Status Quo
Les
Shadows sont le groupe les populaire parmi les adolescents britanniques
lorsqu’en 1962, trois lycéens de la Sedgehill Comprehensive School de Beckenham
dans la banlieue sud de Londres décident de former un groupe instrumental. Francis
Rossi (héritier d’une dynastie de marchands de glace du sud-est de
Londres), Alan Key et Alan Lancaster tombent aussi amoureux du Telstar des Spotnicks et s’adjoignent les services d’un
organiste, Jess Jaworski. Une fois Key remplacé par John Coghlan, le
groupe prend le nom des Spectres, fait la tournée des clubs de travailleurs de
la banlieue sud-est de Londres et, début 1964, embauche Pat Barlow, un
chauffagiste qui s’improvise manager. Ceui-ci leur décroche un engagement
régulier le lundi soir au Café des Artistes de Brompton Road à Londres. Après
un première partie des Hollies, et le remplacement de Jaworski par Roy
Lines, les Spectres deviennent, pour toute la saison de l’été 1965,
l’attraction du club de vacances de Butlins, Minehead. Ils y rencontrent un certain
Richard Parfitt qui exécute un numéro de cabaret déguisé en Egyptien de
pacotille. Grâce à Ronnie Scott, auteur-compositeur, les Spectres signent en
juillet 1966 un contrat de cinq ans avec les disques Pye. En dix-huit mois
sortiront trois 45 tours très proches du rock garage américain, et qui
rencontrent tous des échecs. Après une nouvelle tentative infructueuse sous le
nom de Traffic Jam, les Spectres deviennent The Status Quo (avec une
faute de morphologie qui ne sera jamais corrigée)
Quo |
On the Level |
Blue For You |
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1973 -
LP |
1974 -
LP |
1976 -
LP |
Après
avoir recruté Rick Parfitt rencontré à Butlins trois ans plus tôt, The
Status Quo obtient son premier tube avec le très bubblegum Pictures Of matchstick Men. L’album Picturesque Matchstickable Messages qui s’inscrit six mois plus tard
dans une même veine pop acidulée légèrement psychédélique et très orchestrée,
ne connaît pas le même succès. En août 1968, Status Quo (le The a
disparu dans l’intervalle) obtient son deuxième tube avec Ice In The Sun mais c’est le dernier avant deux
ans. Après quatre 45 tours et un très bel album d’une pop baroque et
sentimentale (Spare Parts), Status Quo semble bien parti
pour atterrir dans les poubelles de l’histoire et ne pas résister à l’avènement
du hard rock et de la musique progressive. Roy Lines, l’organiste, préfère
jeter l’éponge, remiser son instrument au placard et rejoindre sa belle-famille
en Nouvelle-Zélande.
Les
musiciens décident alors de serrer les rangs, de jeter aux orties leurs chemises
à jabot et de jouer dans tous les clubs, où l’on veut bien d’eux, un rock très
enraciné dans le blues. L’image du Status Quo classique – cheveux longs dans
les yeux, vestes et pantalons en jean élimé, et guitares Fender Telecaster
rapées – se met en place. Pendant trois ans, le groupe ne va jamais cesser
detourner, même dans les pires conditions. Une attitude payante : si les
deux albums suivants (Ma
Kelly’s Greasy Spoon
et Dog Of Two
Heads en
1970) ne laissent aucune trace, les deux simples Down The Dusttpipe et In My
Chair montrent en 1970
que le groupe trouve son public malgré le mépris de la critique comme du
shox-business. Vertigo, une nouvelle filiale des disques Phonogram, prend
conscience du phénomène et recrute le groupe début 1972. A la surprise
générale, Status Quo triomphe le 7 mai 1972 au British Great Western Festival
de Lincoln, puis le 13 août au déjà célèbre Reading Rock Festival, malgré les
intempéries et les célèbres tête d’affiche (Rory Gallagher, Humble
Pie, Faces…). Début 1973, les ventes de disques décollent: le 45
tours Paper Plane est n°8 ; l’album Pile driver, le premier pour Vertico, qui
révèle des morceaux plutôt longs mais irrésistiblement entraînants, est
N°5 ; la reprise des Doors, Roadhouse Blues, est une réussite.
En
Octobre de la même année sort Hello,
n°1 dès sa sortie, qui définit le style de Status Quo pour les deux décennies à
venir : un boogie toujours enraciné dans le blues et le rock’n’roll, assez
mélodieux et attrayant, pop en somme. La démarche se poursuit avec les albums Quo, On
The Level, Blue For You jusqu’à Rockin’ All Over The World en 1977, qui prend un virage très
grand public avec l’adjonction de synthétiseurs et de cuivres. La période la
plus féconde s’achève logiquement avec la sortie du double live Staus Quo Live en mars 1977, condensé du groupe
sur scène : de la sueur, de la bière et du boogie pendant deux heures. Le
groupe entame alors sa dernière grande tournée de le décennie, de mars à
novembre. Un peu échaudé par le relatif insuccès de leur dernier album en
studio, Status Quo décide de revenir à des schémas plus traditionnels,
délaissant les timides expérimentations de ce dernier.
A
partir de la fin des années 70, les albums vont se suivre et se
ressembler : If
you Can’t Stand The Heat
(1978), Whatever You
Want
(1979), Just
Supposin’
(1980), Never Too
Late
(1981), 1982 (1982), tous classés dans le Top
5 britannique. Status Quo ne connaîtra aucune réelle baisse de popularité
jusqu’en 1984. Whatever You
Want est même devenu,
en 1979, un tube mondial. En 1982, John
Conghlan a quitté le groupe, suivi
l’année suivante par Alan Lancaster écoeuré, semble-t-il par
l’orientation de plus en plus pop prise par la musique du groupe qui n’hésite
pas à donner dans la ballade sirupeuse (comme Living On An Island en 1979 et Marguerita Time en 1983). Ils seront remplacés respectivement par Peter
Kircher (un ancien de Honeybus et des Original Mirrors), et John Edwards.
Pour ainsi transformé en monument historique, Status Quo est le premier groupe
de rock à se produire devant le prince Charles à Birmingham en mai 1982. Status Quo ouvrira, également, le Live Aid
au stade de Wembley en juillet 1985.
Sept
ans après Whatever You
Want, Status Quo aura
un nouveau tube international en octobre 1986 avec In The Army Now, reprise d’une obscurité
néerlandaise. Cette fois, le boogie semble bien être tombé aux oubliettes et le
pantalonnades d’Anniversary
Waltz I & II en
1990 ne redoreront plus l’image du
groupe. En 1991, toutefois, Francis Rossi et Rick Parfitt ont droit à leurs statues
de cire au musée Tussaud et entrent au Guiness Book des records en donnant
quatre concerts le même jour ( le 21 septembre, à Sheffield, Glasgow,
Birmingham et Wembley), en 11 heues et 11 minutes. On jettera cependant un
voile pudique sur Don’t
Stop (1996),
album de reprises assez pitoyables si l’on excepte Fun Fun Fun, enregistré avec ses auteurs, les
Beach Boys. L’album sera n°2 en
Grande Bretagne.
Unanimement
méprisé par la critique tout au long de sa très longue carrière, Status Quo
aura eu au moins le mérite de faire secouer les têtes et taper du pied trois ou
quatre générations d’adolescents à la recherche d’un but peu glorieux mais
inestimable : le divertissement honnête est sans prétention. Status Quo
sont tout de même à l’origine d’un
signe de reconnaissance qui va faire fureur chez tout hard rocker qui se
respecte : le headbanging (balancement de tête) ; signe d’un
extrême ravissement, il se fera bien évidemment en cadence avec la musique écoutée
à ce moment là, les bars s’emparant au besoin d’un guitare imaginaire (air
guitar)