Diana Ross

Rêve incarné de Berry Gordy, patron richissime du label Tamla Motown, Diana Ross a chanté ses refrains dans tous les foyers de la planète en tant que meneuse du trio des années 1960, The Supremes ( Baby Love , Stop! In the Name of Love ...). A l'aube d'une carrière solo en 1970, déesse vivante fantasmée et icône gay tour à tour, elle devient la plus rayonnante artiste de tous les temps et se confine dans les plaisirs de la jet set, tout en produisant la matière de quelques albums et succès aussi soyeux que son mode de vie : Diana & Marvin (avec son équivalent mâle Marvin Gaye), Ain't No Mountain High Enough (1970), Love Hangover  (1973), Upside Down  (1979, produit par Chic), Muscles (de son protégé Michael Jackson)... La vie de Diana Ross est un rêve, parfois moins rose certains jours.

Diane Diana Ernestine Earl, deuxième des six enfants de Fred et Ernestine Moten Ross, est née le 26 mars 1944 à Detroit (Michigan). Elle compte dans son ascendance des Indiens d’Amérique (de la tribu Cherokee) et des esclaves Africains déportés aux Etats-Unis. Son enfance et adolescence dans les HLM de la capitale mondiale de l’automobile sont illuminées par les concerts qu’elle donne comme membre du chœur de l’église baptiste de son quartier.

C’est en 1959 qu’elle fonde un groupe avec Mary Wilson, Barbara Martin et Florence Ballard. Le reste – en l’occurrence la fabuleuse saga des Supremes – appartient à l’histoire de la musique populaire. Dès cette époque, Diana prend l’habitude d’être la première : dans les hit-parades et dans le cœur des hommes, à commencer par son Berry Gordy de patron, qui n’hésite pas à privilégier le nom de Ross, puis son parcours personnel, au détriment du trio initial.

Ainsi, on peut penser que, lorsque à la toute fin de 1969, le magnat du disque annonce la fin des Supremes, il tue purement et simplement la poule aux œufs d’or. En fait, le mentor a parfaitement compris qu’on était parvenu à la fin de l’exercice (à savoir trois jeunes filles chantant ensemble, dans un charme suranné très connoté aux années soixante agonisantes).

En octobre 1969, Diana Ross quitte les Supremes pour entamer une carrière solo. Elle se libère du poids symbolique des Supremes pour lancer le 19 juin 1970 son premier album en solo intitulé sobrement Diana Ross, prélude à une série de succès en quinze ans. Réalisé et presque entièrement écrit par Ashford & Simpson ce vinyle, classé n°19, donne lieu à deux simples : Reach Out & Touch (Somebody's Hand) et surtout Ain't no Mountain High Enough (n°1 pop et R&B, n°6 anglais), après sa sortie en juillet. Ce dernier simple se vendra à plus de 1 200 000 exemplaires. Elle donne aussi sur l'album sa propre version de You're All I Need to Get by. Reach Out & Touch était un projet de simple propre à Ross, dont Gordy ne voulait pas entendre parler, arguant du fait qu'il aurait peu de succès - il sera vendu à 500 000 exemplaires. Si ce titre a été édité en simple, c'est sur l'insistance de la chanteuse qui en fera même une de ses chansons emblématiques lors de ses concerts. Ce disque est fait de très nombreuses reprises ; Now That There’s You, Can’t It Wait Until Tomorrow et Where There Was Darkness avaient été enregistrés en 1969 par Valerie Simpson pour son premier album (les deux premières chansons sortiront en 1971 sur son album Exposed) ; Keep an Eye avait été chanté par les Supremes sur Love Child puis par Gladys Knight en 1969 ; on retrouve aussi sur cet album deux ex-duos de Marvin Gaye et Tammi Terrell, Ain’t no Mountain High Enough de 1967 et You’re All I Need to Get by de 1968. Diana Ross est lancée par un spectacle au Waldorf Astoria, où elle chante vingt chansons avec huit costumes, vingt-cinq musiciens, trois choristes et deux danseurs.

Le 20 janvier 1971, elle épouse Robert Ellis Silberstein à Las Vegas. Elle accouche quelques mois plus tard d’une petite Rhonda Ross Kendrick (qui est en fait la fille de Berry Gordy et qui offrira le thème de la chanson Love Child ). En 1972, le metteur en scène Sidney J. Furie lui confie le rôle de Billie Holiday (aux côtés de Richard Pryor) dans Lady Sings the Blues. Pour son premier rôle au cinéma, Diana Ross est nominée aux Academy Awards (c’est Liza Minnelli qui rafle la statuette, pour sa prestation dans Cabaret), et remporte le Golden Globe de la meilleure actrice. La bande originale du film (où la chanteuse interprète pour la première fois des standards du jazz) atteint le sommet des classements américains.

Le 4 novembre 1972 naît sa fille Tracee Ellis Ross. En 1973, de nouveau enceinte, la chanteuse enregistre avec son idole : les séances d'enregistrement de l’album Diana & Marvin (Gaye) constituent un cauchemar pour la chanteuse, contrainte de cohabiter dans un nuage de fumée illicite avec le créateur de What’s Going On. Cela se terminera dans des studios séparés. Elle se console au Festival de Cannes, où elle est invitée à l’occasion de la sortie européenne de Lady Sings the Blues : elle se produit alors devant un parterre de personnalités et est applaudie par rien moins que Josephine Baker (l’un des serpents de mer de la carrière de Diana Ross reste justement un film consacré à la plus Parisienne des Américaines, reine de la ceinture de bananes).

Mais les deux films suivants de la Diva (Mahogany en 1975 et The Wiz en 1978) ne remportent pas le même succès. Dans le premier, Berry Gordy (après s’être débarrassé du réalisateur Tony Richardson), signe en profane la mise en scène d’une très édifiante histoire de petite fille pauvre qui parvient à s’extraire du ghetto. C’est la chanteuse qui a dessiné les cinquante costumes du film. Dans le deuxième, adaptation new-yorkaise et moderniste du Magicien d’Oz, Diana Ross et Michael Jackson, bien loin de la magie initiée par Judy Garland, se plaisent à dépenser un budget supérieur au Star Wars sorti l’année précédente. Le flop retentissant met un terme à la carrière cinématographique de la chanteuse… qui tire son épingle du jeu en plaçant deux nouvelles chansons en tête des hit-parades.

En 1973, Diana Ross veut enregistrer un album de jazz (qui voit finalement le jour en 2006 sous le titre de Blue). Berry Gordy ne veut pas : le formaté Touch Me In the Morning emprunte donc de nouveau le chemin des meilleures ventes de disques. En 1975, sa deuxième fille, Chudney Ross, voit le jour. Le 22 février 1976, sa compagne au sein des Supremes et amie d’enfance Florence Ballard décède, à l’âge de trente-deux ans, des suites d’un alcoolisme récurrent et d’un permanent état dépressif : Diana Ross en est vivement affectée.

La même année, un album, encore une fois simplement intitulé Diana Ross, sonne la charge de l’offensive disco de la chanteuse, avec le single et énorme tube Love Hangover. Le 9 mars 1977, elle divorce de Robert Ellis Silberstein. En 1978, elle refuse un rôle dans The Bodyguard, aux côtés de Ryan O’Neal – avec qui elle entretient une brève liaison – (ce qui permet, quatorze années plus tard, les débuts au cinéma de Whitney Houston).

En 1979, elle enregistre ce que l’on peut considérer comme l’album de l’autonomie, un The Boss à la pochette tout en provocation d’érotisme triomphant. Au mois de janvier, cette femme de tête vient en effet de créer les Diana Ross Enterprises, Inc. Elle promeut alors le disque à Las Vegas, pénétrant sur la scène du Caesar’s Palace en manteau de fourrure blanche Aussi apprécié dans les discothèques que dans les radios, cet album voit son succès souligné par le retour de Ross au Cæsars Palace pour un superbe concert avec 50 musiciens, 13 chanteurs, 9 danseurs et un spectacle magnifique qui comprend entre autres l'arrivée de Diana Ross en manteau de fourrure blanche entourée de ses danseurs, dans la meilleure tradition américaine. Comme d'habitude, c'est l'impossible choix entre le marché pop et des spectacles luxueux réservés à un public choisi.

Néanmoins The Boss est un habile compromis entre les deux, un album de variété luxueuse proche du soul sans renier les apports des années 1970. La chanson la plus réussie est à cet égard I Ain't Been Licked, typiquement dans le style de Broadway dans son utilisation de l'orchestre mais rythmée et tonique, qui échappe aux pièges de l'easy listening. Diana Ross a d'ailleurs trouvé le juste milieu entre la variété adulte à la Dionne Warwick et le pop de discothèque à la Donna Summer. La tournée coûte cependant trop cher, tandis que Ross se rend compte que, quand elle est en concert à l'extérieur, elle doit payer le prix de son indépendance en acceptant que la Motown ne fasse pas le maximum pour promouvoir son album. En mars 1980 néanmoins, un disque promotionnel sera édité : c'est une entrevue de la chanteuse. Il vient peu après une compilation, classée n°2 en Angleterre et n°6 aux Pays-Bas (novembre 1979).

L’année suivante, le non moins superbe diana (orné d’un énigmatique d minuscule) est produit par Nile Rodgers et Bernard Edwards, anciens membres de Chic; disque platine, cet album sera classé n°2 des charts albums. Elle avait vu le groupe en concert en Californie sur l'insistance de ses filles et, voyant l'ampleur du raz-de-marée, avait décidé d'en faire ses réalisateurs artistiques.

Le premier simple, sorti en juin, l'envoûtant Upside Down, sera n°1 pop un mois, n°1 R&B un mois et n°1 disco cinq semaines à partir du 9 août. Il dépassera le million de ventes en devenant le quatrième instant million-seller de sa carrière solo. Le succès est international. Il sera suivi en août de l'hymne gay I'm Coming Out classé n°5 pop et n°6 R&B, de My Old Piano et de Tenderness.

Diana Ross s'éloigne définitivement du disco pour cet album réalisé avec soin qui la remet dans la course au moment où les divas du disco, ses grandes rivales comme Donna Summer ou Gloria Gaynor, s'essoufflent. L'album, même s'il est réalisé par Chic, n'est pas du Chic pur, comme le sont par exemple les deux derniers albums des Sister Sledge. Si Rodgers et Edwards pouvaient exercer leur tyrannie sur ces dernières, ils ne le pouvaient pas sur Ross. Celle-ci alla jusqu'à, au grand dam de Rodgers et Edwards remixer le disque avec Russ Terrana, mixeur de la Motown, afin qu'il ait un son moins Chic et plus Ross (une réédition européenne en CD de 1999 sera la première à l'annoncer sur la pochette). Le mix d’origine sera commercialisé en 2003 sur une édition spéciale de diana en deux CD.

Néanmoins, la Motown craignit l'échec pour ce vinyle: Chic n'était plus sur la pente ascendante et Diana Ross non plus. Ce sera cependant le plus important des albums de Ross en solo : le premier simple draina une quantité considérable d'acheteurs même s'il avait un côté comptine pour enfants « discoïsée » ; la promotion d'I'm Coming Out par les discothèques gay fera le reste (prophétie au moment même où la chanteuse s'émancipait de la Motown).

Au-delà d’Upside down devenue LA chanson de Ross, tout n’est cependant pas excellent dans cet album et on a des paroles souvent sans intérêt ou des phrases musicales répétitives. diana est un peu l’arbre qui cache la forêt : il est unanimement salué par tous car il est réalisé par Edwards et Rodgers, a eu un grand succès et contient Upside down ; cependant on peut se demander si cet album est aussi exceptionnel qu’on a coutume de le dire.

Dès lors, ses concerts se partageront harmonieusement entre dance music, standards du jazz et des comédies musicales de Broadway, et souvenirs de l’ère des Supremes. Elle incarne ainsi sur scène et tour à tour Bessie Smith, Ethel Waters, ou Josephine Baker. Quant à la Tamla-Motown, le label s’épuise à offrir de multiples versions (mise en abyme de remixes européens, américains, etc…) de chansons assez peu convaincantes, mais reines des pistes de danse.

Au printemps 1980, Diana Ross entame une romance avec l’Israélien Gene Simmons, leader de Kiss. Elle crée également son unité de management en propre, RTC Management (du prénom de ses trois filles, Rhonda, Tracee et Chudney), ainsi qu’une pléiade de sociétés en charge des concerts, des enregistrements, des produits dérivés comme le maquillage, ou de l’édition musicale. Les succès s’accumulent au fil des années : Upside Down, Endless Love  (1981) qui est composée par Lionel Richie, ou Muscles  (1982), offert par Michael Jackson.

En 1982 justement, Diana Ross quitte Motown pour RCA (pour un contrat de vingt millions de dollars considéré comme le plus lucratif de l’époque, mais d’autres labels suivront au fil des années). A la même période, elle chante l’hymne national lors du Super Bowl (finale du championnat de football américain, retransmise dans des centaines de millions de foyers). En 1983, Diana Ross crée une ligne de sous-vêtements de luxe et de vêtements de sport. En plein été, elle donne un concert gratuit et caritatif – une première pour elle – dans le Central Park de New York. Le parc est ravagé par une tempête durant la prestation de la chanteuse, ce qui n’a aucun rapport. Au mois de septembre 1984, elle perd sa mère à l’issue d’une interminable agonie. Elle se console en enregistrant un duo avec Julio Iglesias, puis en participant à une nouvelle opération caritative, le célébré USA for Africa

Le 23 octobre 1985, Diana Ross épouse l’armateur norvégien millionnaire Arne Naess Jr. En 1986, les Bee Gees lui permettent d’obtenir un nouveau n°1 en Grande-Bretagne, grâce à Chain Reaction. Le 7 octobre 1987, naît son fils Ross Arne Naess. Le 26 août 1988, son fils Evan Ross voit le jour. La même année, les Supremes entrent au Rock and Roll Hall of fame.

Son premier album complet, sorti en juin 1989, est Workin' Overtime, un album qui lorgne vers le style house et le hip-hop, inspiré d'après son interprète par tout ce qui passait à cette époque sur la chaîne de télévision Black Entertainment Television (BET). Cet album ne cadre pas avec son image, ni avec ses 45 ans (ce qui lui sera très souvent reproché), malgré une réalisation artistique chapeautée par Nile Rodgers, avec Christopher Max aux synthétiseurs, Shep Pettibone et Blaze aux remix.Les simples, de qualité, surtout en remix, sont Workin' Overtime, sorti en simple en avril, Paradise (à l'origine face 2 de This House, simple sorti en juillet) au mix signé Pettibone et Bottom Line. Peu en accord avec son image glamoureuse, ce vinyle aura peu de succès. L'album est commercialisé aux États-Unis sous le label Motown (l'autocollant sur le disque proclame que The 1st lady of Motown is back) ; pour l’Europe par contre, Ross est restée chez EMI (la maison-mère, le nom de Capitol ayant disparu des pochettes dès Red Hot Rhythm and Blues). Les deux disques contiennent les mêmes chansons mais Bottom Line, Take the Bitter With the Sweet et Keep on (Dancin') sont dans des versions différentes. La chanson Workin' Overtime existe en dix versions mais pour toutes les avoir, il faut avoir un certain nombre de disques.

Cette pratique détestablement commerciale s'installe dans la discographie de Ross et elle continuera sur cette lancée. Le retour à la Motown avec un album réalisé par Nile Rodgers (sur qui on comptait apparemment pour faire un autre diana) n’est donc pas un succès. Comme si on voulait marquer le lien avec diana et sous-entendre que les années chez RCA avaient été une parenthèse, Workin' Overtime et les simples Workin' Overtime puis Paradise identifient la chanteuse simplement comme Diana en utilisant pour son nom la même graphie que celle de l'album diana de 1980.

Les deux photos choisies pour illustrer l'album étonnent : on voit Ross en dreadlocks, habillée d'un blouson en cuir et d'un jean troué, des bottes de motard aux pieds. Cette photo en noir et blanc, cadrée serrée sur le recto de la pochette, est répétée sur le verso où on la voit intégralement. On est donc aux antipodes du glamour habituel et cela plaît moyennement à ses admirateurs. Cette photo est aussi utilisée pour le simple Workin' Overtime

Avec Red Hot Rhythm and Blues, au printemps 1987, Diana Ross fait un pas de plus dans la gestion de sa carrière puisqu'elle est dès lors producteur exécutif, à l'intérieur de l'Image Equity Management Inc. et de sa nouvelle marque Ross records. Le vinyle est composé de douze courtes chansons un peu rétro avec des reprises comme le très réussi There Goes my Baby (n°2 en 1959 pour les Drifters, repris entre autres par Donna Summer en 1984) ou Selfish One (chanté à l'origine par Jackie Ross en 1964). L'album publié par RCA ne contiendra que dix chansons et deux des reprises seront ôtées. Cet album marque ainsi pour Ross le début d'une fragmentation de ses produits selon les marchés, technique qui atteindra son plein régime lors de la décennie suivante.

Le premier simple (avril 1987) est le très soul-funk Dirty Looks, une de ses meilleures chansons, puis suivront en Angleterre Shockwaves, dans un remix de Shep Pettibone et Mr Lee remixé par Phil Harding. Cet album est la suite directe de Ross de 1983 et comme lui le réalisateur artistique principal est inhabituel : c'est « le meilleur ingénieur du son du monde », Tom Dowd, qui a réalisé des disques pour Aretha Franklin quand elle était chez Atlantic. Il lui concocte un véritable album R'n'B avec les swingants Shine (reprise des Simply Red, étonnant hommage de la diva de la Motown à ce groupe tirant son inspiration du R&B des années 1960) et Shockwaves, ou les enveloppants slows Summertime (écrit par Leonard Cohen et mis en musique par Sharon Robinson) et Tell Me Again (second simple sorti en juillet aux États-Unis).

Avec cet album, Ross arrive à faire une synthèse entre les grands classiques de son adolescence, l’intemporalité de Leonard Cohen, le néo-soul de Simply Red ou de Luther Vandross et la musique dansante (Dirty Looks est écrite par Richard Scher et Lotti Golden qui s’étaient illustrés avec I Specialize in Love n°2 dance pour Sharon Brown en 1982). Les résultats commerciaux sont cependant mitigés : Dirty Looks se classe n°12 R&B, n°41 en ventes de maxis et n°49 en Angleterre, Mr Lee, troisième simple anglais, se classe n°58 en Angleterre (octobre 1988) et l'album n°73 aux États-Unis, n°47 en Angleterre, n°33 aux Pays-Bas et n°12 en Suède. Le disque est accompagné le 20 mai 1987 d'une émission télévisée intitulée Red Hot r'n'b, avec des invités comme Etta James. L'émission produite par Ross gagne d'ailleurs deux Emmy Awards (costumes et éclairages).

Le superbe Red Hot Rhythm and Blues sera le dernier album de Ross pour RCA et se pose l'inévitable question du bilan. Les grands noms de RCA sont à l'époque des chanteurs de pop-rock comme Daryl Hall et John Oates ou les Eurythmics, ceci sans parler de la mine d'or Elvis Presley qui sous un certain angle n'a jamais été que le seul chanteur auquel RCA ait semblé vraiment s'intéresser. De plus le label sera vendu à BMG en 1986. La « reine » de la Motown, si elle pouvait faire ce qu'elle voulait, vivait cependant sur sa réputation précédente et on ne sent pas de direction très claire dans la politique de la maison de disques.

En 1994, le 2 février, elle est faite Commandeur des Arts et Lettres par le Ministre de la Culture français. Et c’est au MIDEM de Cannes qu’elle reçoit un Award pour l’ensemble de sa carrière. En 1996, c’est elle que les organisateurs du Super Bowl choisissent pour animer la mi-temps de l’épreuve. La même année, son frère le compositeur Arthur T. Boy Ross est assassiné à Detroit.

En 1999, son single Every Day Is a New Day ne bénéficie que d’un classement modeste dans les charts. Diana Ross envisage alors une reformation des Supremes en compagnie de Mary Wilson : le projet avorte. Le 23 septembre de la même année, elle est accusée d’avoir agressé le vigile d’un aéroport (qu’elle accuse, elle, de main baladeuse au passage sous le détecteur de métaux).

Le 12 février 2000, elle divorce d’avec Arnes Naess Jr (il décède quatre années plus tard d’un accident d’alpinisme). La même année, elle est honorée par l’Académie des Arts et Sciences. En 2001, dix jours après les attentats du 11 Septembre, Diana Ross chante God Bless America  au Shea Stadium de New York. En 2002, la chanteuse est arrêtée à Tucson (Arizona), pour conduite sous l’emprise de stupéfiants. Elle est condamnée à deux jours de prison et un an de mise à l’épreuve. Le 20 novembre 2007, le père de Diana Ross décède à l’âge de 87 ans. Ce soir, Diana Ross chante quelque part dans le monde.

Sur Hollywood Boulevard, existent deux étoiles au nom de Diana Ross : l’une en tant que membre des Supremes, l’autre pour sa carrière solo. Beaucoup d’honneurs pour une chanteuse qui, à l’instar de Linda Ronstadt ou Barbra Streisand, n’a jamais composé la moindre chanson ? Ou la juste reconnaissance d’une artiste émérite qui se rêvait plus grande interprète féminine de tous les temps et qui, d’un point de vue strictement comptable, y est parvenue ? Et comment marcher sans sourciller sur le souvenir d’une femme qui a su prendre sa carrière en main, jusque dans les moindres détails, en affichant, en guise de protection, ce faciès hautain et cette froide beauté qui l’ont tant desservie ?

Diana Ross était une amie proche et de longue date de Michael Jackson, ils avaient entre autres partagés l'affiche du film The Wizen en 1978. Ainsi, Michael déclare dans son autobiographie Moonwalk (rééditée le 13 août) que Diana est pour lui "une mère, une amante et une sœur" puis il ajoute à propos du mariage de la chanteuse : "Je dois admettre que ça m'a fait mal et que j'ai été jaloux parce que j'ai toujours aimé Diana Ross et je l'aimerai toujours".

Michael avait d'ailleurs dédicassé la chanson Remember the time de son album Dangerous à Diana. Diana Ross a été désignée par Michael Jackson pour s'occuper de ses enfants si jamais sa mère Katherine Jackson ne pouvait pas le faire.

Lors de l'hommage rendu au chanteur le 7 juillet 2009 au Staples Center, Diana Ross avait été invitée à parler de son ami; cependant elle n'est pas venue; elle s'explique dans une lettre lue par Smokey Robinson où elle écrit: "C'est trop soudain et trop choquant! Je suis incapable de m'imaginer que c'est vrai. Mon coeur saigne et souffre." Elle qualifie Michael comme "son petit amour". Comme d'autre amis proche de Michael, dont Elizabeth Taylor ou Quincy Jones, Diana Ross a déclaré vouloir rester seule avec son chagrin après la disparition soudaine de Michael Jackson. Elle se justifie aini : « Je veux que vous sachiez que même si je ne suis pas là, mon coeur y est. J’ai décidé de faire une pause et de demeurer silencieuse. »