Dick Rivers

 

Il fait partie du trio des chanteurs français des années 60 avec Eddy Mitchell et Johnny Hallyday qui ont popularisé dans la langue de Molière, le rock'n'roll façon Presley et Gene Vincent. Cheveux noirs gominés, inusables jeans et bottes de cowboy constituent la panoplie de cet homme que l'Amérique fascine depuis si longtemps.

 

Hervé Fornieri est né à Villefranche-sur-mer dans le sud de la France le 24 avril 1945. Rapidement, l'Amérique le fascine, Coca Cola, juke-box et évidemment le rock'n'roll. Le véritable choc a lieu quand il écoute pour la première fois le titre d'Elvis Presley Heartbreak Hotel en 57. Il décide de se lancer dans la musique et de devenir chanteur. Avec des amis, Jean-Claude et Gérard Roboly qui sont guitaristes ainsi que Gérard Jacquemus qui est bassiste, Hervé (qui a pris comme pseudo Dick Rivers du nom d'un personnage joué par Elvis Presley dans le film Loving you) monte un groupe, les Chats Sauvages.

 

Nous sommes en 1960 à Nice. L'année suivante, le groupe qui a travaillé d'arrache-pied monte à Paris pour essayer de percer. Après quelques difficultés, ils enregistrent un premier 45 tours chez Pathé Marconi. La suite est connue : des succès comme Ma petite amie est vache, Twist à Saint-Tropez ou Est-ce que tu le sais, des tournées triomphales, etc.

 

Mais Dick Rivers veut désormais faire une carrière solo. Il convainc son directeur artistique de l'époque, Monsieur Guiter, et dès l'automne 62, il sort un 45 tours Baby John qui se vend à 200.000 exemplaires. Il passe durant une semaine en vedette au Théâtre de l'Etoile à Paris, accompagné de son nouveau groupe anglais, les Krewkats. En fin d'année, un 33 tours est édité. Accentuant un certain côté crooner plutôt que rocker, Dick Rivers adapte en français des standards du duo Lennon/Mc Cartney mais l'un des plus gros succès de l'année 63 est sans aucun doute Tu n'es plus là, version française de Blue Bayou de Roy Orbison.

 

En 64, Son premier véritable album solo sort. Le titre principal est Rien que toi et devient un succès important. En novembre, Dick Rivers partage l'affiche d'un musicorama, retransmission en direct à la radio d'un concert à l'Olympia à Paris avec les célèbres californiens, Beach Boys. L'année suivante, le chanteur sort la version française du tube des Moody Blues, Go now qui se transforme en Va t'en va t'en et atteint bientôt la première place au hit-parade de Salut les Copains, la célèbre émission de la station radio Europe 1.

 

S'il a déjà effectué des tournées en France avec notamment Lucky Blondo et Françoise Hardy, en 65, il se lance à la conquête du Canada, pour de nombreuses dates. En 67, il reçoit un disque d'or pour Viens me faire oublier, n°1 au Canada. Alors qu'il a déjà à son actif quelques 5 millions de disques vendus, Dick Rivers part pour les Etats-Unis en 67, enregistrer un album avec les plus grandes pointures des musiciens rythm'n'blues du moment. Dick Rivers story mis en boîte dans les fameux studios de Muscle Shoals en Alabama reste un des meilleurs albums de cette époque-là.

 

La fin des années 60 semble un peu plus difficile : en effet, la vague yéyé dépassée et le mouvement hippie en pleine expansion mettent sur la touche un certain nombre d'artistes comme Dick. Passage à vide et expérience étrange, le rocker-crooner s'associe à Gérard Manset en 69 pour l'Interrogation, un album-comédie musicale avec 72 musiciens. Au Canada, Dick Rivers est toujours aussi apprécié et cela lui permet de remonter sur scène avec le groupe Labyrinthe. Il enregistre ensuite un album de standards de rock'n'roll en anglais réarrangés, Dick'n'roll. Il récidive ensuite avec un second volume the Rock machine qui date de 72. Quelques succès (dont certains écrits par Alain Bashung) viennent ensuite rappeler Dick Rivers au bon souvenir du public : Marilou, Rock'n'roll Star et surtout Maman n'aime pas ma musique qui devient disque d'or en 74.

 

Toujours attaché à la culture et particulièrement à la musique américaine, il enregistre en 76 un album de country-rock Mississippi Rivers dont la pochette est dessinée par le créateur de Lucky Luke, Morris. "Je continue mon rock'n'show" semble dire le chanteur entouré pour l'occasion de très bons musiciens d'outre-Atlantique. Quelques succès ponctuent la carrière plutôt calme de Dick dans les années 80 : Cinderella, les Yeux d'une femme ou Nice baie des Anges. En 82, l'album Sans légende passe inaperçu. Diversifiant ses activités, mais toujours aussi passionné, il raconte sur les ondes de RMC l'histoire du rock et de la pop music dès janvier 83. En 86, il sort un premier livre de souvenirs intitulé Hamburger, Pan-bagnat et Rock'n'roll. Il récidivera en 89 avec un roman Complot à Memphis. La fin de cette décennie est marquée par la sortie d'un double album-concept Dick Rivers présente Linda Lu Baker, l'histoire d'une star des années 50 avec la participation de Francis Cabrel, Liane Foly, les Américains du Golden Gate Quartet entre autres.

 

Après de nombreuses années d'absence des planches, voici Dick Rivers qui entame une tournée commune avec Francis Cabrel intitulée Rock and Roll Show, interprétant des standards américains du rock en anglais.

 

Un an plus tard, il enregistre à Austin (Etats-Unis) un disque hommage au rocker Buddy Holly. Bernard Droguet signe les textes français de Holly Days in Austin, qui sort en fait l'année suivante. Toujours aussi apprécié au Canada, une compilation de ses meilleures chansons datant de la période 61/69 sort en 93. Nouveau succès et tournée triomphale pour le rocker français. En France, la compilation Very Dick, sortie l'année suivante retrace quelques trente-trois ans de carrière.

L'année 95 est marquée par un véritable retour discographique. En effet, Dick Rivers sort un album original Plein Soleil, avec Patrick Coutin comme producteur. Entre ballades country et ambiances tex-mex, le disque sonne américain, avec un son actuel. D'après les critiques, le meilleur album du chanteur depuis longtemps. Motivé par ses récents succès, il remonte sur scène à Bobino à Paris pour dix jours en novembre 95. Entouré de musiciens américains, il apparaît très en forme, cheveux noir corbeau, silhouette longiligne et indispensables santiags, pour parfaire le tableau. Son fils Pascal (né en 66), devenu réalisateur de clips est là pour filmer le retour sur scène de son chanteur de père. Après la sortie d'un double live en 96 Authendick, un concert pour fêter ses cinquante ans à Disneyland Paris, il se produit pour un concert unique à l'Olympia le 9 janvier 97, la date anniversaire de la naissance d'Elvis Presley (le 8). Le bassiste d'Eric Clapton et Mick Taylor, ex-Rolling Stones viennent prêter main forte pour cette soirée éminemment rock'n'roll.

 

Décidé à faire des albums de plus en plus personnel, même s'il ne laisse pas tombé ses vieilles passions, le chanteur à la voix grave sort un nouvel album Vivre comme çà au début de l'année 98. Pas moins de seize auteurs et compositeurs participent à l'écriture des treize morceaux : André Manoukian, David Mc Neil, Marc Morgan etc. Le premier simple s'intitule La trahison des mots dans lequel le chanteur évoque le show-biz et ses requins. Sa tournée promo passe au Casino de Paris du 24 au 26 avril 98. En 1999, Dick tourne son premier film La Candide Madame Duff avec Jean-Pierre Mocky et donne près de 60 concerts en France, Belgique et Suisse. L'année du nouveau millénaire débute par un concert à Paris, le 28 mars, puis Dick repart en Province et à l'étranger pour une nouvelle série de concerts. En novembre 2000, il retrouve Austin (Texas) pour enregistrer l'album qui marquera ses 40 ans de carrière.

 

Mais avant, on le retrouve avec un roman au printemps 2001, deuxième essai après Complot à Memphis en 89. Toujours situé aux Etats-Unis, Texas Blues raconte une histoire d'amour sur fond de rock'n'roll. Régulièrement, Dick revient à la musique. En octobre, sort un nouvel opus intitulé Amoureux de vous réalisé en collaboration avec Patrick Coutin. Les textes ont été confiés à des gens aussi différents que Philippe Labro, Francis Basset ou Thierry Sforza. Si les arrangements sont souvent sirupeux, la pochette de l'album se charge de rappeler l'esprit rock'n'roll qui est censé animer Dick : une pin-up avec dans le dos, un tatouage à l'effigie du chanteur ! A 56 ans, le rocker fait son chemin tranquillement alliant la variété au rock'n'roll "à papa".

 

Moins célèbre que ses confrères Johnny Hallyday et Eddy Mitchell, avec lesquels il a fait ses classes (de rock'n'roll), Dick Rivers a durant de nombreuses années navigué en solitaire. Détenteur de la marque d'origine du rock, le chanteur-crooner est resté tout au long de sa carrière, fidèle à ses premières amours musicales.