Francis Cabrel
Mousquetaire
de la chanson française, influencé par Bob Dylan et le country rock, Francis
Cabrel symbolise avec Jean-Jacques Goldman, l'esprit américain de la musique
française des années 80. Avec l'accent chantant de son sud-ouest natal, l'homme
d'Astaffort a insufflé une fraîcheur certaine à la chanson française, grâce
à ses mélodies, sa guitare et sa tendresse.
Les murs de
poussière |
Les chemins
de Traverse |
Fragile |
Carte
Postale |
Quelqu'un
de l'intérieur |
Photos de
voyage |
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1977 CD |
1979 CD |
1980 CD |
1981 CD |
1983 CD |
1985 CD |
Né le 23 novembre 1953 à Agen, préfecture du Lot-et-Garonne dans
le sud de la France, le jeune Francis grandit à Astaffort, près de Toulouse, dans
une famille originaire de Frioul en Italie. Son père est ouvrier dans une usine
de gâteaux et sa mère, caissière dans une cafétéria. Il a une sœur, Martine et
un jeune frère, Philippe. Le milieu
modeste dans lequel il vit ne l'empêche pas de profiter d'un environnement
tranquille : entre l'ancienne maison de famille et l'école, il fréquente les
terrains de boules et pratique la pêche à la ligne. Francis Cabrel, adolescent
timide, fait la découverte musicale qui changera sans doute sa destinée : Bob Dylan
et le célèbre morceau Like a rolling stone. Influence majeure pour celui qui dira plus tard que sa guitare
lui permettait de se rendre plus intéressant aux yeux des autres.
Sarbacane |
Un samedi
soir |
Hors saison
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Les beaux
dégats |
Des roses
et des orties |
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1988 CD |
1994 CD |
1999 CD |
2004 CD |
2008 CD |
Très tôt, il commence à composer des chansons. A l'âge de 16
ans, il sait que la musique représente plus qu'un simple divertissement pour
lui. Il chante les chansons de Neil Young, Leonard Cohen et
évidemment Bob Dylan, apprenant ainsi l'anglais en traduisant les
paroles. Après la classe de première, il est renvoyé du lycée d'Agen pour cause
d'indiscipline. Il se retrouve à travailler dans un magasin de chaussures.
Parallèlement,
il joue dans les bals locaux avec un groupe, Ray Frank et les Jazzmen
qui deviendront plus tard les Gaulois, à cause des moustaches que chacun
arborait. A cette époque, Francis Cabrel est un grand jeune homme, au
look hippie, cheveux longs et moustaches qui lui cachent quelque peu le visage.
A l'automne 74, il participe à un concours de chanson de Sud
Radio durant lequel se succèdent des candidats devant un jury composé entre
autres de Daniel et Richard Seff. Il se retrouve en finale avec la chanson Petite Marie, dédiée à sa femme Mariette.
Finalement il gagne le concours avec 2 000 francs à la clé. Mais en fait, les
frères Seff ont leur entrée dans la firme CBS. Ce n'est qu'en 77 à la faveur de
la campagne de la Nouvelle Chanson Française de la maison de disques, que
Francis Cabrel sort son premier disque, Ma ville. Les mélodies sont déjà belles, mais le résultat est un peu
lourd. En effet, il a le sentiment que CBS ne le laisse pas réellement exprimer
sa propre personnalité. Pour preuve, on trouve ici une version de Petite Marie sur laquelle la maison de
disques a tenté de gommer l'accent particulier du chanteur, version qu'il renie
actuellement. Il fait même l'Olympia en première partie de Dave durant
un mois et gagne le prix du Public au Festival de Spa en Belgique en 78.
Un an plus tard, un peu plus rôdé à la production discographique,
et sans doute un peu plus mature au niveau musical, il sort un nouvel album Les Chemins de traverse qui le
conduit vers le succès. Le titre qui le propulse réellement s'intitule Je l'aime à mourir, qui devient immédiatement un
classique de la chanson française avec deux millions de 45T écoulés. Cette
mélodie au charme évident dénote un peu au milieu de la vague disco de ces
années-là mais démontre aussi que Francis Cabrel fait preuve dorénavant d'un
talent sûr comme auteur-compositeur. Avec la vente de quelques 500.000
exemplaires de cet album, la vie du chanteur est chamboulée. De personne
anonyme, il devient star nationale.
En 1980, sort le troisième album de l'artiste Fragile. Chanteur confirmé, il écrit
à cette occasion une belle chanson d'amour pleine de délicatesse, L'Encre de tes yeux. Elle devient un grand succès
et révèle un artiste sensible que le grand public apprécie de plus en plus. Le
second simple qui s'intitule La Dame de Haute-Savoie est une
ballade rythm'n'blues. Il y introduit la guitare électrique qui jusque-là était
supplantée dans ses compositions par la guitare acoustique, plus propice à des
climats intimistes. Cet homme paisible au look de mousquetaire, se sent un peu
écartelé entre sa région d'origine et la vie parisienne. En 1981, il sort un
nouvel album Carte postale. Entre nostalgie de sa province et de la vie qu'on peut y
mener, et dénonciation de l'agressivité urbaine, les titres Carte postale, Répondez-moi et Chauffard donnent un aperçu de l'état
d'esprit de Francis Cabrel après quelques années de succès et de bouleversement
intérieur.
Son cinquième album marque en apparence, une certaine évolution
dans sa carrière. Sur la pochette de Quelqu'un de
l'intérieur qui date de 83, Francis Cabrel
coupe ses cheveux. Dans ces textes, il
quitte un peu son univers personnel et paraît s'intéresser à ce qui se passe à
l'extérieur : préoccupation face à la détresse des immigrés dans Saïd et Mohamed, dénonciation d'un certain
machisme dans Leïla et les chasseurs ou, hommage à une culture occitane méconnue. Les disques de
Francis Cabrel sortiront dorénavant à un rythme régulier.
En
1985, c'est Photos de voyage écrit dans la même veine que le précédent album. Il s'engage
pourtant un peu plus qu'il ne le faisait jusque-là : dénonciation du racisme
ordinaire dans le titre Gitans, de la dissidence en URSS dans Lisa ou la pauvreté dans le tiers-monde dans Photos de voyage. Sans être devenu un militant
des grandes causes, il prend de plus en plus parti. En même temps, fort de sa
notoriété, il commence à envisager une activité artistique moins prolifique,
voire même un arrêt total. Pourtant, à l'occasion du baptême de sa fille
Aurélie, il écrit une chanson intitulée Il faudra leur
dire : destinée à être chantée par des enfants, les
paroles sont simples. La première mouture accompagne un court métrage sur la
leucémie et est interprétée par les enfants d'Astaffort.
Dépassant largement la notoriété du film, Francis Cabrel la
réenregistre dans de meilleures conditions avec la Chorale des Enfants
d'Asnières. Durant plusieurs semaines, elle est en tête du Top 50 français avec
ce simple.
Trois ans passent avant que ne sorte un nouvel album : Sarbacane est un disque longuement
mûri. Tout a été pensé dans le détail,
l'artiste a même fait les arrangements et enregistré une partie dans le studio
qu'il s'est aménagé chez lui. C'est sans doute, jusque-là, l'œuvre la plus
aboutie du chanteur. Le public ne s'y trompe pas : les chiffres de vente
approcheront les deux millions d'exemplaires vendus sans compter les 45 T Sarbacane dédié
à sa fille et C'est écrit. L'emploi du temps de Francis Cabrel s'emballe un peu à ce
moment-là : interviews de télévision et de radio, signatures, et déplacements
constituent un passage obligé pour celui qui est devenu une des plus grandes
stars de la variété française.
De plus, avec les musiciens qui l'accompagnent depuis un certain
temps, Gérard Bikialo aux claviers, Denys Lable à la guitare, ou Bernard
Paganotti à la basse, il prépare une tournée dans toute la France et le
Zénith pendant plusieurs jours à Paris. Il participe aussi à des œuvres
humanitaires en chantant lors de la soirée des Enfoirés (pour les Restos du
Cœur, association caritative initiée par le comique français, Coluche)
ou sur le disques de Sol En Si (Solidarité Enfant Sida) ou de Urgence, destinés à
collecter des fonds pour la lutte contre le sida. En 1990, il s'offre avec le
chanteur Dick Rivers une mini-tournée suivie de quelques dates au Bataclan.
Pour leur propre plaisir et celui du public, ils reprennent des standards du
rock'n'roll américain. Cet intermède, donné sans publicité, permet à Cabrel de
retrouver un peu de sa tranquillité et de se rapprocher des spectateurs.
En 1991, après plusieurs mois de tournées qui
l'ont menées du Québec à l'Amérique du Sud en passant par l'Europe, il sort un
triple album live D'une ombre à l'autre,
soit 43 titres dont des versions acoustiques des titres les plus célèbres.
Cette année-là voit aussi la naissance de sa seconde fille, Manon. Loin de la pression habituelle des
maisons de disques, la gestation de l'album suivant est très longue. En effet,
ce n'est qu'en 94 que Un samedi soir sur la terre est publié. Huitième album très attendu, après le succès
phénoménal du précédent, Francis Cabrel cisèle des chansons sur le ton de la
chronique. L'écriture a gagné en précision et en expressivité. Le premier
simple s'intitule Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai vingt ans après Petite Marie. Il est suivi de La Cabane du
pêcheur. Mais un
des titres les plus marquant de cet album est Corrida, dénonciation nuancée mais réelle de la barbarie de cette
pratique. Musicalement, il n'y a pas de changement radical, les musiciens sont
quasiment les mêmes et la guitare est le principal instrument de la galaxie
Cabrel.
Dans la logique du métier, il enchaîne à la suite de la sortie
du disque une tournée et une série de concerts à Paris qu'il va décliner
suivant trois formules à trois endroits différents : Théâtre des
Champs-Elysées, Olympia et Zénith. En février 95, l'album reçoit une Victoire
de la Musique (France) comme meilleur album de l'année 94. Francis Cabrel
reçoit aussi le Trophée RFI/Conseil de la Francophonie pour la chanson Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai.
Avare de mots, cet homme tranquille aspire à une vie tranquille
avec sa femme et ses deux filles. Pourtant, il s'engage dans des activités qui
le mettent plus ou moins en avant : devenu conseiller municipal de sa ville
d'Astaffort, il s'occupe de la vie culturelle de celle-ci. Il parraine ainsi
les Rencontres d'Astaffort, qui depuis 88, rassemblent de jeunes
auteurs-compositeurs-interprètes venus apprendre le métier au contact d'une
équipe de professionnels. En outre, il monte un label, Cargo, en 95 avec
Charles Talar. Les deux artistes signés sont Vincent Baguian et Michel
Françoise. En 1997, il participe à la tournée Sol En Si, avec entre
autres Maurane, Jonasz ou Maxime Le Forestier. Ses
apparitions font toujours le bonheur de son public car celui-ci sait que ses prochains
albums seront sans doute de plus en plus espacés.
Un
livre de photos de l'artiste, faites par Claude Gassian, Hors Saison,
paraît cette même année. Un CD est donné en bonus de ce livre : il s'agit d'un
duo en espagnol Vengo a ofrecer mi corazon avec
la chanteuse argentine Mercedes Sosa. Devant l'engouement des radios
pour ce titre, qui fut enregistré durant les Francofolies de Buenos Aires,
Francis Cabrel décide de le sortir en simple. Il faut dire que ce n'est pas la
première fois qu'il propose un disque dans cette langue. Au moment de la sortie
de Sarbacane, un album entier avait été
enregistré en espagnol, reprenant aussi des succès plus anciens.
Le
30 mars 99, c'est un nouveau CD que le chanteur présente à son public, le premier
depuis cinq ans. Nommé Hors Saison, ce disque est concocté avec la même équipe que pour les deux
albums précédents : Manu Katché, Gérard Bikialo, Bernard Paganotti. L'ouvrage
est dans la plus pure tradition du répertoire de Cabrel, et est lancé dans les
médias avec un premier extrait Presque rien. Un an plus tard, l'album est disque de diamants (1 million
d'exemplaires vendus). Francis Cabrel démarre une nouvelle tournée par un
premier rodage au Zénith de Caen. Puis il enchaîne sur une longue escale à
l'Olympia de Paris du 28 septembre au 9 octobre, suivie dix jours plus tard
d'un passage au Zénith. Le décor est minimaliste et les musiciens au nombre de
huit. La première partie est assurée par la Québécoise Isabelle Boulay
qui revient pour un duo avec le chanteur en milieu de concert. La tournée se
termine en décembre. En 2000, un triple album enregistré en public, Double tour, se fait l'écho de cette
tournée à la fois acoustique et électrique. Parallèlement, il participe en
janvier à la première tournée des Enfoirés au profit des Restaurants
du cœur. Idem l'année suivante.
En 2002, Francis Cabrel
décide de faire " monter " à Paris les " Rencontres musicales
d’Astaffort " afin de leur procurer une meilleure visibilité médiatique.
Créées à son initiative en 1995, les " Rencontres " se déroulent deux
fois par an dans une ancienne école d’Astaffort et réunissent pendant une
semaine de jeunes auteurs-compositeurs-interprétes désireux de s’améliorer au
contact de professionnels de la chanson. Chaque session se termine par une
concert dont la première partie est assurée par les stagiaires eux-mêmes,
tandis que la seconde partie est l’œuvre d’un artiste de renom. C’est sur ce
modèle que ce sont déroulées " Les Rencontres d’Astaffort à Paris "
le 24 Juin au Casino de Paris, Cabrel assurant lui-même la seconde partie.
L’expérience qui s’est révélée particulièrement encourageante sera renouvelée
en 2003.
Ecriture et enregistrement
du nouvel album, Les Beaux Dégâts dont
la sortie est effectuée le 17 mai 2004.