Né
en 1917 à Cheraw (Caroline du Sud), Dizzy
Gillepsie apprit à jouer de divers instruments avant de se décider pour la
trompette. Il fut d'abord influencé par Roy
Eldridge (de six ans son aîné) qu'il remplaça au sein de Teddy Hill Band en 1937 et avec lequel
il fit une tournée en Europe et découvrit Paris. De retour au pays, il
fréquenta de nombreux big bands, parmi lesquels ceux de Earl Hines, Cab Calloway
et Billy Eckstine, jusqu'à ce que le
bop émerge, au milieu des années
quarante, et avec lui le nom de Dizzy Gillepsie. Celui-ci forma ensuite ses
propres groupes, partit jouer cette musique "nouvelle", à laquelle il
était forcé d'intégrer une musique plus familière, et donc plus compréhensible.
Instrumentiste,
il a "élevé la facture du solo de trompette à un niveau jusqu'à lui
inconnu dans le jazz"; Chef du premier orchestre be-bop (1946), il a
introduit les rythmes afro-cubains par l'arrivée de percussionnistes comme le
cubain Chano Pozo à la conga ;
Compositeur, il a apporté au jazz des compositions singulières, devenues
classiques (Night in Tunisia, Groovin'Hight, Dizzy
Atmosphère, Anthropology…) ; arrangeur,
il a su, avec Tadd Dameron et Gil Fuller, insuffler une nouvelle
agressivité/complexité sur les plans harmonique et rythmique ; chanteur et
gagman, il a prolongé dans des interventions scat l'expression du comique de
l'absurde jusqu'au délire verbal (ses duos avec les chanteurs Kenneth Hagood
et Joe Caroll).
Il
a été également l'un des premiers à refuser de jouer le rôle de "l'oncle
Tom" attribué au musicien de couleur, et cependant, a contribué par le
côté spectaculaire de son jeu, de son comportement, à mieux faire admettre
cette nouvelle musique qu'il avait fait découvrir avec son big band en France
en 1948 (le fameux concert du 28 février à Pleyel qui provoqua un choc
mémorable et constitua l'événement le plus important de l'immédiat
après-guerre).
Le
grand orchestre, John Birks Gillepsie en avait très tôt fait l'expérience, et
c'est dans celui d'Earl Hines qu'il
rencontra Charlie Parker avec lequel
il se produisit par la suite dans les
clubs de la 52ème Rue et enregistra quelques chefs-d'œuvre en 1954.
Son orchestre dissous en 1950, il jouera en petite formation au sein du
J.A.T.P., avant de parcourir le Moyen-Orient et l'Amérique du Sud en 1956, à la
demande du Département d'Etat, afin de faire connaître le jazz.
Dizzy
Gillepsie enregistra beaucoup de disques. Il posséda même son propre label Dee
Gee, simple épisode de sa longue
carrière de jazzman. S'il réunit autour de lui des formations de toutes
tailles, et joua souvent avec les plus grands -Sonny Rollins, Stan Getz,
Count Basie, Duke Ellington -, l'homme de spectacle sut toujours se mettre en
avant et se rappela au bont souvenir de l'Amérique lorsque, par deux fois en 1964
et 1972, il posa sa candidature à la présidence des Etats-Unis. En cas
d'élection, Max Roach devait être le
ministre de la guerre et Mingus le ministre de la paix !
Avec
l'United Nation Orchestra, mis sur pied en 1988, Dizzy parcourut l'Afrique,
visitant le Maroc, le Nigéria, le Sénégal, le Zaïre. Il revint aussi en
Amérique du Sud, portant partout la bonne parole du jazz qu'il défendait si
bien. Décoré par le président Bush de la National Medal of Arts, fait
Commandeur des Arts et des Lettres par Jack Lang en 1989. Il continua de
souffler dans sa trompette coudée dans le monde entier avec la même pugnacité,
le même enthousiasme, jusqu'à sa mort en 1993.
Dizzy,
au terme d'une vie bien remplie, trouva le temps de rédiger ses mémoires.
Ecrite avec Al Fraser, son autobiographie, To
Be Or Not To Bop, a été éditée en 1981.