The Eagles

Adulé par des millions d’auditeurs, ce groupe a incarné le country rock californien des années 70, ses harmonies vocales et une certaine façon de toujours prendre la vie du bon côté. Avec plus de 50 millions d’albums vendus, les auteurs de l’increvable  Hotel California  sont parvenus à l’une des plus plus vastes réussites commerciales du rock. Ce groupe s’est tellement assimilé à la notion de "confort d’écoute" qu’il a cristallisé la haine des punks et de la new wave de la fin des années 70, qui l’accusent, non sans raison, de torpeur et d’indolence.

Eagles

Desperado

On the Border

One of these nights

Hôtel California

1972                               LP

1973                             LP

1973                               LP

1975                                LP

1976                              LP

Au cours de l’été 1971, Linda Ronstadt tourne avec un groupe composé de Glenn Frey (ex-moitié d’un duo, Longbranch Pennywhistle, formé avec J. D. Souther), Randy Meisner (ancien bassiste de Poco puis du Stone Canyon Band de Rick Nelson), Don Henley (ex-chanteur-batteur du groupe texan Shiloh) et Bernie Leadon (le plus galonné, ayant joué avec Chris Hillman au sein des Scotsville Squirrel Barkers, avec (Doug) Dillard & (Gene) Clark et les Flying Burrito Brothers). Sûr de leur potentiel, John Boylan, le producteur-manager de Linda Ronstadt, les prend en main et leur obtient un contrat chez Asylum, un tout nouveau label monté par David Geffen, alors imprésario de Joni Mitchell et de Crosby, Stills, Nash & Young. Il devient le manager des Eagles et confie à l’Anglais Glyn Johns (qui a travaillé avec les Who, les Rolling Stones et Led Zeppelin) le soin de produire un premier album.

Enregistré à Londres en 1972, judicieux mélange de country rock sophistiqué aux harmonies époustouflantes et de rock à la facture plus classique, The Eagles ne rapporte au groupe que deux petits succès en 45 tours : Take It Easy, composé par Jackson Browne avec Glenn Frey, et  Witchy Woman.

A nouveau enregistré à Londres sous la houlette de Glyn Johns, Desperado (1973) fera pourtant des Eagles les leaders de la seconde vague du country rock californien. Album au thème ambitieux (la conquête de l’Ouest), porté aux nues par la critique, il reste leur plus belle réussite et laisse à la postérité deux classiques, Tequila Sunrise  et Desperado. Néanmoins, fin 1973, lorsque les Eagles repartent pour Londres enregistrer On The Border, tout ne va pas pour le mieux. Les relations sont tendues, particulièrement entre Glenn Frey d’un côté, Bernie Leadon et Randy Meisner de l’autre.

Après avoir mis en boite une dizaine de titres dont ils ne sont pas satisfaits, les Eagles remercient Glyn Johns et rentrent aux Etats-Unis à la recherche d’un nouveau producteur. Ils engagent d’abord un nouveau manager, Irving Azoff, un nouveau guitariste, Don Felder, spécialiste de la guitare slide, et partent en tournée avec, en première partie, un autre poulain d’Irving Azoff, Joe Walsh. Celui-ci leur fait écouter une cassette de son nouvel album The Smoker You Drink, The Player You Get, qu’il vient de terminer sous la direction du producteur Bill Szymczyk. La tournée terminée, les Eagles rencontrent ce dernier qui accepte de produire leur album. On The Border sort en avril 1974 avec huit chansons réalisées par lui et deux rescapées des séances londoniennes. Le son est beaucoup plus rock et permet à l’album d’obtenir un succès commercial immédiat qui rapporte aux Eagles leur premier disque de platine et trois tubes en 45 tours, Already Gone, James Dean et The Best Of My Love.

Après une longue tournée américaine, quelques concerts en Europe et un coup de main à Joe Walsh qui enregistre So What, les Eagles retournent en studio début 1975, toujours avec Bill Szymczyk. One Of These Nights sort en juin et consacre le groupe à l’échelon mondial. Moins de deux semaines après sa sortie, l’album est disque d’or. En août, il vire au platine et reste en tête du hit-parade américain pendant cinq semaines consécutives. Au même moment, du côté des 45 tours, One Of These Nights, qui donne son titre à l’album, est lui aussi n°1. Lyin’ Eyes grimpera au n°2 et Take It To The Limit au n°4. Pourtant, en décembre 1975, Bernie Leadon, déçu par l’orientation musicale prise par le groupe, quitte les Eagles. Il est remplacé par Joe Walsh. En février 1976, les pré-commandes de Their Greatest Hits 1971-1975 dépassent le million. Il s’en vendra plus de 7 millions d’exemplaires en un peu moins de deux ans.

En mars 1976, les Eagles entrent en studio à Miami (Floride). Ils en ressortiront neuf mois plus tard avec ce qui va devenir la pièce maîtresse de leur oeuvre et accessoirement l’une des cinq plus grosses ventes de l’histoire du rock avec 9 millions d’exemplaires vendus dans l’année suivant sa sortie : Hotel California. L’arrivée de Joe Walsh a définitivement mis un terme à ce qu’il restait de country dans le rock des Eagles. Trois 45 tours feront successivement un malheur dans les hit-parades : New Kid In Town, le seul titre de l’album chanté par Glenn Frey, Hotel California et Life In The Fast Lane, chanson coécrite par Walsh, Frey et Henley. Après une longue tournée qui traverse les Etats-Unis, le Canada et une bonne partie de l’Europe, à l’exception de la France, Randy Meisner annonce qu’il quitte le groupe. Il est remplacé en août 1977 par Timothy B. Schmit , celui-là même qui lui avait succédé une première fois au sein de Poco. En 1978, Randy Meisner sort son premier album solo et Joe Walsh son troisième, But Seriously Folks, enregistré au Bayshore Recording Studio que Szymczyk s’est fait construire à Coconut Grove, en Floride, avec ses royalties de One Of These Nights. Don Felder y joue de la guitare et de la pedal steel dans deux titres, alors que Don Henley, Glenn Frey et Tim Schmit font les choeurs sur un troisième. Dans la foulée, les Eagles commencent à travailler à l’enregistrement de leur nouvel album qui, assurent-ils, sera double. A la fin de l’année, comme les fans s’impatientent et que le disque est loin d’être prêt, est publié un 45 tours de Noël avec une reprise du classique de Charles Brown, Please Come Home For Christmas, et en face B un original intitulé Funky New Year. Finalement, après dix-huit mois d’une gestation difficile, c’est un album simple, intitulé The Long Run, qui voit le jour et déçoit bon nombre d’inconditionnels. Au cours de l’été 1980, les Eagles tournent accompagnés par J. D. Souther à la guitare et aux choeurs, Joe Vitale à la batterie et aux claviers, Vince Melamed aux claviers, Phil Kenzie au saxophone et Jage Jackson à la guitare. Le double Eagles Live sort à la fin de l’année. Cinq titres sur quinze datent de concerts enregistrés en 1976 avec Randy Meisner.

En 1982, un communiqué laconique annonce que, fatigués des vicissitudes du star system, les Eagles ont décidé de se séparer et de se consacrer à des projets individuels, mais qu’ils n’excluent pas de rejouer ensemble un jour. Parmi les anciens Eagles, Don Henley est celui qui obtient le plus de succès en solo, auteur en 1985 d’un tube international largement diffusé par MTV, The Boys Of Summer. La même année, Frey bénéficie du succès du film Le Flic de Beverly Hills, interprétant la chanson The Heat Is On. En 1994, les Eagles se sont retrouvés pour un concert télévisé sur MTV, donnant lieu à une cassette vidéo et à l’album Hell Freezes Over où, curieusement, on ne trouve que quatre nouvelles chansons. Une tournée américaine est organisée mais elle s’interrompt après quelques concerts. Selon la version officielle, Glenn Frey est malade. On s’interroge encore sur les vraies motivations de cette réunion avortée, lorsqu’au printemps 1996 une tournée européenne des Eagles est annoncée. Puis annulée sans explication.