Bruce
Springsteen Lyrics
Ce
fils, né le 23 septembre 1949, de Douglas
Springsteen (un ex-gardien de prison et
chauffeur de bus) et de Adèle (une secrétaire), issu d'une filiation
irlando-italienne, a grandi dans le New Jersey, un État à population largement
ouvrière. Il passe peu de temps à l'école, qui le traumatise. Par passion pour
Elvis, il se procure une guitare dès neuf ans, l'empoigne à treize et rejoint
The Castiles (très Beatles) pour l'écriture de quelques chansons et quelques
concerts new-yorkais. Il vit intensément la scène musicale des clubs et bars d'Asbury
Park. Il fonde Earth (un power trio à la Cream) et abandonne le lycée pour
l'hypothétique contrat d'un producteur véreux. Son nouveau groupe, Child,
rebaptisé en Steel Mill, arpente les clubs miteux d'Asbury Park et ceux de la
côte atlantique.
Born to run |
Darkness on the edge of town |
The River |
Nebraska |
Born in the USA |
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1975 CD |
1978 CD |
1980 CD |
1982 CD |
1984 CD |
En
1969, lors d'une escapade californienne (où ses parents ont déménagé) et d'un
concert au Fillmore de Bill Graham, ce dernier lui fait une proposition
discographique. Il la refuse, car elle est trop peu consistante financièrement.
Le groupe se sépare en 1971. Il se retrouve alors à New York, ballotté entre
divers petits boulots. John Hammond, responsable des signatures de Dylan
et d'Aretha Franklin sur le label Columbia, est séduit par l'univers
impressionniste et social dépeint dans les chansons de Bruce. Au terme de leur
rencontre, celui-ci signe (sur le capot d'une voiture) un contrat pour cinq
albums avec Laurel Canyon Productions qui deviennent ses managers et les
intermédiaires avec Columbia. En 1973, le premier album, Greetinqs From Asbury Park, N
J, passe pratiquement inaperçu, sauf dans le New Jersey.
On
considère à tort Springsteen comme un sous-Dylan, avec qui il n'a en réalité
rien en commun. Grâce à ses longs passages instrumentaux et à ses textes
nostalgiques, The Wild,
The Innocent And The E. Street Shuffle est retenu en 1973 par le magazine Rolling Stones comme un des meilleurs disques de
l'année. Pourtant, les ventes restent modestes. Springsteen décide alors de
tout miser sur la scène.
Il
puise dans ses connaissances ou amis de tonjours et monte un vrai groupe, le E.
Street Band, avec David Sancious, remplacé par Max Weinber (claviers),
Clarence Clemons (ancien footballeur devenu saxo ténor chez James Brown),
Danny Federici (claviers), Garry Tallent (basse), Vini Lopez, remplacé par Roy
Bittan (batterie) et Steve Van Zandt (guitariste). La machine est en marche.
L'énergie de Bruce et une chorégraphie tour à tour dramatique et percutante lui
valent le titre de "Marathonien des planches" (deux heures minimum).
C'est lors d'un concert avec Bonnie Raitt que le critique John Landau
(ex-producteur du MC5) le découvre et écrit : "J'ai vu le futur du
rocknroll, il s'appelle Bruce Springsteen".
A
partir de cette déclaration, Columbia orchestre un véritable tapage médiatique,
et les ventes s'envolent. À force de visites, Landau est devenu l'ami de celui
qu'on va bientôt surnommer le "Boss" et son futur coproducteur. Il le
convainc d'abandonner l'idée d'un album live au profit de compositions aux
arrangements sombres et à la densité dramatique. Ce sera en 1975 Born To Run, bientôt disque d'or.
Les
spectres de Bo Diddley et de Roy Orbison s'y rencontrent sur une
toile de fond à la Phil Spector. Les ingrédients ont beau être connus,
la recette est unique et donne l'un des plus grands albums rock de la décennie.
Un Springsteen "col bleu" (ouvrier) y décrit à grand renfort de
métaphores habiles sa jeunesse dans le New Jersey, une soif d'indépendance lâchée
par un horizon bouché et un mythe piqué par la rouille. L'album est aussi une invitation à
l'évasion. Le mythe se met en place. Springsteen impose une image simple
(tee-shirt, jeans), à laquelle il est facile de s'identifier. Il incarne à sa
manière le rêve américain.
Human Touch |
The ghost of Tom Joad |
The rising |
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1992 CD |
1995 CD |
2002 CD |
En
1976, il traîne son manager en justice et obtient, l'année suivante, gain de
cause, récupérant les droits de ses chansons et réévaluant le taux de ses
droits. Pendant cet intermède, Bruce offre ses compositions à son ami de longue
date Southside Johnny And The Asbbury Jukes (premier album produit par
Van Zandt) mais aussi aux Hollies, à Manfred Mann, Robert Gordon et Patti Smith. En 1978, Darkness On The Edge Of Town
constitue un virage important. Springsteen prend le parti d'évoquer encore
plus explicitement les problèmes de la classe ouvrière, au risque de choquer
une partie de son public, issu des classes moyennes. Malgré les titres Badlands et
Promised Land, cet album, sombre et
profond, n'égale pas le succès de Born To Run. La
machine est vite relancée en 1980 avec le double album The River, dont la
chanson Hungry
Heart s'impose dans les charts.
On
évoque alors Woodie Guthrie et les écrivains Kerouac et Steinbeck.
Springsteen est considéré comme le témoin privilégié des rêves brisés, le
confident de gens sans importance qui vivent en marge et qui, comme lui,
soignent leurs désillusions avec des plaisirs futiles (les voitures, les filles,
la route symbole de liberté). Une immense tournée suit, des États-Unis à
l'Europe (deux escales en France) et qui se termine à Los Angelès par six concerts de charité pour les
vétérans du Viêt Nam. Sur scène, dans des concerts de quatre heures, Springsteen
s'impose devant des foules immenses, les captive, créant une intensité
dramatique exceptionnelle.En 1981, il offre des compositions à Gary U S Bonds, dont l'album est produit par
Van Zandt (comme ceux de Southside Johnny And The Asbury Jukes). Pendant
ce temps, les membres du E. Street Band font des sessions avec Garland
Jeffreys, lan Hunter ou Joan Armatrading. L'album Nebraska, enregistré en 1982 en solo et en
acoustique, délibérément plaintif et dépouillé, met une fois de plus en scène,
dans une ambiance crépusculaire influencée par le groupe Suicide, les
perdants du rêve américain, les laissés-pour-compte du reaganisme d'alors. L'un
des meilleurs titres, Highway Patrolman,
inspirera le sujet du film Indian Summer de Sean Peen. Cet album difficile,
sur les exclus du rêve américain, prouve qu'il peut désormais tout se
permettre... prérogrative essentielle en période de crise.
Deux
ans plus tard, Born
In The the USA constitue
un véritable contre-pied musical. Le E. Street Band est de retour pour un album
plus simple, plus déclaratif, toujours désillusionné mais plein d'énergie et de
"pêche" sur fond de bon gros rock carré.
C'est
un succès retentissant (11 millions d'albums vendus). Pas moins de sept singles
dont Dancing In The Dark , (vidéo par Brian
De Palma) s'infiltrent dans le Top 10. La pochette où le Boss pose devant un
drapeau américain fait couler beaucoup d'encre. Durant la campagne
présidentielle de 1984, Ronald Reagan essaie de récupérer ce symbole
patriotique ainsi que le discours de Springsteen. Visiblement soucieux
d'échapper à cette récupération, ce dernier s'emploie à aider des associations
caritatives, civiques ou sociales, tout en dénonçant le cynisme des
politiciens.
En
1985, après le Viêt Nam et le Watergate, il s'implique dans deux projets: We Are The World contre la famine en
Éthiopie et Sun City contre la
politique d'apartheid en Afrique du Sud. Une nouvelle tournée démarre. La choriste Patti Scialfa et Nils
Lofgren (remplaçant d'un Van Zandt séduit par l'aventure solo) font leur
entrée devant des foules démesurées et au coeur de systèmes de sonorisation
gargantuesques. Springsteen, athlétique, le tee-shirt collé par la sueur sur
des pectoraux imposants, se fraye un chemin dans ce gigantisme jusqu'au coeur
de chaque spectateur.
Après
son mariage médiatique avec l'actrice et mannequin Julianne Philipps,
Springsteen sort un coffret de cinq albums live (1986) afin d'enrayer le flot
ininterrompu d' albums pirates. Les quarante morceaux, dégoulinant de sueur
(dont la reprise du War , d'Edwin Starr, dirigé contre le
militarisme de Reagan), constituent le bilan des années 75-85. C'est un échec.
Et aussi le début d'une période de remise en question, de retour sur soi. En
1987, dans Tunnel Of
Love, il soigne ses blessures amoureuses et
esquisse ses désirs de romance future. Autobiographie précoce ou pas, l'album,
qui rencontre un grand succès, précède de peu la révélation publique de la
liaison du Boss avec Patti Scialfa. En 1989, en pleine période de trouble, il
se sépare du E. Street Band et divorce, puis se marie deux ans plus tard avec
sa choriste, qui lui donnera trois enfants. En 1992, les albums Human Touch
(coproduit par Bittan, le seul rescapé du E. Street Band) et Lucky Town sortent
simultanément. Un groupe de jeunes musiciens avait été recruté pour remplacer
le E. Street, jugé daté, mais le décalage entre la maturité des paroles et le
climat musical un peu léger rend la formule bancale. La critique salue surtout Lucky Town pour ses textes sur la paternité et
l'âge adulte, mais le public boude quelque peu son idole.
En
1993, tandis que sa femme Patti enregistre un album solo (Rumble
Doll), salué par la
critique, le Boss, lui, se montre discret. En 1994, sa chanson, Streets Of Philadelphia, support de Philadelphia, le film de Jonathan Demme,
obtient plusieurs récompenses. C'est l'amorce du retour à la lumière.
Springsteen continue de se maintenir en retrait, mais les quatre chansons
inédites qui figurent sur son Greatest Hits en
font un grand succès. Fin 1995, et
contre toute attente, Springsteen fait un sublime retour au centre de
l'actualité.
Son
douzième album, The
Ghost Of Tom Joad, dédié
aux oubliés de l'Amérique, est unanimement considéré comme un chef-d'oeuvre.
Tom Joad, héros des Raisins de la colère de
Steinbeck, revient sur l'album hanter les mémoires et sert de parallèle entre
la crise de 29 et celle qui mine désormais les États-Unis, une nation d'où les
espoirs se sont envolés. Tempo lent, voix désabusée, harmonica, steel guitar,
il égrène avec douleur sa poésie acoustique, digne pour de bon de Woodie
Guthrie. Springsteen réalise une véritable prouesse d'écrivain-chroniqueur,
rapportant avec une rage contenue, ce qu'est la misère contemporaine. Il prouve
une fois de plus que, depuis les années 70, personne n'a eu sur le rock
américain un impact similaire au sien.
En
avril 1999, Bruce Springsteen retrouve le E Street Band pour une tournée
mondiale qui commence en Espagne. Cette tournée marathon se termine le 1er
juillet 2000 à New York, après dix concerts à guichets fermés au Madison Square
Garden. Les deux derniers concerts sont enregistrés pour le double CD Bruce Springsteen & The E Street
Band : Live in New York City qui paraît en avril 2001.
On y
trouve deux inédits : Land
of hope and dreams,
interprété presque chaque soir en rappel dès le début de la tournée ; et American skin (41 shots), un commentaire cinglant à propos de la
mort d'un jeune homme de 23 ans, Amadou Diallo.Le 4 février 1999, aux environs
de minuit, Amadou est abattu par quatre policiers qui l'ont pris pour un
cambrioleur, alors qu'il rentrait tranquillement chez lui après son travail. 41
coups de feu ont été tirés, 19 balles ont atteint le malheureux qui est mort
dans l'entrée de son appartement du Bronx.
Fin
juillet 2002, Bruce Springsteen publie The Rising, un album où il retrouve le E Street Band pour la première
fois depuis dix-huit ans. Le disque est fortement marqué par les événements du
11 septembre 2001, mais il garde une certaine distance dans la dignité, et
c'est avant tout un album de rock et de soul. L’album vaudra à Bruce
Springsteen trois Grammies supplémentaires en février 2003 dans les catégories
meilleur album, meilleur chanteur et meilleure chanson. En octobre 2003, il
termine une tournée qui a duré quatorze mois. Un mois plus tard, il publie le
triple CD Essentiel
Bruce Springsteen et le DVD Live in Barcelona
En
octobre 2004, pour la première fois de sa carrière, Bruce Springsteen s'engage
politiquement et prend une part très active dans le "Vote For Change
Tour". Il participe même à plusieurs meetings électoraux avec John Kerry,
le candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine.
Le
14 février 2005, il obtient le Grammy du meilleur chanteur rock pour le titre Code of silence, un inédit extrait de la compilation Essential Bruce Springsteen. Son nouvel album, Devils and Dust, est le dix-neuvième de sa
discographie. Il paraît dans un nouveau format baptisé DualDisc, qui associe
les deux supports CD et DVD. C'est ainsi qu'on y trouvera, en plus du disque
traditionnel, des commentaires de Bruce sur les nouveaux titres, une session
acoustique qui a été filmée par le célèbre photographe rock Danny Clinch, et
l'intégralité de l'album en format 5.1. L’album a été enregistré sans le E
Street Band. Comme l'album précédent, il a été produit par Brendan O'Brien qui
a laissé aux chansons un style simple et brut, dans les tons sépia. Les douze
titres que l'on trouve constitueront l'essentiel de la tournée qui commence, où
Bruce Springsteen se présentera seul et en acoustique. En Europe, il se
produira notamment le 30 mai à Bruxelles, (à Forest National), et le 20 juin à
Paris-Bercy.