Souvent considérés comme des émules des
Beatles, les Byrds naissent en 1964, lorque deux musiciens issus du
folk, Chris Hillman et Michael Clarke, rejoignent le trio de choc
Roger McGuinn, David Crosby et Gene Clark, alors connu
sous les noms de Jet Set, puis Beefeaters. Et d’emblée l’association fait des
merveilles. Dès leur premier single, une reprise très Fab Four du Mister Tambourine Man de Bob Dylan,
le ton est donné : sublimes harmonies vocales, fluidité instrumentale exceptionnelle,
production légère et aérée.
Les Byrds
annoncent la réponse américaine à l’invasion des quatre de Liverpool; c’est
d’ailleurs avec cet argument que leur maison de disques, CBS, va les vendre.
Les Byrds sont photogéniques : McGuinn porte la frange avec de petites lunettes
rectangulaires aux verres teintés, David Crosby revêt une veste de daim verte,
Michael Clarke a une coupe de cheveux à la Brian Jones, et Gene Clark est
habillé en dandy.
Leur premier album paru en 1965, Mr Tambourine Man, est très consistant, grâce à
cinq excellentes compositions de Gene Clark, parmi lesquelles I Knew I'd Want You, Here
Without You, au spleen qui rappelle John Lennon, et Feel A Whole Lot Better, chef-d'oeuvre de cynisme
sentimental, sans doute le meilleur morceau des Beatles à avoir été écrit - et enregistré
- par quelqu'un d'autre.
De retour aux
Etats-Unis, celà ne va pas les empêcher de devenir les nouveaux rois
d'Hollywood, attirant la jeune génération du cinéma : Peter Fonda, Dennis
Hopper et Jack Nicholson. Leur deuxième album,
Turn ! Turn ! Turn,
paru la même année les place à nouveau à la première place des hits-parades
bien qu'il s'éloigne quelque peu du merseybeat pour sonner plus californien,
sans rien perdre de ce spleen magnifique.
Ils connaissent toutefois leur premier
revers au cours d'une tournée anglaise qui les prend au dépourvu et met en
relief leurs limites scéniques. Pendant ce temps, Cher torpille leur
second 45 tours en reprenant leur arrangement de All I
Really Want To Do de Dylan et en le publiant la première. Début
1966, les Byrds vont apporter une nouvelle révolution dans le rock. A Londres,
à la fin d'un dîner avec Brian Jones, Gene Clark écrit Eight
Miles High, une chanson sur le décalage culturel entre la Californie et
la vieille Albion. Crosby y ajoutera un couplet et McGuinn transformera cette
ballade aérienne en un tour de force, y adjoignant un solo de guitare
psychédélique inspiré par John Coltrane.
On peut considérer ce titre comme la
naissance du rock psychédélique. Les radios américaines le censureront,
certaines que la chanson fait l'apologie de la drogue. Les Byrds ont été, il
est vrai, pionnier en la matière, Crosby, notamment, ne se gênant pas pour
fumer des joints sur scène. Quelques semaines plus tard, Gene Clark, jalousé au
sein du groupe pour ses chansons, ses droits d'auteur et ses conquêtes
féminines, chahuté par Crosby pour son sens du rythme approximatif, quitte les
Byrds, officiellement, parce qu'il a peur de prendre l'avion. L'échec relatif
d'Eight Miles High, destiné à connaître un succès immense, interrompt
définitivement l'ascension du groupe.
Fifth Dimension
enregistré en quatuor, en 1966, ne redresse pas la barre.
L'album, entre deux styles, même pop psychédélique et airs traditionnels
richement arrangés. En 1967, pourtant, s'amorce une renaissance. Le départ de
Clark a été digéré. Ainsi, Younger Than Yesterday, sera considéré par
certains comme le meilleur disque du groupe avec notamment à ses deux tubes So You Wanna Be A Rock'n'Roll Star, avec Hugh
Masekala à la trompette, et une nouvelle reprise de Dylan, My Back Pages.
Crosby signe ses plus beaux morceaux, dont Everybody's
Been Burned doté d'un somptueux solo de McGuinn et une partie de basse
magique. Chris Hillman y révèle aussi ses talents de compositeur, avec Time Between et The Girl Who
Has No Name. Déjà nourri de Coltrane et Miles Davis,
McGuinn, initié à la musique de Ravi Shankar par David Crosby, use
volontiers de lignes mélodiques indianisantes dans Why
? et Thoughts And Words, faisant de cet
album le chef-d'oeuvre de ce qu'on appellera fugacement le raga-rock.
Renaissance toutefois contrariée par le
limogeage de Crosby, une montagne de griefs s'étant accumulée contre le
guitariste : Crosby est soupçonné de
vouloir rejoindre Buffalo Springfied qu'il a dépanné au festival de
Monterey, il exaspére les autres en se
posant comme porte-parole de la jeunesse hippie californienne...Gene Clark est
alors rappelé, mais son mal de l'air l'emporte à nouveau. Michael Clarke, lui
ne résiste pas à l'enregistrement de The Notorious
Byrd Brother que McGuinn et Hillman terminent à deux. Ils
parviendront à un résultat remarquable, utilisant toutes les techniques de
studio disponibles (surtout le phasing), pour créer un disque au climat unique,
onirique, trouble et hésitant comme l'époque, qui deviendra l'objet d'un culte
en Grande Bretagne, au même titre que le Forever
Changes de Love. Entre-temps, leur manager, bientôt évincé
pour indélicatesse, omet de leur transmettre l'invitation de Bob Dylan qui leur
demandait de l'accompagner sur John Wesley Harding, ce qui leur vaudra la
fureur de ce dernier, qui leur préférera désormais The Band sur scène.
De plus en plus
sur le déclin, les Byrds sont pourtant à l'origine d'une des plus grandes
révolutions de la musique américaine. Rien n’affecte en effet leur créativité.
Mieux, avec l’arrivée de Gram Parsons, les Byrds prennent dans le sillage des Buffalo
Springfield, la direction d’un country-rock alors novateur et signent un
des plus beaux disques du genre, Sweetheart Of the
Rodeo.
Ce disque où, pour la première fois le rock
californien drogué et contestataire s'allie à la musique country puritaine et
réactionnaire, inspirera à Bob Dylan son virage de Nashville
Skyline et crée un genre dont les Eagles deviendront les plus
fameux représentants des années 70. Malheureusement, le succès ne sera pas au
rendez-vous pour l'album. Le public country reste de marbre et celui du rock
psychédélique préfère The Band et les groupes de San Francisco.
En 1969, Parsons et Hillman partent monter
le Flying Buritto Brothers. Fidèle au poste, Roger McGuinn poursuit
l’œuvre des Byrds, enrichi de Clarence White, guitariste virtuose admiré
par Jimi Hendrix, du bassiste Skip Battin et du
multi-instrumentiste Gene Parsons à la batterie. Tous les musiciens
chantent et composent : ce sera sur scène la meilleure formation des Byrds,
hélas mal reflétée sur disque, Untitled étant
le seul album digne d'intérêt de cette période. Sur le premier disque de
l'album, on peut juger de la qualité de la formation sur scène avec un
exceptionnel Lover Of The Bayou et un Eight Miles High de dix huit minutes; le deuxième
marque le retour en verve de McGuinn avec le splendide Chestnut
Mare que Dylan saluera comme étant la cchanson qu'il aurait aimé
écrire. L’aventure s'arrête en 1973. Cette
année là, Roger McGuinn parvient à convaincre ses anciens compagnons (excepté
David Crosby) de reformer les Byrds première mouture. Le disque qui sort alors,
Byrds, est un demi-échec. Quelques mois
plus tard, Gram Parsons meurt d’overdose. Il est temps de raccrocher. Les Byrds
auront marqué l’époque. La plupart des grands groupes de country-rock ou de
folk-rock du début des années 70 sortent de cette pépinière : Crosby,
Stills, Nash and Young, Manassas, les Flying Buritto
Brothers. Les Byrds auront aussi laissé une empreinte indélébile sur les
artistes à venir, influençant des gens aussi différents que Patti Smith
(qui a repris " So you wanna be a Rock’n’Roll Star ", Tom
Petty ou R.E.M.