Ray
Charles
Ray Charles a touché à tous les genres,
blues, rhythm & blues, country music, gospel, soul, jazz et
variétés. Il se trouve d'ailleurs dans la plupart des ouvrages en français dans
tous ces domaines. Génie pour les uns, dinosaure du show-business américain
pour d'autres, broother Ray a en tout cas des racines blues indubitables.
Certaines sources
donnent 1933 comme la véritable année de naissance de Ray Charles à Albany,
Georgie (et non 1930). Quant à sa cécité, s'il est établi qu'elle a pu survenir
vers l'âge de six ans, ses causes restent encore discutées : glaucome ou
accident.
A cause de ce handicap, Ray quitte sa
Georgie natale pour aller vivre en Floride, dans la petire bourgade de
Greenville. Il assiste aux cours d'une école pour sourds et aveugles et prend
là ses premières leçons de piano et de clarinette. A la mort de ses parents, il
quitte la Floride pour Seattle. Après plusieurs expériences (la rencontre
notamment de Quincy Jones), il se retrouve pianiste de Lowell Fulson,
grâce à qui il enregistre dès 1948 pour le petit label Swing Time.
Ray y imite très fidèlement les idoles des
Noirs de l'époque : Nat King Cole et Charles Brown. Mais c'est
surtout à partir de 1951 et son association avec le label Atlantic que Ray va
donner la pleine mesure de ses talents. Les premiers titres pour Atlantic, en
particulier une merveilleuse version de Losing hand,
sont presque tous des blues ou des ballades à la manière californienne.
Charles est un chanteur très prenant à la voix expressive légèrement voilée et
sensuelle. Au cours des années 50, il intègre de plus en plus le phrasé, la
frénésie, les arrangements orchestraux du gospel, s'adjoignant un groupe de
chanteuses, les Raelettes, qui soulignent son véritable prêche profanes.
Il est ainsi un des tout premiers annonciateurs de la soul qui sera la musique
des Noirs après 1967.
Ray obtient plusieurs succès commerciaux : I got a woman, Hallelujah I
love her so, Talking about you
et surtout What'd I say qui triomphe dans
le monde entier et installe Ray Charles en tant que vedette internationale. Il
signe alors avec le label ABC, et enregistre encore quelques beaux morceaux,
souvent dus à la plume de son associé éphémère Percy Mayfield : I wonder, Hit the
road Jack, Georgia on my mind,
The dangerzone.
À partir du milieu des années 60, Ray
Charles, devenu un nom très important en Amérique même et un favori des
cabarets chics de Hollywood ou de Las Vegas, délaisse progressivement le style
qu'il a créé pour d'autres horizons, notamment la country music et, de plus en
plus, les variétés. Il fonde eu 1968 ses propres labels, Tangerine puis
Crossover, et enregistre abondamment dans une veine très proche de celle des
crooners style Sammy Davis Jr. Son influence a été très importante sur
des chanteurs comme Stevie Wonder ou Otis Redding et il demeure
très populaire dans le monde, entier. Son naturel, son aisance dans le film Blues
Brothers font regretter qu'il n'ait pas davantage été utilisé par le
cinéma.
Très concerné par les mouvements sociaux et
la lutte pour les droits civiques des Noirs américians, (il a ainsi quitté un
concert après avoir constaté que les spectateurs étaient placés selon la
couleur de leur peau), Ray Charles a rencontré Martin Luther King en
1963 et le chef du gouvernement israélien Ben Gourion en 1970. Un homme
généreux, tel que le montre cette anecdote : en 1977, au cours d'un concert à
Los Angelès, Ray échappe de justesse à la mort, quand un dément tente de
l'étrangler durant le show. Ray ne portera pas plainte, le pauvre bougre sera
délivré.