Rush
Rush est formé en 1969 par deux lycéens de Toronto, Alex
Lifeson et le batteur John Rutsey. Bientôt rejoints par Geddy Lee,
ils répètent et commencent à tourner dans les bars et les clubs de la région de
l’Ontario. En 1973, n’ayant pas réussi à attirer l’attention des maisons de
disques, ils créent leur propre label, Moon, et publient en guise d’acte
de naissance une reprise du Not fade Away de Buddy Holly, couplée avec une de leurs compositions, You Cant’t Fight It. Début 1974, la matière d’un
album est enregistrée, mais avec si peu de moyens et pour un résultat si médiocre
que le groupe est obligé de le refaire entièrement avec un producteur local,
Terry Brown. Ce dernier restera associé avec Rush jusqu’en 1982 durant cette
première période considérée comme sa meilleure.
Rush |
A farewell to kings |
Hemispheres |
Permanent Waves |
Moving Pictures |
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1975 LP |
1977 LP |
1977 LP |
1980 LP |
1982 LP |
Paru en 1975 chez Moon, Rush, avec la voix suraigüe et hurleuse de Geddy Lee et les riffs
acérés d’Alex Lifeson, trahit sans équivoque l’influence écrasante de Led
Zeppelin, dont les musiciens n’ont manifestement retenu que le hard rock
épique et les solos acrobatiques. L’album leur permet tout de même de décrocher
un contrat avec Mercury et une première tournée aux Etats-Unis, avant
laquelle John Rutsey est remplacé in extremis par Neil Part, un batteur
inventif dont l’arrivée sera déterminante pour l’orientation du groupe. Sa
passion pour la lecture, notamment, lui vaudra de devenir son parolier attitré,
et l’intelligence de son jeu s’avérera suffisamment éblouissante pour
intéresser ceux qui n’ont pas de goût particulier pour les prouesses des
batteurs ni même pour Rush.
La
même année, un deuxième disque en tout point similaire au premier, Fly By Night, vaut à Rush un disque d’or au
Canada et un début d’intérêt aux Etats-Unis, tandis que Caress of Steel, l’année suivante, marque le
début d’une série de disques de heavy metal de plus en plus influencés par la
musique progressive, façon Yes ou Genesis, et par un univers
d’adolescents attardés peuplé d’épopées mythologiques, d’occultisme médiéval et
de science fiction.
Dans cette veine suivront 2112 (contenant sur toute une face une épopée anticommuniste qui
contribuera peut-être à l’obtention par Rush d’un premier disque d’or aux
Etats-Unis, mais qui fera l’objet d’un accueil critique pour le moins mitigé,
puisque le New Musical Express, rivalisant de manichéisme avec Rush, traitera
carrément le trio de néonazi), A Farewell To
Kings et Hemispheres. Après cette première
partie de carrière guère excitante, le tournant vient avec Permanent Waves, sorti
en 1980, qui voit les longs développements de musique progressive laisser place
à des chansons plus courtes et denses, et l’inspiration héroïc fantasy à des
considérations métaphysico-technologiques.
Geddy Lee cesse désormais de hurler, la musique s’est enrichie de
l’influence du reggae (via The Police) et des chansons comme Entre Nous, Different
Strings ou l’impressionnant Natural Science montrent un groupe qui a enfin
un univers propre, à la fois plus complexe et moins boursouflé.
Le résultat très convaincant, demeure le sommet créatif de sa
discographie, en même temps que sa meilleure vente. Moving Pictures – avec les excellents Vital Signs et Limelight – et Signals poursuivront dans cette voie,
mais marqueront la fin de la collaboration avec Terry Brown. Par la suite, le
changement amorcé évoluera vers un éparpillement tel qu’il coutera en quelques
mois à Rush le peu d’identité qu’il avait su trouver.
Pressenti à la fois pour simplifier et diversifier la palette
musicale du groupe, le producteur Steve Lillywhite (Simple Minds,
U2 et Peter Gabriel) laissera finalement en 1984 sa place à Peter
Henderson, connu pour son travail avec Supertramp, pour la
production de Grace Under Pressure. Pendant la tournée promotionnelle, Gary Moore,
responsable de ses premières parties, présente à Rush son producteur Peter
Collins, qui supervisera en 1985 Power Windows, puis Hold Your Fire en 1986, pour lesquels seront utilisés une chorale et une section
de cuivres. Ce dernier marque un certain déclin commercial, mais une tournée
britannique fournit ensuite la matière d’un double album live, A Show Of Hands, qui paraît en 1989. La même
année, ayant rempli ses longues obligations contractuelles avec le groupe Phonogram,
Rush songe d’abord à s’arrêter définitivement, avant de repartir pour trois ans
chez Atlantic, où il enregistre sous la direction du producteur Rupert
Hine, Presto, un album plus direct et aux arrangements plus simples, suivi
d’albums – Roll The Bones, Counterparts, Test For Echo – apparemment réservés aux amateurs attardés de musique
progressive et aux férus de technologie de pointe.
Le
groupe cessera presque toute activité pendant près de six ans, dû
principalement à des tragédies dans la vie de Peart. Sa fille, Selena, meurt
dans un accident de voiture en août 1997, puis Jacqueline, son épouse, meurt du
cancer en juin 1998. Peart s'embarque alors sur « un voyage curatif »
en motocyclette sur plusieurs milliers de kilomètres à travers l'Amérique du
Nord. Son voyage est d'ailleurs le sujet principal de son livre Ghost Rider:
Travels on the Healing Road. Le groupe a avoué par la suite qu'il a été
très proche de la séparation durant cette période.
En
2002 Rush revient avec Vapor Trails un
album étonnamment Heavy et moderne, leur premier sans synthétiseur depuis vingt
ans, l'album contenant la chanson Ghost Rider,
décrivant le voyage en motocyclette de Peart. Le succès commercial de l’album a
été modéré mais a été soutenu par une tournée de six mois, comprenant les
premiers concerts à Mexico et au Brésil
Hormis
la Grande-Bretagne, Rush s'est peu produit en Europe. Lors de la tournée R30,
le groupe a joué quelques concerts en Allemagne (dont à Francfort, enregistré
pour le DVD R30). En France, le seul concert du trio a eu lieu le 1er Mai 1992
à Paris (au Zénith) lors de la tournée qui a suivi la sortie en septembre 1991
de Roll the Bones. Le groupe
s'est également produit en Italie lors de la tournée 30e
anniversaire.