Charlie Parker 

Charles Christopher Parker est né le 29 août 1920 à Kansas City. Il commence à jouer du saxophone à l'age de treize ans. Mais déjà à seize ans, il devient professionnel et mène déjà une vie de musicien adulte. Il trompe ses employeurs, sur son âge réel, grâce à sa corpulence et d'autre part il vient de se marier avec Rebecca Ruffing, une femme de quatre ans son aînée.

Now’s The Time

April in Paris

With Strings

South Of The Border

Jam Session

1948         -            CD

1950          -            CD          

1950          -            CD

1950         -          CD

1952             -           CD

Dès l'adolescence, Charlie Parker s'est pourvu méthodiquement d'une extraordinaire technique, qui lui permettra d'exprimer souverainement son génie. Maîtrisant toutes les tonalités, tous les doigtés, même les plus acrobatiques, il peut traduire " en temps réel " un discours complexe et cohérent, sur un tempo vertigineux. Lorsqu'à onze ans, sa mère lui offre son premier saxophone, leur ville de Kansas City est devenue une sorte de Babylone insomniaque, mise en coupe réglée par le gangster Tom Pendergast, qui partage avec ses confrères Al Capone et Luky Luciano un attrait providentiel pour le jazz.

Un soir de 1939, au cours d'une jam-session dans une pizzeria de Harlem, Charlie Parker prend conscience de la révolution musicale qu'il est sur le point d'accomplir : " Je me suis rendu compte qu'en utilisant les notes supérieures des accords comme ligne mélodique, et en les accompagnant de la progression harmonique adéquate, je pourrais jouer ce que j'entendais intérieurement. C'est ainsi que je suis venu au monde." L'harmonie, c'était depuis longtemps l'obsession de cet autodidacte qui n'avait pas hésité, un an plus tôt, à se faire embaucher comme plongeur dans le café où jouait son idole, Art Tatum. Son seul enseignement musical aura d'ailleurs été cette écoute analytique des deux musiciens qu'il a su reconnaître avant tout le monde comme les deux grands novateurs de cette fin des années 30 : Art Tatum, donc, et surtout Lester Young.

Les Parker vivent dans le ghetto, à deux blocs du Reno Club où Charlie, en culottes courtes, doit rester sur le pas de la porte. Il y passe ainsi des heures à écouter ses aînés qui lui enseigne malgré lui sa liberté rythmique, et dont les enseignements avec Count Basie deviendront ses disques de chevet. Ecoutant, copiant et extrapolant sans relâche, il devient assez aguerri pour entrer dans le groupe de Buster Smith, un autre alto qui l'aide à perfectionner sa sonorité et à épurer son phrasé. Charlie n' a que 17 ans, mais ce n'est certes plus un gamin : depuis 2 ans, il est marié et déjà familier de ces "paradis artificiels " qui lui coûteront la vie. Peu de temps après son arrivée à New York, il est engagé dans l'orchestre d'un autre musicien originaire de Kansas City, le pianiste Jay McShann, avec qui il enregistre ses premiers solos. Pendant cette période on commence à l'appeler " Yardbird ", plus tard transformé en " Bird ".

En 1940, on peut l'entendre sur les disques de McShann. Ce sont les premiers enregistrements de Parker, avec entre autres Body and Soul, Moten Swing ou Lady be good. Son jeu au saxophone alto est encore très classique.

En 1941, par contre, on ressent les débuts de son style dans un titre comme Hootie Blues, enregistré le 30 avril de cette année-là, toujours avec Mcshann. En juillet 1942, il quitte la formation de ce dernier, préférant travailler dans des petits clubs de New York tels que le Minton's ou le Montoe's Uptown House et jouer des jam sessions avec Dizzy Gillespie, Thelonious Monk, Kenny Clarke et d'autres jeunes musiciens.

C'est à cette époque qu'il commence à s'adonner à l'héroïne, à l'alcool et à mener une vie décousue. Les rapports avec son entourage en sont affectés. Il donne l'impression de ne tenir aucun compte des remarques qu'on peut lui faire, pas plus qu'il n'est arrêté par des considérations morales, tant sur le plan personnel que sur le plan moral. Grâce à Dizzy Gillespie, il entre dans l'orchestre de Earl Hines, puis dans celui de Billy Eckstine. Mais Parker ne peut s'y maintenir longtemps : son comportement excentrique, le fait qu'on ne peut jamais compter sur lui, en font un musicien qu'on hésite à employer.

Durant l'été 1944, on le retrouve avec une petite formation au Three Deuces Club, avec Dizzy à la trompette. C'est avec cet orchestre qu'il réalisa ses premiers grands enregistrements. Le 15 septembre de cette année- là, il enregistre avec Tiny Grimes pour le label Savoy. Mais c'est en 1945 que Parker et Gillespie vont produire les premiers enregistrements qui annoncent le mouvement bop. Groovin'High, All the things you are, Salt Peanuts, Loverman et surtout Hot House surprennent le monde du jazz. Le 26 novembre 1945, Parker enregistre pour le label Savoy ce que l'on considère unanimement comme le premier disque de bop. Il est accompagné par un Miles Davis tout jeune à la trompette, Gillespie n'intervenant que sur Koko mais étant présent au piano sur Billie's Bounce et Now's the time; Curly Russell est à la contrebasse et Max Roach à la batterie.

A la fin de l'année, le groupe de Parker et Gillespie décroche un contrat pour jouer à Los Angeles, puis dans deux des concerts du " jazz at the Philharmonic ", organisés par Norman Granz. Charlie décide de rester en Californie. Il reçoit la visite de Miles Davis avec lequel il enregistre quatre titres le 28 mars, dont Ornithology.

Le 29 juillet, il enregistre avec Howard McGhee Lover Man pour le label Dial. Il consomme de plus en plus de drogue et finit par être interné à l'Hôpital Camarillo. Ce n'est qu'au début de l'année 1947 qu'i1 revient à New York. Gillepsie a fini par perdre patience et Bird doit constituer un nouvel orchestre; il forme son propre quintette, avec Miles Davis, Max Roach, Bud Powell (puis Duke Jordan) et Tommy Potter. Le jeune Miles Davis, parfois assez inégal, tente de concurrencer Gillepsie avec une technique manifestement inadaptée, mais qui n'en révèle déjà pas moins un sens très personnel du temps et de l'espace. Sont enregistrés pourtant cette année-là plusieurs titres pour Savoy, qui resteront des classiques parkeriens : Cheryl, Donna Lee, Another Hair-do, Dexterity, Bongo Bop.

Parker se débat dans un chaos personnel quasi continuel. Max Roach et Miles Davis le quittent et il engage un jeune trompettiste blanc, Red Rodney, avec Al Haig au piano. Au début des années 50, après une vie sentimentale marquée par deux divorces, il fait la connaissance de Chan Richardson, qui lui donnera deux enfants. La dernière période discographique de Parker appartient essentiellement au label Verve (qui a incorporé le catalogue de Mercury). Elle est parsemée de nombreuses sessions en studio d'un intérêt majeur même si elles n'ont plus l'impact original des séances Dial et Savoy. C'est aussi le temps des voyages en Europe, en mai 1949 d'abord, pour un engagement au Festival International de Jazz de Paris (il y rencontre Boris Vian, Jean-Paul Sartre et André Hodeir), en novembre 1950 ensuite, pour les concerts en Suède et au Danemark, à l'automne 1951 enfin, pour une tournée JATP en Allemagne et en Belgique. On retiendra les enregistrements avec cordes conçus avant tout pour plaire, Charlie Parker with strings, dont le célèbre thème Just friends, et ceux enregistrés dans le style afro-cubain, notamment avec l'orchestre de Machito, South Of The Border.

Le 6 juin 1950, il retrouve deux vieux compères, Dizzy et Thelonious Monk, pour l'enregistrement de Bird and Diz. Début Juin 1952, il participe aux fameuses Norman Granz Studio Jam Session avec Benny Carter, Johnny Hodges, Ben Webster, Barney Kessel et Oscar Peterson. En 1953, le grand concert organisé au Massey Hall de Toronto (où il joue sous le pseudonyme de Charlie Chan avec Bud Powell, Max Roach, Gillespie et Mingus) sera la dernière date importante de sa carrière. Un an plus tard, sa fille Pree meurt, Parker est déjà très malade. Il décède le 12 mars 1955 d'une cirrhose, dans son fauteuil en regardant Tommy Dorsey à la télévision chez la baronne Nica de Koenigswater. Le médecin légiste qui l'examina estima son âge à 53 ans : il en avait 34.

Dans les semaines qui suivent, les murs de New York seront couverts de ce graffiti dérisoire et énigmatique Bird Lives. Même si ce surnom anecdotique n'a pour origine que son goût pour le poulet (yardbird), aucun autre ne pourrait mieux résumer le style parkérien : vol capricieux autour d'une ligne mélodique souvent à peine suggérée, mais toujours tendu vers un objectif lointain, qui repousse à l'horizon toutes les limites prévisibles de l'improvisation.

Quels que soient ses partenaires ou le thème choisi, un solo de Parker est toujours une aventure aux frontières de l'inouï, une succession d'épreuves librement risquées, d'accidents héroïquement surmontés. La prodigieuse diversité des accentuations, des syncopes, des silences, des appoggiatures traitées non pas comme des ornementations, mais comme de véritables parenthèses lourdes de sens, tout dans son jeu procède d'une intuition vertigineuse et quelque peu surhumaine. On comprend qu'il ait été la cible principale des intégristes comme Pannassié, qui voyait dans ses enregistrements les "versets sataniques" du be-bop !

Et pourtant, Parker est toujours resté avant tout un génial interprète du blues; ses propres compositions respectent d'ailleurs presque toutes ces formes traditionnelles, à moins qu'elles ne soient des remakes de standards des années 20 et 30 : Koko vient de Cherokee, Donna Lee de Indiana, Ornithology de How High The Moon, ...