Né, en 1929, dans une famille aisée de
Neuilly sur Seine, rien ne prédisposait Hugues Aufray à la chanson.
Après des études secondaires au collège Dominicain de Sorèze (Tarn), il passe
son bac au lycée français de Madrid et monte à Paris avec l'intention d'entrer
à l'Ecole des Beaux-Arts. Face à des problèmes financiers, il doit renoncer à
ce "rêve" et pour survivre, chante dans les rues puis dans les
cabarets du Quartier Latin. Il chantera ainsi plusieurs années sans le réel
objectif de faire carrière. Son répertoire est alors composé de chansons
folkloriques. Il sera le précurseur d'une mode, introduisant les sons et les
rythmes latino-américains dans un bar du Quartier Latin, rue Monsieur Le
Prince, en jouant avec plusieurs groupes, dont le célèbre Los Incas.
Il obtiendra dès cette époque un véritable succès, attirant dans les cabarets
qu'il anime, des personnalités et des stars du monde entier.
En 1958, dans une veine Rive Gauche légèrement
jazzy, il remporte avec le Poinçonneur des lilas,
écrit par un compositeur encore inconnu, Serge Gainsbourg, le tremplin les
Numéros 1 de demain, organisé par Europe 1, et peut ainsi enregistrer son
premier disque chez Barclay, dont l’un des titres plein de nostalgie, Y’avait Fanny devient la chanson fétiche des appelés
du contingent en Algérie.
Il grave son premier 45-tours en mars 1959
en reprenant ces deux titres complétés de Mes petites
odalisques de Serge Gainsbourg et Nous
avions vingt ans de Boris Vian. En 59 également, Maurice Chevalier
l’engage pour assurer la première partie de sa tournée américaine. Le véritable
penchant de Hugues pour la musique folk n’apparaîtra que quelques mois plus
tard, via San Miguel ou encore Ses baisers me grisaient.
En 1962, Hugues enregistre Santiano et accède à la notoriété, titre devenu
depuis un classique de la chanson feu de camp. Inspirée d’une chanson de
marins, la mélodie est totalement à contre-courant de la vague yé-yé qui balaie
la France. Aufray propose une musique entre folk et country qu’il n’hésite pas
à teinter de traditionnel. Cette façon de procéder plaît, et il enchaîne au
cœur des années soixante les succès que sont Dès que
le printemps revient, Guidez mes pas, Céline, Des jonquilles aux
derniers lilas, Les crayons de couleur.
Il fait découvrir en France Bob Dylan,
avec l’aide de Pierre Delanoë, qui se charge des traductions. Ses adaptations
se retrouvent sur un album où l’on trouve notamment La
fille du Nord, Ce que je veux surtout, Les temps changent. Pour le trentième anniversaire de
cet album, il ré-enregistre les douze chansons de ce disque historique, et pour
rendre hommage à ce grand poète qui a marqué plusieurs générations, Hugues
traduit treize nouveaux titres choisis parmi les plus célèbres chansons de Dylan.
L'album hommage s'appelle Aufray trans Dylan parce que, comme dit Huges,
on ne traduit pas Dylan, on peut essayer de le transmettre.
Ecologiste avant l'heure, il sera le leader
d'un courant de pensée et d'une façon de vivre qui s'épanouiront en 1968. A
l'Elysée, il est l'invité du Général de Gaulle qui souhaite rencontrer ce
"Troubadour" à l'esprit contradictoire, à la fois progressiste et
conservateur, imprégné de positivisme et de tolérance. Ses chansons vont entrer
sans les écoles maternelles et les manuels d'écoles primaires. Elles font les
belles soirées des colonies de vacances, des feux de camp et des campus
universitaires.
Dans les années 70, Hugues semble
s'éloigner du show business, préferant se consacrer à sa ferme en Ardèche (il
sera honoré de la médaille du mérite agricole) pour oublier la mésaventure de la
Compagnie, son propre label. Il donne toutefois de nombreux concerts au
profit de causes humanitaires. Il apporte son soutien au Père Jaouen et à la
lutte contre la drogue Hasta Luego, compose Tendez lui la main pour le Comité Français contre la
faim, organise deux concerts à l'Olympia pour faire connaître la Mucoviscidose.
Mais il faudra attendre presque deux décennies pour le voir revenir au premier
plan.
Une première compilation paraît en 1990, La terre est belle, suivie d'une exposition de
ses peintures. En décembre 1991, il se produit à l'Olympia; l'année suivante il
organise un spectacle équestre pour le cadre noir de Saumur. En mars 1999, dans
A chacun sa mer, marqué par une incursion
dans les musiques celtique et hispanique, Hugues Aufray chante la mer , la
paix, le mal de vivre et l'espérance.