The Cure
Lyrics
Robert Smith,
né le 21 avril 1959 à Blackpool, Angleterre, grandit à Crawley, dans le Sussex.
Il reçoit sa première guitare en 1972, prend quelques vaines leçons et commence
à jouer avec des amis d'école, rencontrant Lol Tolhurst et Michael
Dempsey, respectivement batteur et bassiste, au hasard de différents
groupes. Avec le renfort de Paul "Porl" Thompson à la guitare,
ils forment Malice en 1976, dont le répertoire est exclusivement
constitué de reprises de Jimi Hendrix. Début 1977, le groupe, rebaptisé Easy
Cure, engage un certain Peter O'Toole au chant. Attiré par une alléchante
publicité du label Hansa demandant "Voulez-vous enregistrer et
devenir une star?", le groupe envoie une cassette, décroche une audition à
Londres et signe un contrat de 1000 livres avec Hansa mi-1977. Les
relations entre Easy Cure - dont Smith est à nouveau chanteur après que O'Toole
soit parti rejoindre un kibboutz - et la maison de disques se détériorent
rapidement: dans un premiere temps, Handa refuse de publier les dix titres que
le groupe a enregistrés, lui suggérent de se consacrer exclusivement à des
reprises. Le contrat est rompu en mars 1978 après le refus du label d'utiliser Killing An Arab comme premier 45 tours.
Three Imaginary Boys |
Seventeen seconds |
Faith |
Pornography |
The head on the door |
Kiss Me! Kiss Me! |
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1979 LP |
1980 LP |
1981 LP |
1982 LP |
1985 LP |
1987 LP |
Devenu The Cure, le groupe, réduit à
un trio après le départ de Thompson, fait alors la rencontre de Chris Parry. Ce
dernier, directeur artistique chez Polydor, lui propose de devenir le premier
artiste du label Fiction, entité autonome qu'il vient de créer au sein
de la maison mère. Le contrat est signé en août 1978. Killing
An Arab sort en décembre, non chez Polydor, qui préfère attendre (et le
rééditera plus tard), mais sur l'indépendant Small Wonder. Ce titre,
inspiré par la scène du meurtre de l'Etranger de Camus, dévoile le
sentiment persistant de distance au monde et d'absence à soi-même qu'éprouve
Robert Smith. Le son étouffé et l'orchestration minimale soulignent
efficacement l'impression de solitude et de détachement. Plus que son thème
douloureux, c'est le titre même qui provoque la confusion: celle-ci culmine lors d'un concert de
février 1979, où National Front, mouvement d'extrême droite anglais, distribue
des tracts enjoignant de "tuer un Arabe" et déclenche une bagarre
générale. Trois semaines plus tard, le groupe fait encore parler de lui après
qu'une jeune femme ait sectionné l'oreille de son compagnon au cours d'un de
ses concerts. Pour The Cure, dépassé par les événements, il s'agit néanmoins
d'une aubaine publicitaire. Sounds l'a d'ailleurs mis en couverture dès
janvier 1979; lyrique, le journaliste Dave McCullouch déclare que "The
Cure a ravivé l'étincelle du rock'n'roll" en lui.
L'album Three
Imaginary Boys, collection de chansons pop névrotiques, sort en mai
1979. Un abat-jour, un réfrigérateur et un aspirateur figurent sur la pochette,
soulignant l'absence d'identité visuelle du trio à cette époque. Une nouvelle
version de cet album, où plusieurs morceaux ont été remplacés par les simples Killing An Arab, Boys Don't
Cry et Jumping Someone Else's Train
sortis entre-temps, est publiée peu de temps après aux Etats-Unis sous le titre
Boys Don't cry. Cette version fera
désormais référence. Fin 1979, Michael Dempsey quitte The Cure pour divergences
musicales et rejoint The Associates. Il est remplacé par Simon Gallup,
rencontré en février 1978 alors que The Cure partageait l'affiche avec son
groupe, Lockjaw. Son arrivée coincïde avec celle de Mathieu Hartley,
coiffeur à mi-temps recruté pour jouer des synthétiseurs. Au cours des six mois
suivants, le groupe va se métamorphoser: tournant le dos aux structures pop de
ses premières compositions, The Cure privilégie une musique atmosphérique,
voire planante, qui lui vaut parfois d'être qualifié de "Pink Floyd new
wave".
Publié en ami
1980, l'album Seventen Seconds,
impressionnant d'homogénéité, est critiqué pour la froideur des ses morceaux
-dont le 45 tours A Forest -, son climat
dépressif et la distance que le groupe s'acharne à entretenir avec le monde
extérieur. On parle alors de "cold wave" en France. L'album se classe
n°20 des ventes en Grande-Bretagne, et le groupe devient l'objet d'un véritable
culte de la part de nombreux adolescents, surnommés les "curistes" en
France, qui voient en lui le porte parole de leurs interrogations
existentielles, de leur dégoût et de leur indifférence face au monde. Quand The
Cure débarque en Australie à l'été 1980, son succès est tel que les sept dates
prévues en Océanie ont été remplacées par une série de vingt-quatre concerts,
regroupés en moins d'un mois. Les tensions entraînées par ce programme
éreintant conduisent au départ de Hartley en septembre. Réduit au trio Smith-Tolhurst-Gallup,
The Cure va connaître ses années les plus noires et les plus fascinantes. Pour
son troisème album, Smith a pour objectif d'enregistrer un album "plutôt
optimiste".
Cette bonne volonté est
sans effet: l'atmosphère des séances en studio s'alourdit progressivement, les
musiciens basculent dans un état persistant de désespoir et de découragement.
Publié en avril 1981, Faith est un album
introspectif et funèbre pour lequel The Cure semble avoir découvert en lui des
ressources de doute et de déséspoir qu'il ne se connaissait pas.
Il s'apparente à
une lente mais irrémédiable descente aux enfers, et se clôt sur le titre Faith où Smith, au bout de la désillusion, chante
"There's nothing left but faith". La cassette de l'album
contient également la musique, résolument sépulcrale, écrite par le groupe pour
accompagner le court-métrage Carnage Visors réalisé par Rick Gallup,
frère de Simon. Ce film est projeté avant l'entrée du groupe sur scène au cours
de la tournée qui suit pour mettre le public dans l'ambiance adéquate. Publié
en avril 1982, Pornography est le
troi-sième volet de ce qui sera appelé par la suite la trilogie de The Cure.
Sur cet album morbide et agressif, les obsessions de Smith, désormais unique
parolier, ont atteint leur apogée. La résignation solitaire qui dominait Faith a basculé dans la violence et la paranoïa,
comme s'il n'acceptait de disparaître qu'après avoir anéanti ses adversaires,
réels ou imaginaires. Des titres tels que The
Figurehead, Pornography ou Siamese Twins ne font aucun mystère des pulsions
homicides et suicidaires qui l'habitent
et qu'il regrette de ne pouvoir totalement libérer. C'est à cette époque que
Smith prend l'habitude de se grimer: il se laisse pousser les cheveux, adoptant
la célèbre coiffure en pétard - de nombreux fans s'identifiant totalement à
lui, l'imiteront fidèlement - et se maquille grossièrement avec du mascara et
du rouge à lèvre. En concert, les coulées de maquillage sur son visage, dues à
la transpiration, lui donnent une allure inquiétante qui s'accorde parfaitement
avec l'ambiance apocalyptique de Pornography.
La dégradation de l'entente avec les musiciens, entamée depuis quelques mois,
s'accélère, atteignant son apogée lors d'un concert à Strasbourg où une bagarre
éclate entre Smith et Gallup. Ce dernier démissione en juin 1982. Le groupe est
au bord de la séparation, mais aucune décision définitive n'est prise.
Cette phase
autodestructrice débouchera sur une renaissance. En octobre, Chris Parry
propose à Smith et Tolhurst d'enregistrer un 45 tours qui ne ressemble à rien
de ce qu'ils ont pu faire par le passé. Smith renâcle, puis écrit Let's Go To Bed, un morceau dansant et synthétique
aux paroles un peu niaises, parfaitement calibré pour les passages en radio. Il
est accompagné pour l'occasion d'une vidéo colorée, la première que Tim Pope,
connu jusqu'alors pour son travail avec Soft Cell, réalisé pour le
groupe.