Née en 1964 dans la ville impériale de
Fès, Amina Alaoui est issue d’une famille de mélomanes. Dès l’âge de 6 ans,
elle étudie le chant arabo-andalou, le piano classique et la danse
contemporaine, marocaine et orientale, qu’elle approfondit auprès de maîtres et
au conservatoire de Rabat. Par ailleurs, ses études universitaires l’amènent à
se consacrer à la philologie et à la linguistique (arabe, française et
espagnole). Elle développe un travail de recherche personnel sur les chants
arabo-andalous et orientaux, puis se tourne vers le gharnati , un rameau
distinct de la musique arabo-andalouse. Par la suite, elle s’initie au chant
classique persan, mais aussi au chant médiéval européen.
Son regard est
certes tourné vers la tradition, mais elle a aussi su s’en éloigner pour
proposer une démarche originale, répondant aux questions qui agitent le monde
de la musique arabo-andalouse au Maroc. Elle travaille aujourd’hui dans deux
directions. D’une part, enseigner la tradition des musiques arabo-andalouses,
et en particulier celle de la musique gharnati , en rénovant les formes de sa
transmission. Amina Alaoui mène toute une réflexion sur l’instrumentation, la
durée des noubas, leurs rapports avec les sources médiévales hispaniques et
européennes, la préparation des publics contemporains.
Elle souhaite d’autre part proposer une
vision personnelle du lien entre les musiques médiévales qui ont conflué en
Espagne jusqu’au XVe siècle et les musiques arabo-andalouses telles qu’elles se
sont développées au Maghreb après la Reconquista. A ce titre, son
enregistrement Alcantara est exemplaire de cette démarche. Son approche
actuelle du gharnati se situe dans cette double perspective. Style développé à
travers les familles juives marocaines, les familles d’origine andalouse, et
enfin les familles de Tlemcen en Algérie, qui ont ensuite essaimé à Oujda, au
Maroc, le gharnati porte une marque algérienne qui le fait nommer “dziri”
(algérien) par les gens de Fès.