Bix Beiderbecke

Il est entré dans la légende à la fois comme le premier musicien blanc et le premier artiste maudit du jazz. Sa vie- identique en bien des points à celle de F. Scott Fttzerald et de ses Enfants du jazz - habitée par une fureur et un mal de vivre, dévorée par la musique et détruite par l'alcool, inspira la romancière Dorothy Baker dans son roman Le jeune homme à la trompette, traduit par Boris Vian qui admirait le musicien.

Leon Bismark Beiderbecke naquit en 1903 à Davenport (Iowa). Il commença à étudier le piano dès l'âge de trois ans et ne se mit au cornet qu'en 1917. Il avait pu se familiariser très tôt avec la musique de jazz grâce aux navires à aubes qui remontaient le Mississippi jusqu'à sa ville natale. Nombreux étaient les musiciens qui jouaient à bord de ces navires et parmi eux se trouvait précisement le grand trompettiste Emmett Hardy, qui allait profondément influencer le jeune Bix.

C'est à l'âge de vingt ans que Beiderbecke joua pour la première fois en compagnie des Wolverines. Avec eux, il allait se produire tout d'abord à New York, puis à Chicago. Dans cette dernière ville, il va soigneusement étudier le jeu de Louis Armstrong et celui de King Oliver. En 1925, il joue dans l'orchestre de Charly Straight, apprenant par cœur les arrangements, puisqu'il ne sait pas lire la musique. Il entendit pour la première fois Frankie Trumbauer et son saxophone-mélodie en 1926. Conquis, il se produisit avec lui à St Louis.

Ils allaient par la suite travailler avec Jean Goldkette et Paul Whiteman. Désespéré de ne pouvoir réalisé de grandes ambitions, Bix boit de plus en plus, subit une cure de désintoxication dont il sort brisé ; Paul Whiteman ne le réengage pas (1930). Il joue encore épisodiquement. Son organisme délabré ne surmontera pas une pneumonie, dont il mourra à l'aube du 7 août 1931. Il n'avait que vingt-huit ans.

Tourmenté, insatisfait ("je crois que c'est à cause de son perfectionnisme qu'il buvait tant", déclare son disciple, le trompettiste Jimmy McPartland), il apporta au jazz une connotation romantique par un indéfinissable accent mélancolique, un parfum impressionniste, un raffinement qui en fait le premier soliste cool de l'histoire du jazz et un précurseur de l'art de Miles Davis : un usage très personnel du vibrato, un timbre riche en harmoniques, une sonorité douce et chaude sont caractéristiques de ce passionné de musique.