Maxime
Le Forestier
Rien n'y fait : les artistes comme Maxime
Le Forestier restent fidèle à ce qu'ils sont. Ils surfent sur la vague du
succès ou de l'oubli mais leur travail est toujours authentique et profondément
personnel. Celui qu'on a vu contestataire au début des années 70 est devenu
quelques décennies plus tard, un homme tranquille, toujours accompagné de sa
guitare comme le fut son aîné et modèle, Georges Brassens.
Mon frère |
Février de
cette année là |
Saltimbanque |
Hymne A
Sept Temps |
N°5 |
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Dans ces
histoires |
Les jours
meilleurs |
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1971 CD |
1972 CD |
1975 CD |
1976 CD |
1978
CD |
1980 LP |
1981
CD |
1983
LP |
Maxime Le Forestier est né à Paris le 10
février 1949 d'un père anglais d'origine normande et d'une mère, Geneviève
(dite Lili), adaptatrice en français de séries télévisées anglo-saxonnes et
surtout véritable mélomane qui inculque à ses enfants le goût de la musique.
Les deux sœurs de Maxime, Anne et Catherine sont ses aînées de six et trois
ans. Les trois enfants reçoivent une éducation musicale classique; le jeune
Maxime commence donc rapidement à apprendre le violon et l'étudie jusqu'à l'âge
de dix ans. Il poursuit sa scolarité dans un collège religieux jusqu'à la
classe de troisième. Il entre ensuite au lycée Condorcet à Paris. Ses études
littéraires ne sont pas brillantes et à la fin de la classe de Première, il est
"viré" pour indiscipline.
Entre temps, sa mère lui offre un disque de
Georges Brassens, qui représente pour lui une bouffée d'air frais par
rapport à la musique classique dans laquelle il baigne. A l'âge de quinze ans,
il s'achète une guitare, apprend les rudiments de l'instrument et commence à se
produire épisodiquement au marché aux puces de Saint-Ouen en banlieue
parisienne, au café "Chez Louisette". Il est bientôt rejoint en 65
par sa sœur Catherine. Ils forment tous les deux le duo Cat et Maxime.
Jusqu'en 69, ils tournent dans les cabarets de la rive gauche finissante,
reprenant le répertoire des américains Peter Paul and Mary. Dans le même
temps, ils rencontrent Georges Moustaki avec qui ils se lient d'amitié.
Celui-ci leur donne la possibilité de chanter ses propres chansons comme Ma liberté ou Ma solitude,
qu'ils sont quasiment les premiers à reprendre. De ce duo familial, restent
deux 45 tours enregistrés chez Barclay. Puis Catherine rejoint Moustaki et
devient sa choriste. Maxime de son côté commence à écrire et propose à Serge
Reggiani la chanson Ballade pour un traître.
Mais en 69, Maxime est appelé sous les
drapeaux, dans un régiment de parachutistes. Il y mène une double vie : dans la
journée, il est militaire, son temps libre est consacré à la chanson : il
enregistre deux 45 tours en solo, Cœur de pierre, Face de lune et
Concerto sans frontière pour la maison de
disques Festival. Libéré des obligations militaires en septembre 70, il part à
Marseille avec Catherine pour jouer dans la comédie musicale Oh ! America
mise en scène par Antoine Bourseiller, et dont il a composé la musique. Après
cette expérience, il sillonne les Etats-Unis, en pleine époque hippie. Il vit
quelques temps dans une communauté à San Francisco avec sa sœur Catherine.
Revenant de son périple américain, il
enregistre un 45 tours chez Polydor Mon frère
et l'Education sentimentale, suivi quelques
mois plus tard de San Francisco et Ça sert à quoi. Entre l'influence de Brassens et
celle de la folksong américaine portée essentiellement par Bob Dylan, Le
Forestier jette à ce moment-là (sans le savoir), les bases de la chanson
contestataire des années 70 en France. La reconnaissance publique et le succès
n'arrivent véritablement qu'un an plus tard, quand sort l'album éponyme Le Forestier qui reprend les 45 tours auxquels
s'ajoutent d'autres titres dont Parachutiste.
En octobre, il fait la première partie du récital à Bobino de Georges Brassens.
Le triomphe du jeune homme augure d'une nouvelle génération de chanteurs,
anti-conformistes et héritiers de la révolte de 68.
L'année 73 est marquée par la sortie du
second album, Mon frère, dans lequel on
trouve le Steak ou la complainte de ceux qui
ont le ventre vide, considérée comme une gaudriole par ceux qui ont le ventre plein
ou Février de cette année-là ou encore Entre quatorze et quarante ans.
Le disque est aussi bien accueilli que le précédent, ce qui lui permet de
triompher à l'Olympia lors de deux Musicoramas, (émission de radio retransmise
depuis la salle de spectacle). Un enregistrement public sort un peu plus tard
(74). Depuis déjà plusieurs mois les galas en province sont fréquents et sa
notoriété augmente en conséquence, lui permettant ainsi de faire partie
intégrante du paysage musical français.
Fin 74, il donne une série de concerts au
théâtre de la Ville et au Palais des Sports qui constituent une véritable
consécration pour le jeune artiste. Son public est jeune. Ouvriers ou
étudiants, ils forment le plus gros des spectateurs, applaudissant à tout
rompre des chansons devenues au fil du temps des classiques de la chanson
française, telle l'Education sentimentale.
Parti en tournée avec deux musiciens (Alain Le Douarin et Patrice Caratini) et
un technicien, Maxime Le Forestier met en application ses principes humanistes
et impose un prix des places très bas (10F) ce qui déclenche quelques
mécontentements dans le métier qui y voit une concurrence déloyale. En 1975, il
sort un nouveau 33 tours avec notamment le titre Saltimbanque.
Ecrit durant la tournée précédente, ce nouvel album est pour lui une façon de
rappeler qu'il n'est que ce qu'il chante, répondant ainsi aux critiques de
démagogie lancée de tous côtés. Par ailleurs, les radios et télévisions
semblent réticentes à programmer cet artiste un peu dérangeant, car souvent
engagé (on se souvient d'un concert de soutien aux prisonniers chiliens avec Léo
Ferré en juin 74). Le public ne connaît Maxime Le Forestier que par ses
disques et ses récitals qui affichent complet : pour preuve, quelques quatre
mille personnes viennent l'applaudir chaque jour au Palais des Congrès à Paris,
pendant trois semaines en mars 75.
En janvier 76, il s'embarque pour une
tournée spéciale de quatorze dates en URSS. Prenant pour l'occasion des cours
de russe, il peut ainsi annoncer les thèmes de ses chansons dans la langue de
Tolstoï. Il a un peu tendance à idéaliser les pays de l'Est, et revient de sa
tournée perplexe. Mais sa rencontre avec le chanteur Vladimir Vissotski (dont
il adaptera par la suite des chansons) lui laisse un merveilleux souvenir. S'il
continue à tourner en France, en Suisse et en Belgique, il enregistre un
quatrième album, Hymne à Sept ans, lors
de l'été 76 qui va être marqué par une légère désaffectation du public. Maxime
Le Forestier commence à ressentir les effets pervers de son étiquette de
chanteur engagé qui dorénavant lui pèse. Il s'éloigne donc des sujets qu'il
avait l'habitude d'aborder et déroute son public. Du Fantôme
de Pierrot véritable chanson fleuve à Blues
blanc pour un crayon noir, le propos est plus pessimiste, rempli de
désillusion.
A la suite de la sortie de l'album fin
septembre, il enchaîne sur une belle aventure scénographique. Tout le mois
d'octobre, il donne un spectacle au Cirque d'Hiver à Paris, mis en scène par le
comédien Philippe Avron, avec la participation de dix musiciens, un mime et une
jongleuse. Cette entreprise réussie, il s'envole pour le Canada et termine
l'année de l'autre côté de l'Atlantique. Parti en voyage toute l'année suivante
notamment aux Etats-Unis, il revient en 78 avec un nouvel album n°5. Enregistré au Québec et dans le sud de la
France, ce nouvel opus résulte de ses voyages et de la rencontre avec le
musicien François Cousineau, compositeur de Diane Dufresne, avec qui il va
entreprendre un passage de l'instrumentation acoustique à l'instrumentation
électrique. Dérouté de ne plus retrouver le barde post soixante-huitard, le
public n'accroche plus comme avant. Le Forestier réussit tout de même à remplir
l'Olympia du 14 au 26 novembre 78. Etrangement, il va l'année suivante, revenir
aux sources en sortant un album enregistré en public les 23 et 24 avril à la
Gaîté-Montparnasse à Paris dans lequel il reprend des chansons de Georges
Brassens en compagnie de ses deux anciens complices, Caratini et Le Douarin.
Fin 79, il part avec ce spectacle en tournée en France et en Belgique.
S'il commence l'année 1980 en donnant en
compagnie de sa sœur Catherine et du néo-zélandais francophone Graeme
Allwright, deux concerts au profit de l'association Partage avec les enfants
du Tiers-Monde, il sort aussi un nouvel album original les Rendez-vous
manqués. Le guitariste Gérard Kawczynski, dit Crapou et le batteur
Jean Schultheis apportent leur contribution artistique et donnent à Maxime la possibilité
de développer son talent dans un univers musical un peu différent, toujours un
peu noir. Sur cet album, il retrouve aussi son ami Kernoa avec qui il n'a pas
travaillé depuis cinq ans. En février et mars 81, Maxime Le Forestier effectue
deux mois de tournées en France et en Belgique. Il reprend la scène à Paris en
octobre et novembre en passant à Bobino durant six semaines. Entre temps, il
enregistre et sort un nouvel opus Dans ces
histoires….
Très à l'aise sur la scène, il tourne
beaucoup et en cette année 82, il se produit en Algérie, en Nouvelle-Calédonie,
au Liban et bien sûr en France et en Belgique. La tournée se poursuit jusqu'en
octobre 83, date à laquelle il investit Bobino pour un spectacle particulier,
quasiment d'avant-garde. Quatre jeunes musiciens entourent le chanteur; un
informaticien pilote six synthétiseurs donnant ainsi au spectacle un côté
expérimental que le public ne comprend pas forcément. Le fossé entre l'artiste
et le public se creuse d'autant plus que le disque sorti cette année-là, Des jours meilleurs, ne convainc personne même si
la chanson qui donne le titre à l'album est très belle. (Elle sera reprise
quelques années plus tard par d'autres artistes lors d'un concert de Sol en Si
et sera un grand succès alors). Après avoir vendu des milliers d'albums (dont
un million et demi d'exemplaires du premier), Maxime n'est plus le chanteur à
succès des années 70. Il s'avère même que les années 84 et 85 sont difficiles
pour lui. De là une formule de tournée simplissime avec lui et un guitariste
solo, Jean-Felix Lalanne la plupart du temps. Ils se produisent un peu partout
en Europe et en Afrique. Il faut attendre 1986 avant la sortie d'un nouvel
album Aftershave. Celui-ci passe à peu
près inaperçu.
After Shave |
Né quelque
part |
Sagesse du
fou |
Passer ma
route |
12
nouvelles de Brassens |
L’echo des
étoiles |
Restons
amants |
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1986 LP |
1988 GD |
1991 GD |
1995 CD |
1996 CD |
2000 CD |
2008 CD |
Si le show biz le déclare prématurément perdu
ou "has been", Maxime Le Forestier renaît de ses cendres en 88 tel le
Phoenix. Un 45 tours est à l'origine de son retour. Né
quelque part est un hymne à l'égalité et à la tolérance, écrite en
collaboration avec son complice Jean-Pierre Sabar. La phrase clé est traduite
en langue zoulou et interprétée dans les chœurs par une chanteuse
sud-africaine, Aura. Le disque fait un tabac. En France, la scène world music
se développant, le public est très réceptif aux œuvres mêlant des sonorités,
rythmes et langues différents. L'accueil enthousiaste du single permet la
sortie d'un album en octobre 88. Le deuxième titre du 45 tours s'intitule Ambalaba, chanson en mauricien signée par Claude
Verraerago. Le succès est confirmé. Il vendra quelques 600.000 exemplaires de
l'album Né quelque part.
A partir du 24 janvier 89, Maxime donne une
série de concerts triomphaux au Bataclan à Paris pendant trois semaines (un
disque live sortira un an plus tard). Il enchaîne ensuite avec une tournée
provinciale. Le tournant opéré avec ce disque et le succès revenu nous offrent
l'image d'un artiste mature, qui a roulé sa bosse et pris aussi beaucoup de
recul par rapport au métier qu'il exerce. S'il ne renouvelle pas l'exploit de
l'album précédent, il propose avec Sagesse du fou
en novembre 91 une nouvelle déclinaison de sa vision de la vie. Un magnifique
duo avec Michel Rivard, Bille de verre précède Avant la tornade plus sombre. Les concerts qui
suivent, obtiennent tout de même un grand succès et notamment l'Olympia à
Paris, en 92. Après une période de relatif repos (quelques dates de-ci de-là),
Maxime sort un nouvel opus Passer ma route
en juin 95 (le titre de la chanson qui donne son nom à l'album sera récompensé
par l'Octave de la chanson française décernée par Radio France Internationale).
Enregistré à Paris, il s'agit en fait d'une invitation au voyage et à
l'évasion. Quelques artistes sont venus lui prêter main forte : Zouk Machine, Vanessa
Paradis qui assure les chœurs du simple Chienne
d'idée, le groupe de musique tzigane Bratsch; et les jazzmen Didier
Lockwood et Richard Galliano. Les textes sont signés Maxime Le
Forestier avec la collaboration de Boris Bergman, parolier célèbre. La reprise
de la Petite fugue que chantait auparavant sa
sœur Catherine, est une véritable perle. Dix chansons du disque (sur les douze)
sont interprétées par l'artiste lors de son passage à l'Olympia à Paris en
janvier et février 96. Mais ce sont les premières chansons (San Francisco, l'Education
sentimentale) qui récoltent le plus d'applaudissements. Nostalgie de
l'époque "baba cool" et des valeurs "hippie"…
Véritable port d'attache dans la carrière
de Maxime Le Forestier, Georges Brassens est toujours pour lui une
source d'inspiration. En septembre 96, sort donc un deuxième album de chansons
du Sétois chantées par son meilleur disciple. La formule est sobre, guitare et
voix. Le résultat, chaleureux. Quinze ans après la mort de Brassens, Maxime
reprend les titres que celui-ci n'a pas vraiment eu le temps d'interpréter. Ce
bel hommage se prolonge par une série de concerts dans des petites salles comme
le Sentier des Halles à Paris. En 97 et 98, il continue les tournées Brassens
qui remportent un énorme succès. Sort même en avril 98, un coffret de quatre
CDs reprenant la quasi-totalité du répertoire du chanteur sétois chanté par Le
Forestier, avant deux concerts au Casino de Paris les 12 et 13 juin et une
nouvelle tournée qui semble ne plus finir. A l'automne 99, il reprend une
nouvelle tournée de quelques mois, Tour de Chauffe, en duo avec le
guitariste Jean-Félix Lalanne. Début 2000, il participe à la tournée des
Enfoirés, nom du collectif de chanteurs qui unissent leurs voix au profit des
Restaurants du cœur. Si Maxime Le Forestier a dans les années 80 subi une
traversée du désert, comme l'a si bien remarqué la presse, il est devenu au
cours des années 90, le chanteur "sympa" prêt à s'investir dans des
causes dites humanitaires, comme en témoignent ses diverses participations aux
concerts Sol en Si (lutte contre le Sida) ou Restos du Coeur (soutien aux plus
démunis). Si ses derniers engagements sont moins radicaux que ceux des années
70, ils n'en restent pas moins tout à fait louables et confèrent à ce père de
famille une respectabilité qui dépasse le cadre de la chansonnette.
Après cinq années presque entièrement
consacrées à Brassens, Le Forestier revient à son propre répertoire en novembre
2000 via un nouvel album, l'Echo des Etoiles.
Ecrit ici et là, au cours de voyages, l'album comprend douze textes dont la
plupart sont signés Boris Bergman. Le Forestier interprète également une
chanson écrite par l'écrivain et homme politique Jean-François Deniau pour
Lounès Matoub, le chanteur kabyle assassiné avant d'avoir pu la chanter. En 2001, le chanteur entame, avec le guitariste
Jean-Félix Lalanne, une tournée nommée d'abord Sans tambour ni trompette,
puis renommée Plutôt Guitare. A deux guitaristes (et parfois quatre au
cours du récital), ils offrent une relecture du répertoire de l'artiste. La
tournée se prolonge jusqu'à l'été 2002.
Il faut attendre l'année 2004, pour voir
réapparaître Maxime Le Forestier dans le paysage médiatique français. En effet,
après de nombreuses tournées qui l'ont mené jusqu'en Afrique, l'artiste s'est
penché sur l'écriture d'une comédie musicale. Elie Chouraqui à qui l'ont doit
en particulier les Dix commandements, monte cette fois-ci Gladiateur.
Il confie la musique à Maxime qui appréhende ce travail comme une nouvelle
aventure. Les premières représentations ont lieu en octobre. La comédie
musicale rencontre un succès mitigé.
Il monte sur la scène de
l'Européen en juillet 2005 et reprend le répertoire de son maître, Georges
Brassens. Ce n'est pas la première fois qu'il rend ainsi hommage à
l'artiste. L'originalité de ce spectacle réside dans le fait que c'est le
public qui choisit les chansons que Maxime interprète, seul à la guitare. En
novembre, Maxime sort un Deuxième cahier
de chansons de Georges Brassens. Enregistrées en concert, les 170 chansons de
cette suite tiennent sur 5 CDs. Le chanteur poursuit son hommage en reprenant
sa tournée à travers la France. Tournée qui débute par une série de concerts au
Casino de Paris à partir du 30 novembre. Dès la fin de cette série, il
entreprend d'écrire un nouvel album.
Le 19 mai 2008 sort Restons amants, premier album de chansons originales
réalisé par Maxime Le Forestier depuis L'Echo des
Etoiles en 2000. Il fait la part belle à l'amour, ses égarements,
ses promesses d'éternité, ses corps à corps. Maxime LeForestier a signé les
textes des douze chansons et une partie des mélodies. Julien Clerc, son
complice depuis 1975-1976, (suite à une mémorable engueulade avec Léo Ferré
qui leur reprochait de ne pas travailler ensemble), a notamment mis en musique
le titre qui a donné son nom à l'album, Restons amants.
Le disque marque aussi la première collaboration de Maxime Le Forestier avec
Matthieu Chedid. Et Emmanuelle Béart avec qui il interprète un duo sensuel et
doux, "L'hymne à la soie". Emmanuelle Béart "m'avait appelé il
y a une quinzaine d'années pour me dire: +j'ai envie de chanter mais j'ai
peur+", raconte Maxime Le Forestier. "Il y a une fragilité, une
émotion, un phrasé, une façon de prononcer les mots qui n'appartient qu'à
elle".
Plusieurs titres (Grain de sel, La Meute et le
Troupeau, Là-bas la terre) se font l'écho
des interrogations de Maxime Le Forestier sur le monde. L'auteur de Parachutiste se dit "très échaudé" par la
réputation de "chanteur contestataire" qui lui fut faite dans les
années 70. Mais il avoue dans Grain de sel qu'il
"irait bien glisser (son) grain de sable dans l'ordre et la paix
civile" et Là-bas la terre évoque ces
terres africaines où "rien ne veut pousser". S’il n’imagine pas pour
lui un engagement politique, il convaincu que "le vrai pouvoir" est
"dans des endroits beaucoup plus sombres et plus discrets", comme
"les banques, les entreprises, les groupes de pression". Il préfère
s'engager "pour des choses concrètes où on ne sert la carrière de personne
et où on essaie de partager la chance qu'on a eue avec ceux qui n'en ont pas
eue".
A 59 ans, "je suis
peut-être moins utopiste" qu'autrefois, admet-il. "J'ai sûrement
beaucoup, beaucoup évolué mais, profondément, j'ai l'impression qu'il doit y
avoir quand même quelques fondamentaux qui restent". Pour preuve, cet
album, considéré par la critique comme un retour aux sources. "Là, pour la
première fois, j'ai travaillé avec des réalisateurs beaucoup plus jeunes que
moi", qui "avaient le souvenir de ce qu'ils avaient écouté quand ils
étaient mômes. C'était ça qu'ils voulaient retrouver et apparemment ils ont
réussi", explique Maxime Le Forestier.