Tiken Jah
FAKOLY
Troisième enfant de la
famille, Doumbia Moussa Fakoly naît le 23 juin 1968 à Odienné au Nord-Ouest de
la Côte d'Ivoire. Issu de l'ethnie malinké, il est le descendant d'un chef
guerrier, Fakoly Koumba Fakoly Daaba, et membre d'une famille de griots, ces
dépositaires de la tradition orale contant Histoire et légendes d'un peuple,
d'un pays, mais aussi l'histoire des familles. L'art des griots étant
intimement mêlé à la musique, le futur Tiken développe sa passion mais ne la
mettra pas à jour avant la mort de son père. Plus intéressé par la danse et la
musique que par l'école, son père l'envoie dans un autre village, Gbéléban.
C'est là qu'il découvre le reggae.
Françafrique |
Coup de
gueule |
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2002 -
GD |
2004
- CD |
A 20 ans, il rencontre un
guitariste ghanéen, Joffrey, avec lequel il enregistre une maquette. Mais déjà,
le jeune Tiken préfère la scène. Il monte alors son premier groupe, Djelys,
vers 1987, avec lequel il connaît un certain succès dans la région. De fil en
aiguille, Djelys connaît la notoriété et fait en 92 la première partie de Solo
Jah Gunt, autre star du reggae ivoirien. L'année suivante, le groupe
s'enrichit d'un guitariste français, Spank!.
Repéré par un tourneur
travaillant pour Marlboro Music, Djelys a l'occasion de participer en 93
à un concours le Marlboro Rockin'. Ils arrivent quatrième sur deux cents ! Leur
talent leur ouvre vite les portes des télévision et radio nationales où ils
font un premier passage. Dans la foulée, ils enregistrent leur premier album
qui porte le nom du groupe. Auteur-compositeur, Tiken fait vite un malheur en
Côte d'Ivoire. En 94, le groupe est en tournée et sort leur deuxième album Missiri. A cette époque, les
premières élections qui ont lieu après la mort de Houphouët Boigny (qui a régné
en maître de 1960 à 1993 sur le pays) donnent lieu à de violentes
manifestations. C'est là que Tiken Jah Fakoly écrit ses premiers titres sur la
situation politique pour en dénoncer les excès. Il en tirera une grande
popularité auprès de la jeunesse. Il est également invité dans quelques
meetings politiques.
Le
plus célèbre de ces titres, sorti en 1996, est Mangercratie
qui le fait connaître dans toute l'Afrique de l'Ouest. Il y
évoque la revendication des Africains de vouloir avant tout un régime (sans jeu
de mots.) où l'on mange, et non des régimes politiques, des "craties"
en tout genre, qui les privent de leurs droits y compris celui de manger,
"le droit de tous à la soupe". Ce disque, en dépit de quelques
censures de la part des médias officiels, reste classé pendant cinq mois en
Côte d'Ivoire et est à la source de son immense succès - désormais en solo - à
partir de 1997. Cette année-là, on le voit jouer dans des stades face à 20.000
personnes. Il est invité de tous les festivals ivoiriens.
Tout naturellement, l'Europe
s'intéresse à lui, et en particulier Paris, carrefour des musiques du monde. Il
y joue pour la première fois le 23 mars 98 sur la péniche Makara. A partir de
ce jour, il est présent sur d'innombrables scènes parisiennes et provinciales.
En mai, il est invité au Divan du Monde pour le concert Africa Live, un concert
télévisé par Canal France Internationale en partenariat avec RFI. Puis le 12
juillet, jour de la finale de la Coupe du monde de football à Saint-Denis en
banlieue parisienne, il est présent sur la scène du Forum du Monde au pied du
Stade de France. Il continue cependant ses tournées en Afrique où son succès ne
se démentit pas. Cette année-là, il se déplace en particulier au Burkina Faso.
En fin d'année, il participe au festival Musiques métisses et surtout, il fait
la première partie du groupe de reggae français Sinsemilia les 4 et 5
décembre.
Début 99, il prépare un nouvel
album. Parallèlement, il tourne à nouveau au Burkina et en Guinée. Mais
l'événement de l'année est sa tournée à New York et Philadelphie où il
travaille avec des musiciens jamaïcains. En mai, Mangercratie sort en France sous un
pressage spécial. C'est à cette occasion qu'il retrouve le groupe Sinsemilia
qui l'engage pour toute sa tournée, été et automne. C'est ainsi qu'il se
retrouve sur les scènes de grands festivals estivaux tels celui de Fourvière à
Lyon ou des Francofolies de La Rochelle.
En janvier 2000, il retrouve
la Côte d'Ivoire pour quatre dates. Cette année-là, le pays sera en proie à de
violents heurts internes suite à des élections houleuses. Là, plus que jamais
Tiken Jah Fakoly se révèle l'emblème de la jeunesse, portant haut une parole de
résistance et de critique (Plus jamais ça !) face aux événements et aux politiciens. Il sort d'ailleurs
cette année-là son nouvel album Cours
d'Histoire, mixé en Jamaïque, et qui connaît
une nouvelle fois un fort succès critique et commercial dans tout l'Ouest
africain. Il y aborde toujours des thèmes de société mais aussi son rapport à
la tradition et aux ancêtres (Descendant). En avril, il est invité du festival le Printemps de Bourges,
puis du festival Completement Mandingue de St Brieuc en Bretagne et du Garance
Reggae Festival au Palais Omnisports de Paris Bercy le 24 juin. Il
retrouve RFI en décembre puisque le 2 est organisé le concert RFI Découverte à
Cotonou au Bénin, et dont il est la vedette. Quelques jours plus tard, le 7, il
est de retour en France, à Tours, en première partie de du groupe jamaïcain Israël
Vibration.
Devenu une
vraie figure du paysage musical ouest-africain, Tiken entre dans l'écurie Barclay
qui lui donne un budget d'enregistrement beaucoup plus important que sa
maison de disques précédente. Il faut dire qu'en Afrique, Tiken a vendu plus de
500.000 exemplaires de Mangercratie et l'on ne peut dénombrer toutes les copies pirates de l'album.
En février 2002, il sort un disque intitulé Françafrique enregistré en Jamaïque dans les mythiques studios Tuff Gong
avec les célèbres Sly Dunbar et Robbie Shakespeare (basse et
batterie), le guitariste Earl Smith et Tyrone Downie, au clavier
et à la production. On compte aussi deux invités prestigieux, U Roy (sur
Justice) et Anthony
B. En fait, l'album reprend des anciens succès de Tiken comme Le pays va mal ou Y'en a marre et propose au public
international un florilège de ses meilleurs morceaux chantés tour à tour en
français, anglais et dioula. Pour défendre ce disque, il part en tournée
française et se produit notamment à Paris à l'Elysée-Montmartre le 28 février.
Tiken Jah participe à tous les grands festivals de
l'été 2002 (des Vieilles Charrues à Carheix en Bretagne jusqu'à la Fête
de l'Humanité) avant de reprendre sa tournée française fin septembre. Les
événements politiques en Côte d'Ivoire l'empêchent de retourner dans son pays,
son nom se trouvant sur une liste des hommes à éliminer. Il est contraint à
l'exil entre Bamako et Paris et doit annuler la tournée qu'il avait programmé
courant décembre dans son pays.
Il participe à la compilation Drop the Debt (Annulons la dette) qui sort
fin janvier 2003 avec Césaria Evora, Sally Nyolo, Massilia
Sound System et une quinzaine d'autres artistes. Le 15 février 2003, Tiken
Jah Fakoly est primé aux Victoires de la musique française pour Françafrique comme meilleur album
Reggae/Ragga/World de l'année, ex-eaquo avec le groupe corse I Muvrini.
Fidèle à ses convictions, Tiken Jah profite de cette cérémonie pour réclamer
l'indépendance de l'Afrique. Trois jours plus tard, il participe au concert
d'ouverture d'Un autre sommet pour l'Afrique, plateforme des opposants
au sommet France-Afrique qui se déroule la même semaine dans la capitale
française.
Le reggaeman ivoirien repart
pour Kingston en Jamaïque pour enregistrer un nouvel album aux studios Tuff Gong.
Il fait de nouveau appel à Tyrone Downie pour la réalisation, à Sly et Robbie
pour la section rythmique. Coup de gueule sort en septembre 2004 et porte toujours le message qui tient à
coeur de l'artiste exilé, celui de la lutte pour le continent africain, pour la
cause altermondialiste, contre la corruption, etc. Plusieurs invités
contribuent à l'ouverture de la musique de Tiken vers d'autres horizons : Didier
Awadi de Positive Black Soul sur Quitte le
pouvoir, les frères Amokrane de Zebda
sur Où veux-tu que j'aille et Magyd Cherfi qui co-écrit Tonton
d'America. Le 2 octobre alors que Tiken Jah
Fakoly aurait souhaité lancé cet album en Côte d'Ivoire, c'est en réalité au
stade Modibo Keïta de Bamako que près de 20.000 personnes se déplacent pour écouter
les chansons de son nouvel album.