mary afin
qu’il soit plus parallèle avec l’évolution de leur mariage.
Le 29 août 2005, à l’âge
de 77 ans, Domino et sa famille refusent d'évacuer leur maison lors de
l’ouragan Katrina qui a détruit leur quartier. Ce soir-là le NO Harbor Police a
navigué sur un bateau « Boston Whaler » de 22 pieds dans le « Lower Ninth Ward
», où ils ont sauvé 200 personnes, parmi eux il y avait Domino, sa femme, cinq
de ses enfants, 2 gendres et 3 petits-enfants. Ils ont passé du temps avec ces
deux autres enfants au Texas pour un mois. Enfin, de retour dans sa ville
natale, il décidera de construire une nouvelle maison l’autre côté de la
rivière Mississippi et de la Nouvelle Orléans. C’est où il demeure toujours
aujourd’hui.
On peut attribuer à Fats d’avoir donné un style et un son particulier à la musique rock, dite révolutionnaire à l’époque, même s'il avait peu de paroles choquantes ou scandaleuses. Pour Fats, ses chansons n’étaient pas révolutionnaires et ne faisaient qu’amplifier ses racines et ses traditions afro-américaines d’origine créole et catholique, mais qui étaient enfin, nouvelles pour la majorité de la population américaine. C’était plutôt une menace au statu quo des blancs dans la musique.
Il est reconnu pour son r&b sensuel d’origine créole que les musiciens et musicologues identifient souvent comme du « boogie-woogie ». Ce qui le distingue des autres musiciens, même ceux qui ont repris ses chansons, est son rythme original et unique (qu’il appelait le "Big Beat") et sa voix enrouée. Ce "Big Beat" est vite devenue synonyme avec l’expression rock ‘n’ roll et permettait facilement aux spectateurs de danser au rythme de ses chansons[. Son rythme syncopé fut la racine du ska Jamaïque qui est le précurseur du reggae. Ses notes triolets, au piano, sont utilisées dans tous les genres de musiques populaires.