Johnny Hallyday
Difficile, avec Johnny,
de ne pas tomber dans le cliché. En France, il est une star. Sa longévité en
étonne plus d'un, si l'on se réfère au caractère peu original de son
répertoire. Oui mais voilà: si, outre-Atlantique, il existe des centaines de
rockers plus intéressants, Johnny est le seul vrai rocker frenchy. Le seul,
surtout, à tenir la scène (et son public) avec la hargne et la passion qui sont
le propre du rock. Alors, Johnny produit d'importation ? Bien sûr. Mais il en
fallait un, et on ne pouvait trouver mieux.
Anthologie
60-63 |
Johnny,
Reviens |
Hallelujah |
Jeune Homme |
Génération
Perdue |
Johnny |
|
|
|
|
|
|
1963 CD |
1964 CD |
1965 CD |
1966 CD |
1966 CD |
1967 CD |
Jean-Philippe, de son
vrai prénom, naît le 15 juin 1943 de Huguette et Léon Smet à la Cité
Malesherbes à Paris. Malheureusement, quelques mois plus tard, ses parents se
séparent et l'enfant est recueilli par sa tante, Hélène Mar, sœur de Léon. Dès
1944, ils partent en tournée car les deux filles d'Hélène, Desta et Menen sont
danseuses. Bringuebalé de salles de théâtre en hôtels modestes, le jeune
Jean-Philippe est un enfant solitaire, sans copain à cause des voyages
incessants. Il prend des cours par correspondance que lui paie sa tante. Enfant
de la balle, il suit au début des années 50, des cours de danse et apprend la
guitare. Son entourage lui trouve des petits rôles dans des films
publicitaires. Dès l'âge de 9 ans, il monte sur scène pendant que sa cousine
Desta et l'ami de celle-ci, Lee Halliday changent de costumes. A Copenhague, on
le voit chanter la Ballade
de Davy Crockett.
En 57, c'est le retour à
Paris, dans le quartier de la Trinité. Jean-Philippe se passionne pour le
cinéma américain et rêve de devenir comédien. Sa famille l'encourage et lui
fait suivre des cours d'art dramatique et de chant. En 57, il assiste à la
projection du film Lovin' you avec Elvis Presley. C'est la
révélation. Il sera chanteur de rock'n'roll. La fin des années 50 est marquée
par sa fréquentation assidue du Golf Drouot, célèbre salle parisienne de
l'époque, où se réunissent tous les jeunes, amoureux du rock'n'roll. Jean-Philippe
y chante des chansons de Presley pour ses copains. C'est le temps des premières
auditions et des premiers engagements, qui parfois d'ailleurs, tournent court.
Le 30 décembre 59, il
participe à l'émission télévisée Paris-Cocktail, et se voit programmer
au côté de Colette Renard. A la suite de ce passage, Jacques Wolfsohn,
directeur artistique chez Vogue l'engage immédiatement. En mars 60, sort le
premier disque de Johnny Hallyday (pseudonyme emprunté à l'ami de sa cousine,
Lee Halliday). C'est un quatre titres avec notamment T'aimer
follement reprise de Dalida. En juin, sort le second disque, Souvenirs souvenirs, son premier tube. En septembre,
il fait sa première grande salle en se produisant à l'Alhambra à Paris en
première partie de l'humoriste Raymond Devos. Les copains du Golf Drouot
sont venus le soutenir, l'ambiance est au rendez-vous! Surtout quand le jeune
homme se roule par terre, ce qui ne s'était jusque là jamais vu en France.
Début 61, il sort un
premier 33 tours intitulé Hello ! Johnny.
En février, il triomphe au Palais des Sports durant le premier Festival du
rock, organisé par Vogue. Johnny Stark devient son imprésario. Hallyday est
alors un véritable phénomène. Il quitte Vogue pour Philips durant l'été. Il
vient d'avoir dix-huit ans et opte pour la nationalité française car il était
jusque là belge par son père. A la mi-septembre, il entreprend une mini-tournée
pour rôder le spectacle qu'il donna du 20 septembre au 9 octobre à l'Olympia à
Paris, en vedette. Il en profite pour lancer la dernière mode venue
d'outre-Atlantique, le Twist. A l'automne, il sort d'ailleurs un 45 tours en
français et en anglais, Viens danser le twist.
A la fin de l'année, paraît le premier 33 tours Philips Salut les Copains. Sacré "Idole des
jeunes", il donne un concert de charité sur le paquebot France en présence
de Jackie Kennedy. En juillet et août, Hallyday entreprend une vaste tournée en
France, marquée par de nombreuses émeutes et dégradations en tout genre de la
part de ses fans. On parle souvent d'hystérie collective pour définir la
tournure que prennent ses concerts. Cette année-là, sort justement le 45 tours l'Idole des jeunes. Du 25 octobre au 12 novembre, il
monte pour la seconde fois sur les planches de l'Olympia, avec en particulier
la création du ballet qui conclut la chanson la
Bagarre.
En
63, il enregistre l'album les Bras en croix et le tube Da
dou ron ron. Il participe aussi au
tournage du film D'où viens-tu Johnny ? de Noël Coward avec Sylvie
Vartan qu'il avait déjà rencontré auparavant et qui deviendra bientôt sa
compagne. Mais l'événement majeur de l'année reste le grand concert donné sur
la place de la Nation à Paris, pour le premier anniversaire du mensuel
"Salut les Copains". Cent cinquante mille jeunes gens envahissent les
lieux pour voir leur idole. Le rassemblement confine à l'hystérie. La
génération "Yéyé" est née. En septembre, il part aux Etats-Unis avec
Sylvie Vartan et en profite pour enregistrer Pour moi
la vie va commencer à Nashville, Tennessee, capitale de la Country.
Le 8 mai 64, Johnny
Hallyday incorpore le quarante troisième Régiment d'Infanterie d'Offenbourg en
Allemagne. Son image publique en sort grandie. Il deviendrait presque un jeune
homme respectable, impression confirmée par son mariage avec Sylvie le 12 avril
65. Le 18 novembre, rendu à la vie civile, il se produit à nouveau à l'Olympia,
où il ne rencontre pas le succès attendu. A la fin de cette année, sort un
nouvel album intitulé Johnny chante Hallyday.
Son ascension fulgurante dans cette première partie de la décennie fait de lui
une véritable star. Pourtant la vague Yéyé passée, le chanteur se sent un peu
abandonné par une partie du public, parti explorer d'autres musiques que
proposent par exemple, Bob Dylan ou les Beatles.
En France, il est même
malmené par l'agitateur Antoine qui veut "mettre Johnny en cage à
Medrano" dans ses Elucubrations. Johnny
lui répond en sortant un 45 tours Cheveux longs idées
courtes. Le 10 septembre, véritablement
déprimé, il tente de mettre fin à ses jours. Un peu plus tard, il sort Noir c'est noir, qui
rend compte de l'été dépressif dans lequel il était. Pourtant un heureux
événement aurait dû le réconforter : la naissance de son fils David le 14 août
1966 pour laquelle il revient en urgence d'une tournée en Italie pour repartir
le soir même . Tous ces titres se retrouvent sur l'album La génération perdue.
Le début de l'année 67
voit sa participation au rallye de Monte Carlo. En février, il enregistre la
version française de Hey Joe de Jimi Hendrix,
guitariste et chanteur américain que Johnny a contribué à faire connaître en
France. Du 15 mars au 16 avril, il triomphe une nouvelle fois à l'Olympia en
compagnie de Sylvie Vartan. Le couple entreprend ensuite une tournée en
Amérique du Sud. Une fois rentrés en France, un nouvel enregistrement est
programmé : l'album Johnny.67 sort en
juillet avec la version française de Love me tender
d'Elvis Presley, devenue Amour d'été. Ce
titre est coloré "soul music" conformément au nouveau tournant qu'a pris
récemment Hallyday. En s'adjoignant le talent et la compétence d'arrangeurs
anglais, il semble aborder une musique plus punchy où les cuivres viennent
soutenir sa voix profonde et puissante. En octobre, il tourne un nouveau film
avec Eddie Constantine, A tout casser de John Berry, dont il chante le
titre phare. On entend la guitare de Jimmy Page (qui appartiendra plus
tard au célèbre groupe anglais, Led Zeppelin) ce qui augure sans doute
un rock plus dur. Puis, il entreprend une tournée en France à la fin de
l'année.
Au début de l'année 68,
il part en tournée sur le continent américain. Fin juin, Johnny sort un nouvel
album Jeune Homme. Cette fois, il adapte
en français un nouveau titre de Presley Loving you
transformé en La vie à t'aimer. Le 20 octobre
de la même année, commence une tournée en Afrique et notamment à Johannesburg
en Afrique du Sud où il se casse un pied en tombant dans la fosse d'orchestre.
Il poursuit tout de même sa tournée, la jambe dans le plâtre. Du 26 avril au 4
mai 69, Hallyday s'installe au Palais des Sports à Paris pour seize concerts
donnés à guichets fermés. Dans une ambiance psychédélique, il donne un
spectacle grandiose avec à la guitare Micky Jones et à la batterie, Tommy
Brown, tout deux issus des célèbres Blackbirds. Jean-Claude Vannier
quant à lui, dirige un orchestre de dix-sept musiciens. Les délires de mise en
scène et la prestation du chanteur sont autant d'éléments qui permettent de
construire une légende.
Après ce triomphe, en
mai 69, sort Je suis né dans la rue,
album très personnel où le parolier Long Chris permet à Hallyday de
donner libre cours à la rage qui l'habite comme dans Rivière
ouvre ton lit. Mais un super 45 tours sorti en marge de l'album devient
lui, un véritable tube, il s'agit de Que je t'aime.
Puis il entreprend une série de concerts au Canada, juste avant l'été. La fin
de l'année sera essentiellement consacrée au cinéma.
Rivière…
ouvre ton lit |
Flagrant
délit |
La Terre
promise |
A partir de
maintenant |
Entre
violence et violon |
Rock’n’roll
Attitude |
Ala vie, à
,la mort |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1969 CD |
1971 CD |
1975 CD |
1980 CD |
1983 CD |
1985 CD |
2002
CD |
|
La décennie suivante
s'ouvre sur un événement privé assez grave : en effet, en février, il est
victime avec sa femme, d'un grave accident de voiture. Sylvie subit une
opération. Mais toujours prêt à repartir et fort d'une énergie sans limite, il
remonte sur les planches dès le 21 mars pour un concert exceptionnel au Golf
Drouot, donné pour les membres de son fan club. Un mois plus tard, sort le 45
tours Jésus Christ (est un hippie) signé du
romancier et journaliste, Philippe Labro. Hallyday montre toujours
autant d'empressement après dix ans de carrière et d'expérience, à profiter des
vagues musicales successives, même si cela donne des morceaux trop marqués dans
le temps. L'année suivante, après une grande tournée, filmée par François
Reichenbach pour les besoins du film J'ai tout donné, Johnny
Hallyday sort un nouvel opus Flagrant délit
qui a été enregistré à Londres. Il y chante mieux que jamais, comme s'il avait
atteint une certaine maturité dans son métier d'interprète. Cet album est
surtout porté par le hit Oh ma jolie Sarah,
reconnaissable rapidement par son riff d'introduction. Au mieux de sa forme, il
se produit au Palais des Sports du 26 octobre au 14 septembre dans un show
baptisé Pollution, avec Michel Polnareff au piano, qui l'a
rejoint dans la cour des grands. Un double disque live sortira un peu plus
tard. Toujours en 71, le cinéma le rappelle pour jouer son propre rôle dans L'aventure
c'est l'aventure de Claude Lelouch avec des partenaires aussi doués que Lino
Ventura et Jacques Brel. Johnny interprète d'ailleurs la chanson du
générique.
A l'aube de la
trentaine, la machine Hallyday fonctionne à merveille. La tournée de l'été 1972
ressemble étrangement à celle d'un grand cirque, le Johnny Circus. En
effet, il parcourt les routes de France avec une caravane, une Rolls blanche,
des manèges, un chapiteau et un podium. L'expérience s'avère être un véritable
gouffre financier… Cette vie tumultueuse n'est pas sans poser des problèmes
dans les relations du couple. Après un an de séparation avec Sylvie, ils
décident tous deux de reprendre la vie commune. J'ai
un problème est le duo qui vient renforcer leur lien, produisant au
passage le véritable tube de l'été 73. Quelques semaines auparavant, il avait
sorti un album intitulé Insolitudes avec
l'incontournable tube Toute la musique que j'aime
signé Michel Mallory. Le 15 juin, il donnait un concert à l'Olympia à Paris
pour aider Bruno Coquatrix, le directeur à renflouer ses caisses. L'année 74
est employée à tourner en Amérique du Sud et en France. Une randonnée moto en
Amérique du Nord dans la Vallée de la Mort ponctue cette vie d'artiste, la moto
étant un loisir que le chanteur pratiquera de plus en plus. Il en profite pour
voir le spectacle du King Elvis à Las Vegas. De plus, en septembre sort l'album
Rock'n slow suivi d'un 45 tours en
octobre Johnny Rider.
Fortement marqué par la
prestation de Presley et désireux de renouer avec les racines du rock, il
s'embarque avec Long Chris et Michel Mallory pour une session d'enregistrement
à Memphis en janvier 75. Quelques standards de la musique américaine sont
adaptés en français par les deux paroliers. Cela donne entre autres, La fille de l'été dernier d'après Eddie Cochran
ou Dégage d'après Little Richard. Rock à Memphis sort en mai suivi en septembre
d'un autre album, la Terre promise.
Après des ennuis avec le
fisc qui lui réclame cent millions de francs d'arriérés, Johnny se sent quelque
peu amer et décide de quitter la France. Il s'installe à Los Angeles avec
Sylvie et leur fils. Le rythme de sortie de ses disques ne s'en trouve pourtant
pas altéré. En effet, dés juin 76, Hallyday publie l'album Derrière l'amour avec les deux tubes Joue pas de rock'n'roll pour moi et Gabrielle. En septembre, sort un double album Hamlet opéra rock écrit par Gilles Thibaut et
composé par Pierre Groscolas, qui se révèle être un énorme échec commercial. Au
même moment, poussé par le virus de la scène, il fait sa rentrée au Palais des
Sports à Paris pour un show intitulé Johnny Story. Un disque live sera
enregistré à cette occasion. Ses activités courantes se situent entre tournées
en France et à l'étranger, quelques vacances au soleil et quelques shows
télévisés. En ce milieu d'année 77, l'album Tant
pis c'est la vie sort avec le tube J'ai
oublié de vivre.
L'année
suivante, il fête son 35ème anniversaire au Festival International
de la chanson de Tokyo auquel il participe en tant que juré en compagnie de Catherine
Deneuve. Le 13 août, un show est organisé aux arènes de Béziers avec Carlos
et Sylvie Vartan dont c'est l'anniversaire. Quand vie d'artiste et vie privée
sont étroitement liées ! L'année 79 est essentiellement remplie par des
tournées incessantes. Il est aussi invité à chanter en direct pour la
télévision sur le porte-avion Clémenceau. Johnny est au faîte de sa gloire et
de sa notoriété, devenant quasiment un monument national que l'on peut sans
problème associer à l'image rigoriste de l'armée et de la Marine. Le public
attend toujours ses apparitions en concert et Johnny Hallyday tente à chaque
fois d'innover en matière de spectacle. C'est ainsi que du 18 octobre au 26
novembre, il s'installe au Pavillon de Paris, Porte de Pantin à Paris avec le
show l'Ange aux yeux de laser, où bardé de cuir et les yeux maquillés
d'un bleu électrique, il crée le très fameux Ma gueule.
Durant ces quelques jours, il est accompagné au piano par le chanteur Gilbert
Montagné.
Le début de la décennie
suivante est marqué par la sortie de l'album A
partir de maintenant sur lequel Hallyday reprend Je ne suis pas un héros de Balavoine et la Poupée qui fait non de Polnareff. Comme
presque tous les ans, il se produit sur différentes scènes en tournée d'été. Le
14 août, il est victime d'un malaise et s'écroule sur scène. Malgré son
rétablissement, les rumeurs vont bon train.
Et en janvier 81, alors
en vacances en Californie, chez Richard Anthony, il apprend par les
journaux qu'il est mort ! Sa vie est une source inépuisable de commentaires
pour les journaux. Son divorce avec Sylvie annoncé le 5 novembre 80, est aussi
très largement médiatisé : depuis presque quinze ans, la vie (à
rebondissements) du couple est suivie comme un véritable roman-feuilleton par
tous les français. Cette même année, Johnny Hallyday sort deux albums En pièces détachées et Pas facile ; ces deux titres s'appliqueraient-ils à sa vie
privée ? En février et mars, il entreprend une tournée qui s'achève une
nouvelle fois à Paris, à l'Hippodrome de Pantin. Un double album live sortira
juste après. Le premier décembre, il épouse un mannequin du nom de Babeth
Etienne à Los Angeles. La nouvelle union dure deux mois et deux jours… L'année
suivante est marquée par la séparation définitive d'avec son producteur et
parolier fétiche, Michel Mallory, qui lui servait aussi de confident. Il
sera remplacé par Pierre Billon. Le monde affectif de Hallyday oscille entre
les copains et les femmes. C'est ainsi qu'il rencontre lors d'une émission de
télévision la comédienne française, Nathalie Baye. Une liaison se noue
rapidement entre eux. En septembre, sort l'album la
Peur sur lequel on trouve le titre le
Survivant, nom qu'il donne dès le 14 à son nouveau spectacle au Palais
des Sports à Paris. Pour la première fois dans sa carrière, la cassette vidéo
du show est mise en vente. En février, il entreprend une tournée française.
Nathalie Baye lui donne une petite fille nommée Laura, à la fin de l'année
1983.
Les ennuis de santé
ponctuent assez souvent la vie mouvementée du chanteur, qui donne pourtant
l'image d'un être invincible, armé d'une énergie à toutes épreuves. Du 25
octobre 84 au 23 février 85, Johnny s'installe au Zénith à Paris pour une durée
très longue : quatre mois. Le 8 janvier, il s'écroule sur scène, victime d'une
syncope. Il est admis à l'hôpital et quelques jours plus tard, il remonte sur
les planches de la scène parisienne.
Auparavant, en 84,
Johnny était retourné sur les plateaux de tournage pour une expérience
intéressante avec un des maîtres de la Nouvelle Vague, Jean-Luc Godard. Détective
réunit un acteur et un réalisateur dont les mondes respectifs sont aux
antipodes l'un de l'autre. Nathalie Baye avait sans été sans doute à l'origine
de ce projet ambitieux (pas aussi réussi qu'on l'espérait). Elle l'amène en
effet, à fréquenter des gens plus cultivés que ses amis du show-biz et le
pousse vers une carrière plus "intellectuelle". C'est ainsi qu'elle
lui présente Michel Berger, écartant par la même occasion Pierre Billon
pour l'écriture d'un album. Rock'n'roll attitudes
qui comprend le Chanteur abandonné et Quelque chose de Tenessee sort en mai 85. Ce disque
concocté par un des auteurs les plus doués de sa génération, est plus tourné
vers la variété de qualité que vers le rock, mais le public apprécie
énormément.
En 86, il se sépare de
Nathalie Baye, mettant ainsi fin à une période particulière de sa vie. Mais
surtout l'année est marquée musicalement par la sortie de Gang, album clé-en-main écrit par Jean-Jacques
Goldman pour l'idole Hallyday. Plusieurs hits sont là pour confirmer la
légitimité de cette association : Laura, l'Envie, et J'oublierai ton
nom en duo avec la chanteuse anglaise Carmel. Après ce disque, il
décide de renouer avec la scène, qu'il n'aime pas laisser trop longtemps, et
demande à Michel Berger de mettre en scène ce qui sera Johnny se donne à
Bercy. Il se produit dans cette grande salle parisienne, du 15 septembre au
4 octobre 87, et enchaîne tout de suite sur une tournée française, qui se
prolonge jusqu'en 88. Un an plus tard, Hallyday fait appel à Etienne
Roda-Gil, célèbre parolier de Julien Clerc pour écrire l'album
intitulé Cadillac. A cette occasion, son
fils David lui compose deux titres dont Mirador.
A la fin de l'année 89, Johnny Hallyday participe à la Tournée des Enfoirés,
destinée à récolter des fonds pour les Restos du Cœur (association caritative
initiée par le comique Coluche). Il se retrouve sur scène avec d'autres grandes
pointures de la chanson française, Michel Sardou, Véronique Sanson,
Goldman et son ami de toujours Eddy Mitchell. Leur grande
notoriété participe pour beaucoup au succès de cette opération.
En
90, la star se marie avec la toute jeune Adeline, fille de son copain Long
Chris, défrayant une nouvelle fois la chronique. L'événement musical de l'année
est sans aucun doute son spectacle à Bercy à partir du 15 septembre. Cette
série de concerts lui vaudra l'année suivante la Victoire de la Musique du
Meilleur Spectacle de l'année en France et celle du Plus Grand nombre de
Spectateurs. Si Hallyday est la plus grande star française des trente dernières
années, sa production discographique semble s'essouffler quelque peu à partir
de ce moment : en 91, il fait appel à une équipe très diversifiée pour l'album Ca ne change pas un homme. Des signatures aussi
différentes que Art Mengo, les américains Jon Bon Jovi et Tony Joe
White, Patrick Bruel ou Etienne Roda-Gil viennent apporter leur contribution.
Ses anciens succès restent par contre des valeurs sûres et ses concerts sont
toujours aussi pleins. La maison Polygram ressort en septembre 92, dix-sept
albums de Johnny sous la forme de cinq coffrets. Quelques deux cent vingt
titres y sont rassemblés. Ce mini-événement discographique précède de quelques
mois le grand événement scénique : les 18, 19 et 20 juin 93, Johnny Hallyday
fête ses cinquante ans au Parc des Princes à Paris, soit trois concerts géants
intitulés Retiens la nuit avec une mise en scène exceptionnelle et
quelques cinquante chansons retraçant sa carrière.
Après une tournée
française, Hallyday désireux de réaliser un vieux rêve sort un disque en
anglais intitulé Rough Town (titre
emprunté au canadien Bryan Adams) en 94. Il s'est même adjoint les
services du producteur des Rolling Stones, Chris Kimsey. Une série de
concerts dans des petits théâtres lui permet de montrer un nouvel aspect de son
talent d'interprète, les paroles en anglais donnant à la voix du chanteur une
autre dimension. Notons ici que le chanteur s'est parfois targué de travailler
sa voix "à la Gitane" (marque française de cigarettes fortes) ! S'il
avoue que la musique américaine l'enthousiasme plus que tout, celle de Bruce
Springsteen par exemple, il doit reconnaître que son expérience de chansons
en anglais ne donne pas grand chose en France.
En 95, sort donc un
nouvel album intitulé Lorada du nom de
sa maison à Saint-Tropez. De couleur très blues-rock, le disque est réalisé par
Jean-Jacques Goldman et les ex-membres du groupe Canada. Hallyday retrouve ici
la musique qu'il aime, simple et efficace. Le 12 septembre est la date du
concert inaugural du Lorada tour qui commence à Bercy. Rien de très
révolutionnaire dans ce énième concert géant, si ce n'est la reprise d'Edith
Piaf, l'Hymne à l'amour.
Après une intervention
chirurgicale assez douloureuse, "notre rocker national" comme
l'appelle la presse avec beaucoup d'affection, reprend la route, égal à lui
même. Mais un autre projet commence à le préoccuper sérieusement : le 24
novembre 96, il donne un concert unique à Las Vegas, Etats-Unis, devant
quelques 4300 fans français venus par avions spécialement affrétés pour cet
événement. Sur la scène de l'Aladin, Johnny tente de faire partager le rêve
américain qui est le sien depuis si longtemps. Un disque sort en décembre, Destination Vegas qui n'est pas l'enregistrement
du spectacle mais rassemble les nouvelles chansons présentées sur scène ce
jour-là.
Véritable monument du
rock français, Hallyday reçoit des mains du Président de la République, Jacques
Chirac la médaille de Chevalier de la Légion d'honneur en janvier 97. Après
avoir fêté son anniversaire à Cuba en juin, Johnny se remet au travail quelques
jours plus tard à New York. Avec Philippe Chatel, il enregistre une chanson qui
fait partie de la nouvelle version du conte pour enfants, Emilie Jolie.
Puis du 20 août au 30 octobre, il entre en studio pour son nouvel album.
Pendant deux mois, Hallyday travaille avec Pascal Obispo, principal
compositeur de ce nouveau CD. Le premier extrait, Ce
que je sais, sort en fin d'année accompagné d'un clip tourné à New York
et réalisé par le metteur en scène de L'Exorciste, William Friedkin. En
mai 98, Johnny monte pour la cinquième fois les marches du Palais des festivals
à Cannes, mais en simple cinéphile. Cependant, cette apparition cannoise
annonce un retour du chanteur au cinéma dans un film de Stéphane Giusi, dans
lequel il interprète un ancien …toréador.
Mais Johnny ne perd pas
de vue ce qui fait sa force artistique, à savoir la scène. Il imagine le plus
grand spectacle jamais donné en France. En effet, le chanteur se produit les 5
et 6 septembre 98 (une première date ayant été annulée pour cause de mauvais
temps) au Stade de France à côté de Paris, devant 80.000 spectateurs chaque
soir. Quelques invités de marque sont conviés pour ce show extraordinaire, de Lara
Fabian pour une version impressionnante de Requiem
pour un fou à Florent Pagny pour Le
Pénitencier, en passant par les incontournables Goldman ou Obispo. Ce
concert est l'événement de la rentrée auquel personne ne peut échapper.
Le 13 octobre, sort Sang pour sang, un album dont l'originalité tient
à la collaboration entre Hallyday père et fils. En effet, David est le
compositeur de la totalité des treize titres. Quant aux textes, ils sont signés
de plumes aussi variées qu'inattendues dont les écrivains Françoise Sagan et
Vincent Ravalec ou le chanteur Miossec. Mais on retrouve des noms comme
Philippe Labro ou Michel Mallory, vieux compagnon de route du chanteur. Deux
mois plus tard, cet album atteint le million et demi de copies écoulées et
reçoit ainsi un album de diamant. Lors de la cérémonie annuelle des Victoires
de la Musique en février 2000, ce disque est sacré Meilleur album de l'année.
En juin, Mercury sa
maison de disques, réédite pour célébrer ses quarante ans de carrière
l'ensemble de ses albums studio avec les pochettes d'origine et un son
remasterisé. Mais l'événement est sans aucun doute le concert gratuit que donne
Johnny au pied de la Tour Eiffel à Paris le 10 juillet. Plusieurs centaines de
milliers de personne se rassemblent pour voir ce megashow. Le 17 juin, c'est au
Parc des Sceaux en région parisienne qu'il se produit (entrées payantes) pour
fêter cette fois-ci son propre anniversaire (57 ans). C'est le début d'une
tournée d'été qui commence par l'Olympia à Paris (à partir du 17 juin), se
poursuit en France (grands stades et petites salles) et se termine par deux
dates triomphales à Montréal les 30 et 31 août. Après ces dernières années
consacrées à la chanson et à la scène, Johnny Hallyday désire désormais se
tourner vers le cinéma où il a de nombreux projets
Après
ces dernières années consacrées à la chanson et à la scène, Johnny Hallyday
désire désormais se tourner vers le cinéma où il a de nombreux projets. En
2000, on le voit dans Love me de Laetitia Masson où il interprète son
propre rôle. Et en 2001, il tourne un petit rôle dans le film de son ami,
Jean-François Stévenin, Mischka. Autre passion, la course automobile. En
décembre 2001, le chanteur prend le départ de la course Paris-Dakar qu'il
effectue de bout en bout.
En
mars 2002, on apprend que Johnny a été choisi, à l'unanimité par l'ensemble des
joueurs de l'équipe de France de football pour chanter leur chanson officielle
pour la coupe du monde de 2002. Cette chanson a pour titre Tous ensemble et est écrite par Catherine Lara.
C'est un double album que le chanteur sort le 4 novembre 2002, A la vie à la mort, 23 nouveaux titres signés de
noms variés tels le chanteur De Palmas, l'écrivain Marie Nimier, Marc
Lavoine, Patrick Bruel, Maxime Le Forestier, Catherine
Lara et bien sûr son fils David. Cet album donne le signal du grand
retour à la musique de Johnny Hallyday après une pause 'cinéma' de deux ans. En
quelques jours, les précommandes du disque s'envolent à plus de 900.000
exemplaires, les ventes effectives atteignant 305.000 copies en une semaine
selon le Syndicat national de l'édition phonographique et l'IFOP.
De
plus, la star se prépare à célébrer son soixantième anniversaire avec
tous ses fans. Il met au point une tournée des stades qui
démarre sur l'île de la Réunion en mai 2003 et dont le point d'orgue
sont les trois dates au Parc des Princes à Paris du 10 au 15 juin. A cette
occasion, Johnny est omniprésent dans les médias français. Même les journaux
anglo-saxons s'interessent à ce phénomène très français (Times, New York Times,
etc.). Hormis l'Hexagone, il se produit en Belgique, à Monaco, en Suisse et
même à Baalbeck au Liban le 2 août.
2007, Johnny Hallyday a le blues. Faut
dire qu'après les procès fait par les médias sur son déménagement en Suisse,
ses démêmés avec Universal, sa demande de naturalisation belge, le chanteur
abandonné a le droit de se poser des questions. Pour échapper à la pression
française, il est donc parti à Los Angeles afin d'enregistrer ce nouvel opus
sous la direction d'Yvan Cassar. Le Coeur
d'un homme, premier album chez Warner, renoue avec l'atmosphère des
enregistrements vintage. Enrôbé d'une production blues grand public, le
chanteur fait le bilan du haut de ses 64 ans (Chavirer
les foules, Que restera-t-il?, Ma vie, Ce que j'ai fait
de ma vie) avec une force dans la voix qui ne semble pas encore
prête à faiblir. Une chose est sûre : toute la musique qu'il aime, elle vient
de là, elle vient du blues. Et même si ce nouvel opus n'est pas en rupture
complète avec Ma Vérité (2005), il a le
mérite de s'écarter des chemins boueux de la variété française pour rejoindre
des routes plus nobles. Bonne initiative.