Steely Dan
Donald
Fagen voit
le jour à Passaic, dans l'état du New Jersey, le 10 janvier 1948. Walter
Becker naît à New York le 20 février 1950. Dès leur plus jeune âge, ils
écoutent la musique de leurs idoles Charlie Parker, Duke Ellington
et John Coltrane. Donald Fagen rencontre Walter Becker au Bard College
d'Annandale on Hudson, dans l'état du New Jersey. Ils forment plusieurs
groupes, notamment The Leather Canary et le Don Fagen Trio, puis
commencent à composer ensemble. Fagen, qui s'est spécialisé en littérature
anglaise, obtient son diplôme universitaire en 1969. Becker quitte également
Annandale. Tous deux s'installent à Brooklyn et décident de présenter leurs
chansons aux différentes sociétés qu'abrite le célèbre Brill Building de Manhattan.
Ils entrent en contact avec Kenny Vance du groupe Jay and the
Americans. Vance les aide à enregistrer des bandes-démo. En 1970 et 1971,
Vance permet aussi à Becker et Fagen d'accompagner Jay and the Americans en
tournée. Peu après, Fagen et Becker font la connaissance à New York d'un autre
apprenti producteur, Gary Katz. Katz entre chez ABC Records à Los
Angeles et embauche Fagen et Becker comme compositeurs. Donald et Walter
emménagent à Los Angeles en novembre 1971. Comprenant que leurs chansons sont
trop sophistiquées pour les autres artistes de l'écurie ABC (Three Dog Night,
Dusty Springfield), Donald et Walter fondent leur premier groupe et
demandent à Gary Katz de le produire. Ils enrôlent le guitariste Denny Dias.
Fagen s'arroge les claviers et le chant, tandis que Becker choisit la basse.
Ils font appel au guitariste Jeff "Skunk" Baxter et au batteur
Jim Hodder. Il faut maintenant baptiser le groupe. Comme ils aiment tous
les deux la littérature de la "beat generation", ils optent pour le
nom de Steely Dan, sorti tout droit du Festin Nu de William
Burroughs.
Le
groupe commence à répéter et enregistre avec Roger Nichols, légendaire
ingénieur du son qui restera fidèle à Steely Dan. Fagen embauche le chanteur David
Palmer. Mais le style de Palmer ne coïncide pas avec celui du groupe, et
c'est Donald qui interprète toutes les chansons de Can't Buy A Thrill, sauf trois titres. Le groupe fait
appel à divers musiciens de studio, notamment à Elliot Randall et Jerome
Richardson, pour plusieurs solos. L'album sort discrètement en octobre 72
mais le succès de Do It Again surprend tout le monde : ce titre
se classe 6ème au hit parade. Un second hit, Reelin' In The Years se classe à la 11ème place. L'album entre alors dans
la catégorie des disques d'or et culmine à la 17ème place du hit parade.
Au moment d'enregistrer l'album
suivant, Fagen prend le chant lead et David Palmer quitte le groupe. Après
l'étonnant succès de leur premier album, Steely Dan est soumis à de fortes
pressions de la part d'ABC Records pour que les musiciens assurent la promotion
de l'album tout en enregistrant un nouvel album.
Les
chansons de Countdown To
Ecstasy sont
enregistrées à toute allure, entre deux tournées, au cours de l'année 1973. Showbiz Kid et My Old School Boy, les singles extraits de l'album, ne suscitent pas
l'enthousiasme du public. Cependant l'album reçoit d'excellentes critiques.
Poussés par ABC d'enregistrer d'autres hits singles, Fagen et Becker composent
des titres plus courts pour leur nouvel album, Pretzel Logic, qui sort en mars 1974 et donne
au groupe son plus grand succès : Rikki Don't Lose That Number devient n° 3 en mars 1974, l'album devenant disque
d'or et se classant 8ème au hit parade..
Fagen
fait appel au batteur Jeff Porcaro, qui entame une longue et fructueuse
collaboration avec le groupe. Une seconde tournée est organisée, mais les
rigueurs du voyage ne sont pas du goût de Fagen et Becker. Ils décident de se
consacrer en priorité à la composition et à l'enregistrement. Ragaillardis par
leur travail en studio, Fagen et Brecker commencent à travailler à leur nouvel
album avec l'aide de Porcaro et McDonald. Les nouveaux collaborateurs à cet
album viennent du monde du jazz plutôt que de la scène du rock. Citons le
saxophoniste alto Phil Woods et la guitariste Larry Carlton. Katy Lied sort en mars 1975 et suscite
l'enthousiasme des critiques. Black
Friday se
classe à la 37ème place du hit parade.
Becker
et Fagen reprennent le chemin du studio pour travailler à leur album suivant,
où Steely Dan est officiellement désigné comme un duo. The Royal Scam sort en mai 1976. Les radios et
les fans mettent l'accent sur Kid
Charlemagne et Don't Take Me Alive. Haitian Divorce devient un hit en Angleterre. L'album est disque d'or
et culmine à la 25ème place du hit parade. Tandis qu'ABC Records continue de
réclamer des hits singles et une tournée, Becker et Fagen retournent en studio.
Aja voit le jour en septembre 1977.
On y trouve les plus longues compositions jazzy de Steely Dan. Joe Sample,
Wayne Shorter et Tom Scott ont été invités à jouer des chansons
de plus en plus complexes. L'album est le premier disque de platine du groupe.
Il se classe à la 3ème place du hit parade, et n'est surpassé que par Rumors de Fleetwood Mac, et The Stranger de Billy Joel. Dans les
classements des singles, Peg est 11ème, Deacon Blues 19ème et Josie 26ème.
Avec
ce succès phénoménal, Donald et Walter acquièrent davantage d'autonomie et sont
moins pressés d'enregistrer des nouveaux titres. ABC distribue un album de Greatest Hits en novembre 1978, avec un seul
inédit, Here At The
Western Worlds.
C'est encore un album de platine, classé à la 30ème place du hit parade.
Fatigués de la scène californienne, Fagen et Brecker reviennent à New York pour
enregistrer leur nouvel album.
Lors de son enregistrement, ils sont soumis à différents revers qui retardent
sa sortie. Becker est renversé par une voiture, l'un des titres favoris du duo,
The Second Arrangement est accidentellement effacé par
un assistant de l'ingénieur du son, et deux maisons de disques se disputent les
droits sur l'album. ABC remporte la bataille juridique et Gaucho est distribué en novembre 1980. Il
devient disque de platine et se classe à la 9ème place du hit parade, Hey Nineteen est 10ème et Time Out Of Mind 22ème.
Fagen
et Becker se sentent épuisés sur le plan créatif et personnel. En juin 1981,
ils décident d'en rester là. Becker s'en va vivre à Hawaï, Fagen continue de
travailler avec Katz et Nichols. Il distribue un album solo salué par la
critique, The Nightfly, en octobre 1982. Ce disque d'or
grimpe jusqu'à la 11ème place du hit parade. Fagen prend une semi-retraite à
New York. Vers le milieu des années quatre-vingts, Becker refait surface, cette
fois pour produire les albums de groupes comme China Crisis, Michael
Franks et Rickie Lee Jones. Il est question de retrouvailles de
Steely Dan en 1987 lorsque Fagen et Becker participent à l'enregistrement du
premier album de Rosie Vela, produit par Gary Katz. Mais à la fin des
années quatre-vingts et au début des années quatre-vingt dix, Walter se
consacre à la production d'albums de jazz pour divers artistes des labels
Triloka et Windham Hill records.
Fagen
refait surface de temps à autre, travaillant pour le cinéma ou s'engageant dans
différents projets littéraires. Il commence à explorer d'autres styles
musicaux, surtout la soul. Il se produit ainsi avec plusieurs groupes dans les
bars de New York. Ensuite, il fonde la New York Rock & Soul Review avec
Libby Titus, recrutant Michael McDonald, Phoebe Snow et Bozz Scaggs, ainsi que
les légendaires Charles Brown et Chuck Jackson pour donner un nouveau public à
la soul. Chaque musicien présente également ses propres morceaux. Ainsi Donald
Fagen rejoue certains titres anciens de Steely Dan.
Tout
en donnant des concerts dans la région de New York avec son groupe, Fagen
entame les préparatifs de son album solo Kamakiriad, et demande à Walter Becker de devenir son producteur.
Donald co-signe avec lui quelques-uns de ses titres. Walter joue toutes les
partitions de basse et les solos de guitare. La renaissance de Steely Dan
s'amorce.
Le
25 octobre 1991 au Lone Star Roadhouse de New York, Donald s'apprête à jouer,
de manière quasi confidentielle, quelques titres anciens de Steely Dan. Walter
Becker est en ville, et déclare qu'il vient juste écouter. Mais le public
découvre sa présence et ne l'entend pas de cette oreille. Walter prend sa
guitare et joue Black Friday, Josie
et Chain Lightening avec son vieux compagnon. Après
le concert, Fagen demande à Becker, sur le ton de la plaisanterie, s'il veut se
joindre à la New York Rock & Soul Review pour sa première tournée à
l'extérieur de New York. A sa grande surprise, Walter répond par l'affirmative.
A la fin de l'été 1993, Fagen et
Becker ressuscitent le nom de Steely Dan pour leur première tournée commune
depuis dix-neuf ans. Donald joue des claviers et Fagen de la guitare. Tous les
billets des concerts sont vendus à guichets fermés. La tournée est un grand
succès : Donald et Walter l'ont tant appréciée qu'ils projettent de recommencer
en 1994, tout en mettant une dernière touche à l'album solo de Walter. En avril
1994, le duo part quinze jours en tournée au Japon. Une fois de plus, le groupe
s'amuse énormément et ne donne que des concerts à guichets fermés. A l'occasion
de la tournée estivale américaine, Donald et Walter opèrent quelques
changements. Walter présente deux chansons, Down at the Bottom et Hard
Up Case, qui
doivent figurer sur son prochain album solo, 11 Tracks of Whack. Cet album voit le jour à la fin du mois de septembre
1994. Pour la première fois, de nombreux fans écoutent Walter chanter en lead,
et reconnaissent le style lyrique de Dan dans ses chansons. L'album est bien
accueilli.
Ensuite,
le groupe commence à compiler deux années d'enregistrements sur scène pour
créer un album live. La sélection et le mixage sont réalisés au printemps 1995,
et l'album est distribué le 17 octobre 1995. Il est intitulé Alive in America. Parmi les nouveaux titres,
citons East St. Louis
Toodle-oo, Bad Sneakers, On the Dunes
et Do It Again. Donald et Walter font leur
apparition sur le réseau Internet de Prodigy, de Compuserve et The Microsoft
Network, où ils engagent des conversations en direct avec leurs fans. Puis
Steely Dan crée son propre site Web.
Début 96, Donald Fagen et Walter
Becker entament avec leur maison de disques les premières discussions sérieuses
à propos d'un nouvel album studio. Toujours associés à Roger Nichols, ils
produisent eux-mêmes ce disque que l'on espérait sans trop y croire. Il
s'appelle Two Against nature et il paraît le 28 février 2000. C'est leur premier album studio
depuis vingt ans, le huitième de leur carrière. Il est présenté sous une
pochette sobre où les deux compères n'apparaissent qu'en silhouette. Donald
Fagen nous explique pourquoi l'album porte ce titre
"La pochette nous
représente, Walter et moi, ou du moins nos ombres projetées sur un chemin de
campagne. Quant au titre, c'est le combat qui nous oppose à la nature. Cela
peut se comprendre de différentes façons. Pour moi, il s'agit entre autres du
combat contre l'âge, le processus naturel du vieillissement qui, au fil des
années, t'oblige à te battre de plus en plus dur pour obtenir ce que tu veux.
Il te faut lutter contre une fatigue plus grande, contre l'autosatisfaction. En
somme, trouver la force et les ressources pour t'opposer à la nature. Mais il
est aussi vrai que d’une certaine façon, c'est toute sa vie qu'on essaye de
contrôler la nature. Voilà ce que représentent la pochette et le titre du
disque."
Première constatation : le temps n'a pas attaqué leur musique.
Steely Dan possède une signature sonore d'une telle originalité, au service
d'une musique fusionnant jazz, funk et rock de façon si parfaite que tous les
jazzmen s'étant lancés dans l'aventure jazz-rock les regardent avec admiration.
Leur secret de fabrication ?
« On n'en a pas, dit Donald Fagen. Je n'écoute que les mêmes vieux
albums de jazz que je possède depuis plus de trente ans. Ces musiques
familières sont un support parfait à la création la plus moderne. »
Et la plus originale. L'album a
été enregistré dans des conditions de direct total.
« Parce que nous sommes des
musiciens, dit Brecker, et que le plaisir vient avant tout de jouer ensemble.
On nous a affublés de cette étiquette de perfectionnistes obsédés par la
technologie. Si la créativité et le talent évoluaient avec la sophistication
technologique, nous n'entendrions que des jeunes Debussy à la radio. »
Sarcasme, ironie, Brecker et
Fagen ont un numéro très au point. Quand nous abordons le sujet des nouveaux
supports audio (DVD audio, SACD) qui doivent rendre le cd obsolète en apportant
la possibilité de diffuser la musique enregistrée par cinq sources différentes,
ils semblent ravis.
« Nous accueillons avec grand enthousiasme
tout nouveau support qui nous permettra de reproduire de façon parfaite le son
tel qu'il est créé en studio. - Mais non, coupe Fagen, de vous refourguer une
nouvelle fois tout notre back catalogue ! » Quand les masques tombent, ces deux
musiciens passionnés expliquent comment ils essaient de poser des phrases
musicales bluesy sur des structures harmoniques qui ne le sont pas (« Gershwin
réussissait à tous les coups, pas nous ! ») et expriment leur admiration pour Beck
et Radiohead. Tiens ? Comment est-ce possible, puisqu'ils n'écoutent pas
la radio ? « Ne croyez pas ce que nous disons, notre musique ne ment pas, mais
nous, si».
L’album est récompensé par trois
Grammy Awards, dont celui de l'"album de l'année". Le 19 mars 2001,
Steely Dan fait son entrée officielle au Rock 'n' Roll Hall of Fame. La réussite de cet album donne à Walter
Becker et Donald Fagen une nouvelle énergie.
La
réussite de l’album donne à Walter Becker et Donald Fagen une nouvelle énergie.
Maintenant que la machine est relancée, on peut espérer d'autres
enregistrements studio dans un délai plus raisonnable. C'est d'ailleurs ce que
laisse sous-entendre Walter Becker.
"Il
reste pas mal de chansons plus ou moins finies issues des sessions de Two against nature. Pour l'instant, nous sommes très
occupés par la tournée, mais lorsque celle-ci sera terminée, c'est-à-dire à la
fin de l'année prochaine, nous serons à nouveau disponibles et nous y
reviendrons peut-être."
Effectivement,
dès l'automne 2001, les deux compères retournent en studio à New York où ils
réalisent l'album Everything
Must Go. Il
paraît en juin 2003 et il est accompagné d'une nouvelle tournée.
Donald
Fagen revient seul en mars 2006 avec Morph The Cat. C'est son troisième album solo. Au cours de l'été qui
suit, il retrouve Walter Becker et Steely Dan reprend la route. Le groupe
partage l'affiche avec Michael McDonald qui vient rejoindre ses anciens
complices pour chanter Do it
again en rappel. Le 5
mai 2007, Steely Dan entame la plus grande tournée de son histoire. C'est le
"Heavy Rollers Tour" qui parcourt l'Amérique du Nord, l'Europe, le
Japon, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. En novembre 2007, Donald Fagen
propose le coffret The
Nightfly Trilogy,
l'intégrale de toute sa carrière solo en quatre CDs et trois DVDs.
En
juin 2008, Walter Becker propose son deuxième album solo, Circus Money. Il paraît quatorze ans après le
premier, Eleven
tracks of whack,
et il a été produit par Larry Klein. Walter reprend aussitôt la route avec
Donald Fagen pour une nouvelle tournée d'été de Steely Dan baptisée "Think
Fast". Elle se déroule essentiellement aux Etats-Unis, avec quelques dates
au Canada.
Pour
2009, le groupe a choisi de donner deux noms différents à sa tournée. En
Europe, c'est "The Left Bank Holiday Tour" ; aux Etats-Unis,
"The Rent Party Tour". Après leur concert à Paris, à l'Olympia, Donald
Fagen et Walter Becker sont en Suisse, où ils se produisent dans le cadre du
Festival de Jazz de Montreux. Ils termineront leur tournée européenne le 12
juillet au Sporting de Monte Carlo