P. J. Harvey

 

Polly Jean Harvey est née le 9 octobre 1969 à Yeovil (Angleterre). Enfant, elle apprend le saxophone et la guitare puis, adolescente, joue dans plusieurs groupes locaux. En 1991, elle forme PJ Harvey  avec Steve Vaughn (basse) et Robert Ellis (batterie). Le groupe signe sur un petit label independant, Too Pure, et publie deux singles remarques, Dress et Sheela-Na-Gig, que l'on retrouve sur le premier album, Dry publié en 1992, un disque brut et rugueux, deux adjectifs qui seront applicables à la quasi-totalite de l'oeuvre a venir de Polly Jean. Le succés critique est au rendez-vous (album de l'année pour le  New York Times , le Village Voice et Rolling Stone et le trio tourne enormement.

 

To Bring You My Love

Is This Desire?

Stories From The City

Uh Huh Her

GD                           1995

CD                           1998

2000                          GD

2004                        GD

 

 

Le groupe signe alors sur Island et pour son second album fait appel au celebre producteur Steve Albini (ex Big Black, groupe culte des annees 80), qui a travaille avec les Pixies et les Breeders et en fera bientot autant avec Nirvana sur In Utero. Rid Of Me en 1993 bénéficie donc d'une production choc, chargée de guitares abrasives et bruyantes qui séduisent un public de plus en plus nombreux, peut-être egalement attiré par l'aspect provoquant des chansons (Man-Size), des déclarations et plus généralement de l'attitude de Polly, toujours très crue dans ses propos. A la fin de l'année, elle publie

4-Track Demos, un album contenant des versions originales de chansons de Rid Of Me à l'état de maquettes.

 

A la suite d'une nouvelle tournée, le trio se sépare et Polly enregistre sous son nom (ce qui ne change pas grand chose !) son troisième album, To Bring You My Love en compagnie du producteur Flood (célèbre pour son travail avec U2, les Smashing Pumpkins et d'autres), du bassiste Mick Harvey (ex Bad Seeds) et des guitaristes Joe Gore (accompagnateur de Tom Waits) et John Parish. Plus subtil (on n'ose quand même pas l'adjectif pop), l'album rencontre un succès critique et surtout public, notamment grace au single Down By The Water. PJ joue de la guitare, du vibraphone, des percussions et tous les claviers. La tournée de l'album l'a montrée sous un jour très théâtral et la qualité de son travail lui vaut d'être nominée pour le Mercury Music Prize et pour deux Grammys. Rolling Stone et Spin lui décernent le titre d'Artiste de l'Année 1995 et l'album obtient le titre d'album de l'année à l'unanimité.

 

Apres une année 1995 frénétique, Polly se repose, enregistrant tout de même avec Nick Cave avec lequel elle vivra une brève mais intense histoire d'amour (Murder Ballads), John Parish (Dance Hall At Louse Point, textes de PJ, musiques de Parish, un très bel album), Pascal Comelade (Love Too Soon) et Tricky. PJ se consacre également à l'écriture des textes du spectacle de la Mark Bruce Dance Company.

 

En 1998, elle sort son cinquième album, Is this Desire ?, enregistré à Londres et dans sa région natale, le Dorset en Angleterre. Elle y a travaillé avec les mêmes : John Parish, Gore et Feldman, ainsi qu'avec Mick Harvey des Bad Seeds et Rob Ellis qui faisait partie du groupe PJ Harvey à l'origine. C'est un succès et PJ reçoit son troisième Grammy, est nominée aux Brit Awards et devient le premier artiste à être nominé trois fois au Mercury Music Prize.

 

En artiste complète, elle continue de travailler sur des musiques de films, elle fait aussi ses débuts cinématographiques en interprétant Marie Madeleine dans Le Livre de la Vie de Hal Hartley, elle apparaît dans les films de la réalisatrice anglaise Sara Miles, une exposition de ses sculptures a fait le tour du Royaume-Uni et certains de ses poèmes ont été publiés.

 

En octobre 2000 sort enfin son 6ème album intitulé Stories From The City, Stories From The Sea. C'est le plus beau de tous, on voit qu'elle a mûri, qu'elle ne se cherche plus : elle s'est trouvée. Elle a écrit cet album à New York et nous fait sentir à travers sa musique des influences urbaines, autant que campagnardes, d'où le titre qu'elle n'a donné à l'album qu'à la dernière minute, contrairement à son habitude où elle donne d'abord le titre de l'album, puis compose ses chansons.  L’album se compose de douze titres originaux, tous signés PJ Harvey. L'album a été produit et interprété par PJ Harvey, Rob Ellis et Mick Harvey. Il a été enregistré par Head au Great Linford Manor en mars et avril 2000, puis mixé par Victor Van Vugt au Fallout Shelter en mai 2000. En bref, PJ Harvey a dépassé le stade de ses inquiétudes et de sa sophistication exagérée, elle passe là un cap et atteint une sorte de sérénité tout en retrouvant la fougue de ses débuts. Se surpassera-t-elle donc toujours ?

 

2004. Cela fait quatre ans que PJ n’a pas sorti de nouvel album. On avait bien pu l’entendre sur le dernier volume des Desert Sessions, la voir tourner dans des festivals (épatante au Pukkelpop 2003), ou encore contribuer au dernier Marianne Faithfull, mais on s’impatientait un peu à vrai dire. Uh Huh Her était donc attendu avec impatience : PJ allait-elle se laisser tenter par la facilité en ressortant un clone de Stories form the city, stories from the sea, plebiscité par le public et la critique, ou partir une nouvelle fois dans une direction inexplorée ?

 

Ce qui apparaît à la suite d’une première écoute, c’est que, cette fois-ci, les arrangements superflus n’ont pas la même place que sur l’album précédent. Des guitares au son rocailleux, une basse, un soupçon de batterie, et point barre. C’est bel et un bien un disque de Blues auquel nous avons affaire : PJ y a mis ses tripes, chante comme jamais.

 

On a l’impression qu’elle joue ses morceaux uniquement pour nous et nous invite à venir s’asseoir auprès d’elle : cette ambiance à la fois intimiste et opréssante est toute la force de ce nouvel opus, chacun des morceaux contient un fragment de son âme, que se soit sur The Life And Death Of Mr. Badmouth, narrant une histoire d’amour qui a mal fini, ou sur The Pocket Knife, expliquant qu’elle n’a aucune envie de se marier pour l’instant, et qu’avec son couteau, il ne faut pas l’embêter. C’est simple, PJ n’est pas du genre à se laisser faire, et ne veut pas tomber dans la routine. La parenté avec le Blues dans tout ça? Cette omniprésence et toute la conviction qu’elle donne à chaque instant de l’album. C’est à cela qu’on reconnaît un grand artiste au final, non?

 

La première moitié de l’album, disons jusqu’au huitième morceau, vous en met plein la vue, avec des rythmes lourds comme sur Shame ou Who the Fuck, et la deuxième partie se pose en douceur, sans être forcément plus optimiste. Tous les morceaux ont été enregistrés en une seule prise, sur son 4 pistes chez elle. Ce qui explique cette intimité exceptionnelle, dont peu de songwriters peuvent véritablement se vanter de nos jours.

 

Maintenant, PJ n’a plus rien à prouver, et n’hésite pas à se livrer à nous. C’est un album très sobre, où elle s’exprime principalement avec sa voix et sa guitare, le reste n’étant quasiment que de l’accompagnement discret.