Pierre Perret

 Pierre Perret est né dans le sud de la France, à Castelsarrazin, le 9 juillet 1934. Second fils de Maurice et de Claudia Perret, il passe une grande partie de son enfance dans le café restaurant de son père, le Café du Pont, situé sur les rives de la Garonne. C'est là, qu'il se familiarise avec des populations aux langages aussi imagés qu'argotiques, depuis les marins du fleuve aux ouvriers du coin. Il développe ainsi une incroyable connaissance de la langue française et de ses innombrables dérivés. Sa culture musicale passe par le solfège et l'apprentissage du saxophone. Dès l'obtention de son certificat d'études en 1948, Pierre intègre le conservatoire de musique de Toulouse et s'inscrit aussi au conservatoire d'art dramatique. Parallèlement, il monte son premier petit orchestre de quatre musiciens à son propre nom et pendant quelques années, ils tournent dans toute la région de bal en fête familiale.

La cage aux oiseaux

Le Zizi

Le Tord boyaux

Lily

Bercy Madeleine

La  bête est revenue

Çui-là

1971                            CD

1974                           CD

1975                           CD

1981                              CD

1992                         GD

1998                            CD

2002                            GD  

Jusqu'en 1953, Pierre pratique assidûment la musique et décroche un prix de saxophone. Mais c'est sur les planches qu'il passe le plus de temps. Au sein de la troupe du Grenier de Toulouse, il joue les grands classiques de Molière a Shakespeare. En outre, au conservatoire, il décroche un accessit de comédie. Il profite enfin de sa présence à Toulouse pour fréquenter les librairies et parfaire sa culture littéraire. Mais le virus de la musique est le plus fort. Avec des amis, Pierre prend l'habitude de faire des petits voyages à Paris en voiture et fréquente très régulièrement les cabarets de la capitale. Il devient en particulier un fidèle spectateur des récitals de Georges Brassens. Grand fan du chanteur depuis qu'il a découvert ses disques à Toulouse, Perret finit par aller le voir dans sa loge et petit à petit, les deux hommes se lient d'amitié.

En 1953, c'est le temps du service militaire qui pour Perret, durera trois ans. Incorporé en tant que musicien, le jeune homme à peine âgé de 20 ans, se voit avantagé pour fréquenter le conservatoire de Paris. Pendant cette période, il commence à écrire ses premières chansons dont Rosette. Il continue de passer nombre de ses soirées dans les cabarets et voit régulièrement Brassens qui l'encourage dans son écriture déjà originale et poétique. Il continue également de parfaire sa culture littéraire et linguistique par la fréquentation assidue de l'écrivain Paul Léautaud, vieil ermite reclus dans sa solitude et que le jeune Perret visitera régulièrement jusqu'à sa mort en 56.

A Paris, Pierre Perret habite avec la jeune chanteuse Françoise Lô (connue plus tard sous le nom de Sophie Makhno) Cette dernière décroche un contrat au cabaret les Trois Baudets sur la recommandation de Georges Brassens. Perret l'accompagne à la guitare et un soir, il s'aventure à chanter quelques-unes de ses propres chansons. C'est ainsi qu'il est remarqué et félicité par Boris Vian et par Jacques Cannetti, propriétaire des Trois Baudets et grand découvreur de talents. En moins d'une journée, tout se précipite pour Pierre Perret. Emile Hebey, agent artistique du gratin de la chanson, s'emballe pour le chanteur et devient son imprésario. Il le présente à Eddie Barclay, patron du label du même nom, qui le signe immédiatement.

En 1957, Pierre Perret devient donc du jour au lendemain un chanteur dont on parle même s'il va falloir attendre de nombreuses années avant une vraie reconnaissance populaire. Il décroche de nombreux contrats dans différents cabarets parisiens. Mais c'est en particulier à la Colombe sur l'Ile de la Cité qu'il fait ses classes. Il sort son premier 45 tours, Moi j'attends Adèle et monte sur la scène de l'Olympia pour plusieurs éditions de l'émission de radio Musicora réalisée par la station Europe 1 et qui draine un énorme nombre d'auditeurs. En décembre, il chante à Bruxelles. C'est au sein de Barclay qu'il fait la connaissance de Simone Mazaltarim qui devient sa compagne et que Pierre rebaptise Rebecca. Dès 1957, naissent leurs premiers enfants, les jumeaux Alain et Anne.

En 1958, Perret continue la tournée des cabarets parisiens et sillonne les routes de France et d'Afrique en première partie du groupe américain, les Platters. En novembre, après quelques récitals sur la scène de Bobino, il montre quelques signes d'une pleurésie qui se révèle être très sérieuse. En pleins débuts, Pierre Perret se voit donc contraint de cesser toute activité. Il va passer dès lors presque deux années dans un sanatorium. Cette parenthèse forcée ne lui vaut cependant aucun oubli de la part de la profession. Bien au contraire, celle-ci organise un Musicora exceptionnel dont les bénéfices sont entièrement reversés à Perret et à sa famille pour le paiement des soins. A son retour sur le devant de la scène, Pierre Perret enregistre les nombreux titres écrits pendant sa convalescence. Il sort en 1960 son tout premier album, un 25 cm, qu'il nomme le Bonheur conjugal. Son écriture prend sa touche mordante et fait de plus en plus mouche auprès du public. On reconnaît en lui un poète qui de toute évidence, manie sa langue avec dextérité et ironie.

Cependant, Perret ne vend pas beaucoup de disques et Barclay met fin à son contrat pour des raisons purement commerciales. En août 1962, Pierre Perret épouse Rebecca. Cette dernière soutient non seulement Pierre dans son travail, mais s'occupe assidûment de sa carrière. Après Barclay, c'est sur le label Vogue que Pierre Perret signe un nouveau contrat. Barclay va vite s'en mordre les doigts. En 1963, la carrière de Pierre décolle soudainement avec le titre Le Tord Boyaux qui se vend à 100.000 exemplaires. Drôle et populaire, cette chanson qui évoque un restaurant mauvais pour l'estomac, fait le tour du pays et devient le premier grand tube de sa carrière. Aujourd'hui encore, cette chanson est un pilier de son répertoire.

En septembre 63, naît sa plus jeune fille Julie. Pour Perret, tout va bien. Les succès vont désormais s'aligner les uns après les autres : Trop contente en 64, La Corrida en 65, Les Jolies colonies de vacances en 66 (tube de l'été), et Tonton Cristobal en 67, pour ne citer que les plus impressionnants exemples. De plus, les radios et la télévision se font le vecteur permanent de ses chansons. Depuis 1963, Lucien Morisse est son agent artistique. Pierre Perret se retrouve ainsi sur scène assez fréquemment et en première partie d'artistes aussi divers que Nana Mouskouri ou les Rolling Stones.

Ce sont plutôt ses textes qui le rendent célèbres. Incisifs, argotiques, parfois érotiques, souvent ludiques et toujours poétiques, les mots de Pierre Perret sont sa marque de fabrique. On le prend un peu pour un artiste rigolo et amusant. Il va prouver par la suite qu'il est capable de se pencher sur des sujets autrement plus graves.

Innombrables sont les artistes dont Pierre Perret a assuré la première partie. Mais à partir de 1966 et de l'énorme succès de "Les Jolies colonies de vacances", dont pas un Français n'ignore le refrain, Pierre monte enfin sur scène en vedette. En novembre 1966, c'est la scène du prestigieux Olympia qu'il foule enfin en tant que tête d'affiche, suivi d'un nouveau passage en 68 dont sera tiré son tout premier disque live. Les tournées sont innombrables et pendant de nombreuses années, Pierre Perret passe plus de soirées sur scène que chez lui.

A la fin des années 60, il apparaît au cinéma dans "Patates" de Claude Autant-Lara, dont il écrit aussi la musique. Mais l'apprenti comédien de Toulouse n'ira guère plus loin dans le métier d'acteur.

Dès octobre 70, retour triomphal sur une scène parisienne à Bobino. L'année suivante, il signe un autre de ses plus célébrissimes titres, "la Cage aux oiseaux", tendre chanson reprise par tous les enfants. Mais c'est en 1974 qu'il atteint des records de vente et de succès avec "le Zizi". Outre le fait d'être peut-être son plus célèbre titre, "le Zizi" est sûrement un des textes les plus connus de la chanson française d'après-guerre. L'album se vend à un million d'exemplaires auxquels s'ajoutent les 5 millions d'exemplaires du 45 tours (depuis 74) récompensés par pas moins de 16 disques d'or !

Au cours des années 70, Pierre Perret commence à écrire des textes plus centrés sur les problèmes de société, sans pour autant quitter la sphère de l'humour. En 1977, il évoque le racisme dans le superbe "Lily" (Prix de la Ligue Contre le Racisme et l'Antisémitisme). Régulièrement, il écrira sur des sujets tels que les banlieues ("Y'a des gosses dans l'escalier" en 81), l'avortement ("Elle attend son petit" en 81) ou la famine ("Riz pilé" en 89). En outre, en 72, il replonge dans ses souvenirs pour écrire "Adieu Mr Léautaud" sur son amitié avec l'écrivain.

Les tournées n'en finissent pas de s'enchaîner et se comptent parfois à plus de 200 par an à cette époque. Cet emploi du temps hautement rempli n'empêche pas le chanteur de voyager en famille, en particulier entre 75 et 78. C'est aussi ainsi qu'il trouve son inspiration, et pas seulement pour les chansons. En 1979, sort son deuxième ouvrage, "Pensées". Les années suivantes seront autant marquées par les disques que par les nombreux ouvrages que Pierre Perret va publier. Le dénominateur commun en est la langue française qu'il explore de maintes façons.

En 1979, sort également l'album "Mon p'tit Loup", toujours dans une veine plus tendre. Il retrouve Bobino et joue devant 200.000 personnes à la Fête de l'Huma, grande fête annuelle du parti communiste français. Nouveau Bobino en 1980 suivi d'une longue tournée.

En 1983, c'est pour la Chine que Pierre Perret s'envole. Il en revient avec un album, "Comment c'est la Chine ?". L'année suivante, il fête déjà ses 25 ans de chanson. Mais surtout, il publie "Le Petit Perret illustré par l'exemple", ouvrage qui se fait l'écho de sa culture exceptionnelle en matière d'argot.

En 87, il s'attaque au plaisir de la bonne chair avec "Au Petit Perret gourmand", sur les délices du vocabulaire alimentaire. Puis pour ses 55 ans, il rédige ses mémoires, mais à sa façon bien sûr. Son engagement pour la protection de la langue française, classique ou argotique, lui vaut d'être intégré au très sérieux Conseil supérieur de la langue française en 88 alors que toute la France débat du projet de réforme de l'orthographe.

Au début des années 90, il reprend les Fables de Jean de la Fontaine et les réécrit en argot. Les trois volumes de ce travail rencontrent un énorme succès jusque dans les salles de classe.

Ce n'est qu'en 1992 que sort un nouvel album, Bercy Madeleine, suivi en 93 d'une intégrale reprenant 250 titres de son répertoire, Chansons de toute une vie. Grand défenseur de la chanson française, Pierre Perret en est désormais un des plus fameux noms. Cet ami de Georges Brassens n'a de cesse de lutter contre le peu de cas, selon lui, que les médias font des auteurs à part entière.

Au cours de l'hiver 93, il s'installe trois semaines au Casino de Paris (26 janvier-14 février) pour une série de récitals a guichet fermé. Mais son travail littéraire et linguistique ne cesse pas pour autant. En 1995, il s'attaque au très vaste répertoire de la poésie érotique dont il publie une anthologie. Parallèlement, sort une Anthologie de la chanson érotique qui s'écoule à plus de 300.000 exemplaires.

Bien que riche en succès, 95 reste cependant une année sombre pour Pierre et Rebecca Perret avec la disparition de leur fille Julie en juillet.

C'est à nouveau dans un registre à dominante érotique que Pierre Perret remonte sur scène fin 96 au Casino de Paris. Le public le suit largement sur ce terrain qu'il a su aborder de façon tendre et élégante. Souvent replié dans son Moulin de Lagarde-Dieu en Normandie, il reçoit cette année-là le Grand Prix de la Chanson française. La même année, celui qui possède une cave de 20.000 bouteilles des meilleurs vins, sort tout naturellement un nouvel ouvrage sur l'art de manger, la Cuisine de ma femme. Il sort également un nouvel album autour de l'inépuisable thème de l'érotisme, Chansons éroticocoquines. En 97, sort le live du Casino de Paris 96.

C'est avec un répertoire très grave que Pierre Perret réapparaît fin 98 pour la sortie de son nouvel album La Bête est revenue. En effet, l'artiste évoque cette fois le très douloureux sujet de l'extrême droite en France. Ses textes sont d'une grande franchise et au moins trois chansons s'attaquent au sujet. Moins humoristique et plus engagé, c'est la dominante de ce disque qui prouve une nouvelle fois à quel point Pierre Perret se sent concerné par les maux de son époque.  

Fin octobre 2002, Pierre Perret sort un nouvel album assez sombre, Cui Là, quatorze chansons où il évoque divers cas de société, la mondialisation, la drogue, la cigarette, les poseurs de bombe..., à travers des textes savoureux et merveilleusement écrits. Le chanteur régale de nouveau ses auditeurs avec une langue argotique et image qu'il connaît sur le bout des doigts. Parallèlement, il sort d'ailleurs un ouvrage consacré au vocabulaire de 145 professions différentes : Le parler des métiers.