François
Béranger
Figure de la chanson
libertaire des années 1970, François Béranger est mort à l'âge de soixante-six
ans le 14 octobre 2003.
Il était une des figures
de la chanson des années 1970. Chanteur contestataire, il fut un artiste engagé
qui mettait ses mots et ses mélodies au service de tous les
laissés-pour-compte. L'auteur de Rachel
s'est toujours tenu à la marge d'un monde dans lequel il ne se reconnaissait
pas. À la fois bourru et tendre, il était ce qu'on appelle un "chanteur
libertair ". Définitivement contre l'ordre établi, il exécrait le monde de
l'argent, allant à l'encontre de la culture marchande. Ses chansons, telles Alternative, Participe
présent, avaient fait de lui une voix militante de son
époque.
Tranche de vie |
La chaise |
Le monde bouge |
L'alternative |
Participe présent |
Le cactus |
Profiter du temps |
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1970 CD |
1974 CD |
1974 CD |
1975 CD |
1978 CD |
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2002 CD |
Il faisait partie de ces
insoumis de la chanson qu'on ne récupérait pas. Il portait un regard caustique sur
la société qu'il considérait trop conformiste, mettant ses chansons au service
de ses idées.
Il avait en horreur la
société de consommation (Canal 19,
Je ne veux pas le savoir), l'univers du fric (Combien ça coûte), et le racisme (Mamadou m'a dit). Mais, derrière son phrasé prolétaire, on
appréciait la tendresse d'un répertoire sensible qui donnera des perles restées
dans les mémoires : Natacha,
Départementale 26 ou Pour ma
grand-mère. Autodidacte, d'un caractère réservé, il n'était
pas homme à livrer ses sentiments. Ce qu'il pensait, il le disait en chanson,
épinglant le monde contemporain. Béranger ne supportait pas les injustices.
Jusqu'au bout, il se sera battu dans l'espoir de voir naître un monde plus
égalitaire, prenant toujours le parti des Exclus,
à l'image du titre phare de son album paru en 1997. Il n'aimait pas que l'on
disserte sur sa vie. À l'origine d'une quinzaine de disques, il préférait que
l'on écoute ses chansons plutôt que l'on s'attarde sur sa biographie. Depuis
quelques années, il s'était fait un peu oublier. Il avait tenté un retour dans
les années 1990 avec l'album Dure-Mère,
n'enregistrant qu'un succès d'estime. Récemment, on l'avait revu sur la scène
du Lavoir Moderne puis du Limonaire à Paris. Depuis, François Béranger, qui venait
d'enregistrer un album consacré au répertoire du Québécois Félix Leclerc,
vivait en retrait du monde, dans sa campagne du Gard. En esprit libre. Cela lui
valait d'être salué par les chanteurs des nouvelles générations. Tel Sanseverino
qui n'a pas hésité à reprendre son Tango de
l'ennui sur son premier disque, chanson qu'il interprète
dans ses concerts. François Béranger était une voix essentielle que nous
garderons dans nos cours.
"Je
suis né... Je mourirai..."
Ainsi François Béranger expédie-t-il, d'une pirouette cet exercice délicat qui
consiste à rédiger la bio
promotionnelle d'un chanteur. Exercice dont il se plaît à souligner la vacuité,
en enfonçant le clou, comme à son habitude : "la bio d'un chanteur doit
faire vingt cinq lignes, au maximum, pour être lue en diagonale, par des
présentateurs pressés, ou des journalistes en mal de copie..." Et si
nous prenions le temps, nous qui ne sommes pas pressés, d'aller un peu au delà
de ces vingt cinq lignes d'usage ? En commençant par le début : "Je suis
né...". Expression doublement symbolique, pour Béranger, dans la mesure
où, mis à part sa naissance physique, le 28 août 1937, ce sont très exactement
ces mêmes mots qui introduisent Tranche de vie,
la chanson qui posera les fondations de sa carrière. "Je suis né dans
un p'tit village / Qui a un nom pas du tout commun / Bien sûr entouré de
bocages / C'est le village
de Saint-Martin"
En fait de Saint-Martin - un nom choisi à
dessein pour sa banalité -, François Marie Béranger voit le jour à
Amilly, un village proche de Montargis, dans le Loiret, à quelques kilomètres
de Courtenay, le pays d'Aristide Bruant. Hasard de la géographie car, si
les parents de sa mère - née Jeanne Sauvegrain - habitent effectivement à
Amilly, la famille Béranger vit en fait à Suresnes et le père, André, travaille
à Billancourt, chez Renault. Louis Renault que, par dérision ses ouvriers
surnomment "P'tit Louis", comme dans le
Tango de l'ennui : "Je mesure aujourd'hui combien favorisé /
J'étais quand j'travaillais chez P'tit Louis / A Billancourt-sur-Seine, dans
l'entreprise modèle / Je participais à l'expansion..."
L'humour corrosif, qui marque la plupart
des chansons de Béranger, se nourrit souvent de ce genre de références à une
culture ouvrière joyeuse, frondeuse et volontiers irrévérencieuse qui,
aujourd'hui, a de plus en plus tendance à s'effacer de la mémoire collective.
Ainsi dans la même chanson, le refrain ("Anastasie, l'ennui
m'anesthésie! ") fait-il songer à la censure - désignée sous ce prénom
à l'époque de Bruant, Couté et autres Montéhus -, ce qui pour beaucoup, ne
signifie plus grand-chose de nos jours.
De fait, "P'tit Louis" est mort
depuis longtemps (après avoir été inculpé, au lendemain de la Libération, de
collaboration avec l'ennemi); les usines de Billancourt sont fermées, et leur
site en passe de devenir une vitrine-musée pour quelques commerçants de luxe;
quant à la censure, elle s'exerce, désormais, sous des formes beaucoup plus
insidieuses. Les chanteurs ne sont plus jetés en prison - comme au temps de
Béranger (l'autre Pierre Jean de...) - mais on leur casse les reins
sournoisement, en les écratant des médias et des grands circuits de
distribution.
Les chansons de Béranger, elles, restent
d'un bout à l'autre de sa carrière de chanteur d'une stupéfiante actualité.
Qu'elles parlent - aujourd'hui - simplement du pas de notre porte ("Combien
ça coûte, la souffrance ? / Combien ça pèse, la détresse ? / Combien ça coûte
l'indigence / Dans notre beau pays de France ?"...) ou qu'elles nous
livre, entre les lignes (dès 1974), de drôles d'avertissements résonnant à
présent de sinistres échos ("Partout le monde éclate / Là où régnait le
silence / Certains font porter leurs voix / Jusqu'aux remparts du royaume / Où
l'on n'adore que l'or").
La fête du temps
Août 1937, donc. A peine plus d'un an que
le Front populaire est arrivé au pouvoir (mai 36), et déjà Léon Blum a donné sa
démission (juin 37), après s'être opposé au Sénat. André Béranger - militant syndicaliste
et orateur de talent, malgré son modeste statut d'ouvrier tourneur - a
participé aux grandes grèves qui ont porté le Front populaire au pouvoir. Avec
ses camarades, il occupe jour et nuit le site de Billancourt. En dehors de ces
périodes de grève, la famille habite un modeste une pièce-cuisine, proche de la
gare de Suresnes. Jeanne Béranger (comme sa mère, célébrée dans une belle
chanson, sobrement intitulée Pour ma grand-mère)
est couturière. Payée à la pièce, "elle se tuait la santé sur sa machine
à coudre Singer..." Mais elle travaille à domicile, ce qui lui permet
de passer ses journées avec son loupiot; contrairement à sa propre mère, petite
main dans un de ces vastes ateliers de couture où l'on chantait à longueur de
journée pour oublier, quelque peu, la dure condition de couturière. " Dans
les ateliers d'misère / On s'rait cru dans une volière..." Né au pays
d'Aristide Bruant, homonyme de Pierre-Jean de Béranger - le plus grand
chansonnier du XIXème siècle, avec lequel il n'a aucun lien de
parenté -, François Béranger a toujours eu l'amour de la chanson. Un amour
qu'il ne doit, en aucune façon, à ses prestigieux voisinages de hasard, mais à
une solide tradition familiale reposant sur une pratique constante. Outre cette
grand-mère qui connaît plusieurs centaines chansons par cœur - comme toutes les
couturières d'une époque où les postes à transistors n'avaient pas encore
réduit les ateliers au silence -, la mère du jeune François chante en
travaillant. "Elle chante les tubes de l'époque : Elyane Célis, Damia,
Frehel, Trenet, Jean Sablon, Jean Lumière..."
Quant au père, ses activités au sein des
Auberges de jeunesse et des mouvements de jeune en général le conduisent aussi
à chanter et à faire chanter. Une histoire à tiroirs car, comme presque tous
les hommes de sa génération, André Béranger est mobilisé quand éclate
l'inévitable guerre contre l'Allemagne nazie. Le 3 juin 1940, les usines
Renault sont bombardées et partiellement détruites. Il n'est donc plus question
pour André Béranger, lorsqu'il est démobilisé, de retourner travailler à
Billancourt. Mais l'expérience acquise fait qu'on lui propose la direction d'un
centre de jeunesse, et la famille quitte le minuscule logis de Suresnes pour un
hôtel particulier sis à Boulogne, avec vue sur la Seine. D'autres résidences
suivront... D'autres châteaux... Car il faut de la place pour installer un
centre de jeunesse. Jusqu'au jour où André Béranger est arrêté. Celui-ci, sous
ses fonctions officielles (les Centres
de jeunesse et autres mouvements de jeunes sont une idée chère à Pétain),
appartient à un réseau de résistance faisant passer des enfants juifs en zone
libre. Mais rien n'a transpiré et il ne s'agit en réalité que d'un point de
détail administratif ubuesque (il n'avait pas fait coudre la francisque de
Vichy sur le blanc du drapeau tricolore!), on le relâche donc le soir même...
Il n'empêche, la famille a senti le vent du boulet et le père est obligé de
disparaître jusqu'à la fin de la guerre. Les Béranger, alors, s'installent du
côté de Nevers.
A la Libération, André Béranger est élu
député de la Nièvre, sur les listes du Mouvement républicain populaire (MRP),
un parti fourre-tout où l'on retrouve aussi bien des chrétiens de gauche que
des tenants d'une droite modérée ou des centristes.
Il ne fera qu'un seul mandat et ne se
représentera pas aux législatives de 1951, préférant abandonner la politique
plutôt que de se plier aux alliances douteuses qu'on lui propose : "J'ai
une grande admiration, confiera son fils François, pour la façon dont il
a mené sa vie, pour ses prises de position, pour ses luttes, pour sa dignité,
pour son dévouement, pour la manière dont il s'est élevé tout seul, sans jamais
renier ses idées...".
Car
la spirale de l'ascension sociale est lancée et la famille Béranger (qui s'est
agrandie de trois enfants : deux garçons et une fille) vit désormais une
existence relativement bourgeoise. Et si, par une certaine ironie du sort, le
père est retourné travailler à Billancourt, ce n'est plus comme tourneur mais
comme chargé, auprès de la direction générale, des relations avec le Parlement.
En 1945, en effet, les usines Renault ont été nationalisées, à la suite des
activités collaboratrices de "P'tit Louis".
François, lui, mène une scolarité paisible
: "Je m'étais installé confortablement dans une honorable moyenne, à
égale distance du vedettariat des permiers et de la honte des cancres..."
Ainsi, bien avant les gauchistes de 1968, quittant les facs pour
"s'établir" en usine, afin de toucher au plus près le mythe
prolétarien, François Béranger devient-il ouvrier chez Renault.
Mais le mythe, rapidement, vole en éclats :
"C'est insolite et original de travailler en usine et d'avoir fait du
grec et du latin. Les prolos et fils de prolos n'y comprennent pas grand-chose:
qu'est-ce que je fous là, alors que pour eux lycées et universités sont un
monde inaccessible? Assez vite, je me rends compte qu'on ne se prolétarise pas
comme ça, et que la culture, l'enseignement reçus, font une sacrée différence
dans l'appréhension du quotidien..." Et puis, "l'usine, c'est
bien joli, mais ça abrutit vite" Alors, comme le dit la chanson "Quand
on en a un peu là-d'dans / On n'y reste pas bien longtemps / On s'arrange tout
naturellement / Pour faire des trucs moins fatigants / Je m'faufile dans une
méchante bande / Qui voyoute la nuit sur la lande / ...J'apprends des chansons
de Bruant / En faisant des croches-pattes aux agents..."
La Roulotte
La
bande en question s'appelle La Roulotte. Un groupe informel de grands
adolescents, qui se transforme bientôt en troupe de théâtre amateur. C'est là
que François commencera à chanter en s'accompagnat à la guitare, comme Stéphane
Golmann ou Félix Leclerc qui furent les pionniers du genre, à la
charnière entre les années 40 et 50.
La Roulotte
organise les spectacles où se mêlent chanson, marionnettes, mime, théâtre,
etc., et se produit le plus souvent devant les publics les plus défavorisés :
asiles de vieux, centres d'handicapés, prisons, hôpitaux, foyers de
délinquants... Un côté à la fois social, chrétien de gauche et vaguement scout,
assez proche d'esprit d'une association comme La Franche Cordée au sein
de laquelle Jacques Brel fera ses premiers pas de chanteur.
L'été, la troupe s'entasse dans un vieux
bus et se paie des vacances sur les routes d'Europe, jouant la comédie et
donnant des spectacles au hasard de ses étapes. L'une de ces tournées, en 1958,
l'entraîne en Grèce; depuis quelques mois, François sait qu'à son retour, dès
septembre, il devra rejoindre la caserne où il fera ses classes, avant de
s'embarquer à destination de l'Algérie, comme la plupart des appelés de sa
génération. Le service militaire est alors de vingt-quatre mois, il passera
bientôt à vingt-sept. L'idée de rester en Grèce le tente et il laisse rentrer
le reste de la troupe pour parcourir le pays en stop. "Pour bagage,
j'ai ma guitare et une petite musette en toile avec une chemise et un pantalon
de rechange".
L'Agérie
2 Septembre 1958, caserne Charras, à
Courbevoie. Des centaines d'appelés. Certains partiront directement pour
l'Algérie; Béranger, lui, est provisoirement affecté à Berlin. Finalement, il
passera dix-neuf mois en Algérie - "De quoi prendre toute l'Afrique en
grippe ! " -, entrecoupés d'une seule permission en France, le temps
d'épouser Martine Hussenot qui, pour le rejoindre, vient s'installer à Oran,
avant de regagner la métropole, enceinte de leur premier enfant. Affecté aux
transmissions, François Béranger occupe une casemate fortifiée, au sommet d'un
piton, et tue le temps en dévorant trois kilos de livres par semaine : " Le
poids des colis que la famille peut envoyer en franchise militaire à son
soldat. Je préfère les livres aux saucissons qui, de toute façon, arrivent
avariés au destinataire..." Contrairement à ce qui sera prétendu plus
tard, personne n'ignore alors, sur place, la réalité de la torture. "Institutionnalisée.
Omniprésente. Pratiquée, systématiquement à grande échelle. Jusque sur des
enfants. C'est l'affaire des 'spécialistes' mais tout le monde est au courant.
Ceux qui sont contre ne la ramènent pas, par crainte des représailles. Beaucoup
y sont favorables..." Ces dix-neuf mois d'Algérie restent à jamais
ancrés dans l'esprit, la mémoire et le coeur de François Béranger qui en
parlera longtemps avec des silences lourds et douloureux : "Jai
compris, alors, pourquoi les anciens combattants se réunissent et se racontent:
personne ne peut imaginer la réalité d'une guerre sans l'avoir vécue. Alors on
enfouit. On occulte. Sans savoir ce que ce pseudo-oubli va vous empoisonner
pour longtemps."
Le retour à la vie civile s'effectue fin
1960, peu avant Noël et quelques semaines avant la naissance de sa fille
Emmanuelle. "Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Je voudrais faire
bonne figure, mais je suis vidé. On a fait de moi une espèce de zombie, qui ne
sait plus jouir des bonnes choses. La réinsertion va être dure ! " En
fait de réinsertion, il reprend à contrecoeur le chemin de Billancourt où,
durant un an, il ne cesse de changer d'atelier, de service ou de département,
sans jamais parvenir à se fixer ni à s'intéresser à ce qu'il fait. Jusqu'à ce
qu'on lui suggère amicalement d'essayer sa voie ailleurs. Et, comme le cinéma
le passionne, son beau-père, le comédien Olivier Hussenot, le présente à des
amis qui travaillent à la réalisation des courts métrages d'animation. C'est
une autre vie qui commence. Bientôt ponctuée par l'arrivée d'un second enfant :
un fils prénommé Stéphane.
Il participe à la réalisation d'un certain
nombre d'oeuvres de commande traitant des sujets les plus divers. Une formation
sur le tas, qui lui permet bientôt d'intégrer le fameux Service de la recherche
de l'ORTF, créé et animé par Pierre Schaeffer. "Avec lui, il fallait
penser. S'interroger sur le fond et la forme. Ne pas jouer avec des machines
pour ne rien dire..."
Mai 68
Pour François Béranger, cette expérience
irremplaçable va durer quatre années au cours desquelles il sera tour à tour
régisseur, chef de production, réalisateur, producteur d'une émission de
variétés (Ball-Trap) et finalement démissionnaire. Il rejoint alors
l'équipe de Caméra 3 (magazine mensuel d'information de la 2ème chaîne,
proposé par Philippe Labro et Henri de Turenne), avant de réaliser quelques
sujets pour Le Nouveau Dimanche, émission culturelle où sa façon non conventionnelle
de traiter les sujets le pousse progressivement vers la sortie. " Mais
quelle importance ? C'est Mai 68 !"
1968 ! D'un côté, "ça baigne dans
le bonheur : celui de la spontanéité délirante, quand tous les blocages et les
interdits semblent effacés..."; de l'autre, avec son expérience du
monde du travail et de la guerre, son âge (31 ans, soit bien au-delà de la
moyenne ambiante), et cette lucidité, cette franchise qui n'appartiennt qu'à
lui, il ne peut adhérer sans réticence, ou du moins sans nuance, à tout ce qui
se dit : " Je me suis frotter avec les purs et durs de toutes
tendances... et Dieu sait qu'il y en avait des tendances ! Mais il n'y a pas
d'évolution ou de révolution qui puisse faire table rase de l'Histoire, des
moeurs ou de la culture..."
Vous n'aurez pas ma fleur
En ces dernières années de l'année 1968, ce
ne sont pas les sujets de chanson qui manquent... et, rapidement, Béranger se
trouve avec une douzaine de titres, qu'il enregistre sur cassette, pour les
montrer à ses copains.
L'un
d'entre eux qui emprunte la bande et la fait écouter à Françoise Lô, directrice
artistique chez CBS qui, aussitôt, propose à François de signer un contrat de
cinq ans. Sa vie, pourtant fertile en rebondissements, vient de prendre un
nouveau virage. Sur les chapeaux de roue, car dès le premier enregistrement, en
1969, le succès est au rendez-vous, avec le 45 tours de Tranche de vie.
Dans le contexte du moment, post
soixante-huitard, François Béranger et ce titre tombent à pic : sous
l'impulsion de Michel Lancelot et de sa fameuse émission Campus, les
radios programment allègrement ce chanteur qui n'en est pas vraiment un mais
qui n'a pas sa langue dans sa poche et, surtout, n'essaie pas d'enrober ses
propos de sucrerie.
Quant à la chanson proprement dite, avec
son accompagnement de banjo, son humour corrosif et la simplicité directe de
ses couplets, elle évoque irrésistiblement ce folk américain issu d'artistes
comme Woody Guthrie et Pete Seeger que la France est en train de
découvrir, après avoir longtemps cru que le genre se limitait aux chansons de
cowboy.
En parfaite adéquation avec son temps, Tranche de vie reste l'une des chansons marquantes de
cette curieuse époque où l'esprit contestataire explosait dans tous les
domaines, au point de bouleverser définitivement notre façon d'appréhender la
société (à commencer par les rapports hommes-femmes et parents-enfants), et où
le pouvoir en place tentait d'essayer d'enrayer toute velléité de révolte en
imposant une présence policière implacable, multipliant les actes de censure et
créant la notion ahurissante d'ennemi intérieur. Ce à quoi Béranger répondait,
le ton goguenard : "Réprimez si vous voulez/ [...] Vous n'aurez pas ma
fleur ! / Celle qui me pousse à l'intérieur / Fleur cérébrale et fleur de coeur/
Ma fleur..."
Une des photos de mai 68 les plus
symboliques montre Daniel Cohn-Bendit, hilare, face à une CRS casqué, qui le
dépasse d'une demi-tête. Une photo dont la légende pourrait bien être le
refrain de Ma fleur : "Vous êtes les
plus forts / Mais tous vous êtes morts / et je vous emmerde !"
En 1970, dans la foulée du succès de Tranche de vie, CBS sort un album. Un premier 30
cm qui, avec des chansons comme Y'a dix ans
(allusion rapide à La Roulotte), Une ville
(évoquant le printemps de Prague et sa répression), Dis-moi
oui, Natacha et une belle reprise de A la Goutte d'Or de Bruant, reçoit un très bon
accueil, tant côté médias que côté public. Pourtant, le chanteur n'est pas tout
à fait satisfait : "Vous donnez vos maquettes et, quelques semaines plus
tard, on vous convoque au studio pour enregistrer la voix... Vous découvrez
alors ce que sont devenues vos chansons, triturées par des arrangeurs inconnus,
parfois de talent, mais avec qui aucun dialogue ne s'est jamais établi."
Le talent, en effet, n'est pas en cause, seulement la méthode, puisqu'en
l'occurence c'est Jean-Claude Petit, un des arrangeurs les plus
brillants et originaux de sa génération, qui signera ses premières
orchestrations.
Pour
l'album suivant, Ca doit être bien...
(1971), François Béranger fait appel au groupe Mormos, rencontré à
l'occasion du festival folk de Malataverne. Composé de jeunes américains
installés en France, provisoirement, jouant chacun de plusieurs instruments et
puisant leur inspiration aux multiples sources du jazz, du folk et de la
musique classique, Mormos est un groupe atypique, très en avance sur le son de
l'époque. Un ton relativement déconcertant, même, pour le public de la chanson
d'auteurs, peu habitué à tant de liberté musicale. Malgré quelques chansons magnifiques
comme Ca doit être bien, Le monument aux oiseaux, Ma
fleur ou La fête du temps, et une belle
reprise de La tite toune de Vigneault,
le disque marche beaucoup moins bien que le premier. CBS commence à faire la
grimace à cet électron libre, incontrôlable, qui colle dans ses locaux des
stickers de La Cause du peuple (journal créé par Jean-Paul Sartre,
et ancêtre de Libération). D'un commun accord, le chanteur et sa maison
de disques divorcent à l'amiable, et Béranger rejoint aussitôt un petit label
indépendant : L'Escargot-Sibécar, fondé au Québec par Gilles Vigneault
et dirigé, en France, par Gilles Bleivis.
Dans le même temps, François Béranger
reçoit de plus en plus de propositions pour se produire en public. D'abord seul
avec sa guitare, puis avec de petites formations acoustiques qui séduisent le
public folk mais lui laissent - à lui-même - un goût d'inachevé. A ses yeux,
ses chansons relèvent d'une inspiration urbaine devant forcément passer par la
musique électrique. Une volonté qu'exprime implicitement le nom du groupe, Electrogène,
qui l'accompagnera sur scène jusqu'au virage
déterminant que sera sa rencontre avec Jean-Pierre Alarcen, l'un
des plus grands guitaristes français. De ceux qui forcent l'estime de leur pairs,
dans un métier où les problèmes d'ego et de rivalité ne sont pas de douces
litotes. "C'était un pur et dur - il l'est d'ailleurs resté - résolu à
ne pas transiger avec l'idée qu'il avait de la musique..."
Tango de l'ennui
Le premier album de François Béranger,
publié par L'Escargot (en 1974), est un reflet assez fidèle de cette
période de transition musicale au cours de laquelle le chanteur avait, par
ailleurs, composé les musiques des deux chansons (Chanson
des clés et Première chanson de l'an 01)
de la bande originale du film de L'An 01, sur des paroles de Gébé.
D'une tonalité d'ensemble résolument folk, orchestré par Michel Devy, ce
disque sans titre surnommé La Chaise en
raison du dessin (de Martine Hussenot) illustrant sa pochette, emprunte en fait
à toutes sortes de musiques populaires. Tzigane (Rachel),
flonflons des fêtes à neuneu (La fille que j'aime),
tango argentin (Tango de l'ennui), folksong
américain (Le vieux), musique québécoise (La gigue de la reine et Chanson
à danser), flûtes indiennes (Nous sommes un cas),
etc.
Mais au détour d'un couplet, Béranger nous
rappelle qu'il n'est pas dupe de ce folklore souvent fort oublieux des réalités
locales : "Il faut savoir exploiter / Le goût immodéré / Des gens pour
l'exotique / [...] La musique des Indiens / Ou celle des Mexicains / Ou celle
des Colombiens / Ca nous dit seulement : misère / Sèchesse de la terre /
Pouvoir des militaires / Peuples écartelés / Villages abandonnés..."
Le monde bouge
Quelques mois plus tard, son quatrième
album, Le monde bouge, concrétise la
rencontre avec Jean-Pierre Alarcen, et deux autres musiciens - Gérard
Cohen (basse) et Michel Bonnet (batterie, percussions) - qui
constitueront désormais le noyau dur du groupe de scène du chanteur.
Pour que tout soit clair, la pochette
montre la photo des quatre hommes ensemble et porte leurs quatre noms. Dès les
premières mesures, la musique est un régal. Forte, cohérente, prenante. Un
sacré bon groupe est né, qui demeurera d'une formidable cohésion pendant cinq
ans.
Cinq années au fil desquelles il
enregistrera trois albums (L'Alternative,
Participe présent et Joue pas avec mes nerfs), outre un double en
public, et, surtout se produira à travers l'Hexagone à raison de plus de cent
spectacles l'an. Festivals, fêtes politrqiues, galas de soutien... mais aussi
châpiteaux dans de petites villes où, faute de budget conséquent, de nombreux
artistes refusent de venir.
Mais François Béranger pratique une
politique de cachets raisonnables, qui permet aux organisateurs de le
programmer sans prendre trop de risques financiers. Il exige en échange d'avoir
un droit de regard sur le prix des places, pour que les profiteurs de
s'engraissent pas sur son dos, ni sur celui du public. Les salles, soir après
soir, sont pleines à craquer.
Les albums se vendent par dizaines de
milliers. François Béranger devient l'une des voix les plus marquantes de cet
après-68 qui, une fois rangés les gourdins, pavés et barricades, verra toute
une génération cultiver les fleurs de la contestation et le sens de
l'alternative. Les années suivantes seront celles d'un formidable débat
d'idées, où les chansons d'artistes comme François Béranger, Catherine
Ribeiro, Maxime Le Forestier, Colette Magny et bien d'autres
seront des points de repères incontournables. Pour le public, s'entend; car,
pour les médias (repris en main par le pouvoir), les salles pleines et les
dizaines de milliers de disques vendus ne signifient rien. Silence radio. On
programmait Tranche de vie en son temps, mais
des titres comme Ma fleur, Le monde bouge ou Magouilles
blues, c'est une toute autre affaire...
L'Alternative
Outre la censure du pouvoir et de ses
sbires, Béranger sera confronté souvent à la contestation d'une partie du
public, perturbant ses spectacles aux cris de "Béranger, pourri
!", au nom d'une liberté d'expression dont on ne lui a visiblement pas
fourni le mode d'emploi. Pour certains, alors, le simple fait de monter sur
scène et d'avoir un micro, représente une intolérable confiscation de la parole
collective... Cheveux longs et idées courtes qu'on retrouvera également, selon
le planning des tournées, aux spectacles de Léo Ferré.
Et puis L'Alternative...
Ce mot, décliné de toutes les couleurs sur la pochette, sera le titre du
cinquième album de Béranger. Le second réalisé avec la bande d'Alarcen, étoffée
depuis peu par l'arrivée de Claude Arini aux claviers. Cinq titres sur
la face A du 33 tours et un seul sur la face B : Paris-lumière,
19'25 !
Outre ce dernier titre où Béranger se fond parfois
dans le groupe (ainsi qu'il le fait de plus en plus sur scène, pour laisser Alarcen
et ses comparses s'exprimer pleinement), les chansons les plus marquantes sont
les deux qui ouvrent l'album : L'alternative et
Tous ces mots terribles. "L'alternative,
c'est plus malin / C'est s'emmerder à cent sous de l'heure / Dans des boulots
déshonorants / Ou s'éveiller un beau matin / Et partir casser des moulins /
Avec des forces insoupçonnées. " Tous ces mots terribles est sans
doute l'une des plus belles chansons jamais écrites sur le métier de chanteur :
"Chanter, c'est survivre, quand on est vidé / Vidé de ses illusions,
tout nu et tout con / Essoré, déboussolé, cassé, piétiné / Je ne suis ni
meilleur ni plus mauvais que vous / Contre vents et marées, envers et contre
tout / J'ai chevillé dans le coeur un rêve de bonheur...".
Une sorte de pause intimiste, répondant par
avance à l'introduction de Paris-lumière qui ne
prend réellement tout son sens qu'en scène, face au public "Hé salut
tout le monde, comment ça va ? / Nous, faut qu'ça aille, merci et vous?"
Mamadou m'a dit
De tournée en tournée, arrive l'inévitable
moment de l'album en public. Aucune nouveauté sur celui enregistré en 1977 (un
double 30 cm), mais le groupe tourne comme une une fournaise et les anciennes
chansons, liftées à l'électricité, pétillent d'une jeunesse nouvelle. Pourtant,
l'expérience avec Jean-Pierre Alarcen commence à tirer à sa fin et, en
1978, après un nouvel album, Participe Présent
(marqué par une adpatation française d'un talking blues de Woody Guthrie,
Blues parlé du syndicat) puis un passage d'un
mois à l'Elysée Montmartre, l'équipe se sépare; le guitariste partant de son
côté former sa propre formation.
Après cette séparation que nombre de fans
mettront un certain temps à comprendre et admettre, tant Alarcen semblait faire
partie intégrante de l'univers de Béranger, ce dernier confie la responsabilité
de son nouveau groupe et arrangements à Bertrand Lajunie. Rapidement, un
nouveau album, Joue pas avec mers nerfs,
est mis en chantier, qui sortira en 1979. Pour la première fois depuis Tranche de vie, une chanson de François Béranger, Mamadou m'a dit, est diffusée régulièrement à la
radio; au point de figurer aux hit-parades et de lui ouvrir les portes
d'émission grand public à la télévision.
Une chanson dont le rythme caraïbe
entraînant en fait un tube... alors que les paroles évoquent sans le moindre
faux-fuyant les ravages en cascade de la colonisation et de la décolonisation,
comme la difficile condition de travailleur émigré: "Mamadou m'a dit /
On a pressé le citron / On peut jeter la peau..." A travers l'espace,
le temps et les circonvolutions du capitalisme triomphant, ces émigrés venus
"pour balayer les rues" et qui "se ressemblent tous
avec leurs passe-montagnes" sont les frères de misère de la grand-mère
couturière à laquelle Béranger dédie ici une de ses plus belles chansons.
Et comme l'on ne saurait s'arrêter aux mots
- fussent-ils ceux des chansons -, Béranger participe à la création d'une
association pour l'aide au retour créatif des travailleurs africains (AARCTA),
visant à financer le retour des immigrés dans de bonnes conditions...
Contrairement à ce qui se passe le plus souvent : "Qu'on les renvoie
chez eux / Ils seront plus heureux / Qu'on leur donne un pourboire / Faut être
libéral / Et quant à ceux qui râlent / Un bon coup d'pied au cul"
Article sans suite
Ce succès médiatique, plutôt inattendu
après dix années d'une carrière en marge de toute compromission et de toute
facilité, ne changera rien à l'intransigeance et au comportement de Béranger.
Lequel renoue, dès l'album suivant, avec ces titres-fleuves qui lui interdisent
ipso-facto toute présence sur les ondes. Ainsi, Article
sans suite, la chanson qui donne son titre au disque de 1980,
occupe-t-elle toute une face du 30 cm sur près de ving-cinq minutes.
Sous l'impulsion de Lajudie, et de
musiciens comme Jean-Yves Lozac'h - éminent joueur de banjo et de pedal
steel guitar -la couleur musicale du groupe évolue vers une sorte de
country-rock fluide. Sans rien perdre de la lucidité implacable de son propos,
François Béranger semble s'ouvrir à plus de sérénité.
Depuis
plusieurs années, déjà, en marge de la chanson, il s'adonne à son autre grande
passion: l'avion. Un domaine où il ira loin puisque, comme Jacques Brel
avant lui, il obtiendra le brevet IFR qui permet de voler en toutes
circonstances, de nuit comme de jour, quelles que soient les conditions
climatiques, en se fiant uniquement aux instruments de bord. Un brevet de
niveau professionnel, qui ouvre à son titulaire les portes de n'importe quelle
compagnie aérienne. Comme chez Jacques Brel, aussi, l'idée d'arrêter le métier
se met à lui trotter par la tête. Mais juste pour un temps... Histoire de
souffler un peu. "J'étais saturé par douze ans de tournées ininterrompues...
J'avais envie de prendre du recul." L'élément qui précipitera le cours
des choses sera le dépôt de bilan de L'Escargot. Bien que sortant encore
sur ce label indépendant, dont les difficultés vont croissantes, Da Capo, son dixième album est produit par RCA.
Mais RCA est déjà sur le point de se faire avaler par Ariola, qui
met comme condition au rachat le dégraissage d'un bon nombre de chanteurs
français..." Béranger fait partie de la charrette, et Da Capo ne sera pratiquement pas distribué, ni
promotionné, et restera un disque confidentiel, malgré la présence de titres
essentiels aux yeux de leur auteur (Le messager, Dans les arbres, Ma maison et
Allemagne, soeur blafarde), lequel prendra la peine de les réenregistrer en CD
une décennie plus tard.
Un septennat sabbatique
Dans l'intervalle, la pause sabbatique
qu'il s'est accordée durera sept ans... La gauche, enfin arrivée au pouvoir, il
semble qie l'on n'ait plus besoin de ces chanteurs et chanteuses qui, des
années durant, ont fait son lit et forgé l'opinion en allant porter
inlassablement ses paroles d'espoir juque dans les moindres recoins de la
France profond. Pour ce qui est de l'espoir, on sait ce qu'il est advenu...
Quant à Béranger, il n'est pas exagéré de parler de traversée du désert.
Dès 1982, soit un an après l'élection
présidentielle, se faisant l'écho de ceux qui ne peuvent s'offrir plus
longtemps le luxe d'attendre que bougenet enfin les choses, François Béranger
porte ouvertement la question : "le vrai changement, c'est quand
?" Une question qui, bien sûr, restera sans réponse, tandis que son
auteur se fera, doucement, grignoter par l'indifférence. "Envolée
l'utopie / C'est maintenant qu'on vit !"
"De 1982 à 1989, j'ai vécu ma vie.
Farniente, glandage, voyages, musique, travaux alimentaires pour vivre..."
Un jour enfin, Francis Kertekian lui propose de produire un nouvel
album, sur son label Justine. Ce sera, en 1989, Dure-mère, un disque enregistré en grande partie
avec des machines (claviers, synthés et boîtes à rythmes). La formule scénique
du groupe qui accompagnera Béranger au cours de la tournée qui suivra (soixante
dates) procèdera de ce même parti pris: trois claviers, point. Si bien que,
certains soirs, le chanteur souffira d'un décalage d'image : les vieux fans
voulant à toutes forces retrouver le François Béranger à la guitare de Tranche de vie, du Tango de
l'ennui ou de Natacha, et ne comprenant
pas que celui-ci puisse se diriger à présent vers d'autres horizons.
Puis l'histoire, qui souvent balbutie, se
met véritablement à radoter : Justine est absorbée par Fnac Music.
"Ca recommence ! Je me retrouve dans une boîte qui n'a pas vraiment
envie de moi. Ni moi d'eux. Beaucoup de fric, beaucoup de moyens, mais un
dialogue artistique nul, une structure de gestionnaires..." Une
nouvelle fois, Béranger reprend ses billes, pour aller voir ailleurs... Jusqu'à
la rencontre d'un nouveau producteur - Antoine Crespin, de Futur
Acoustic - qui cette fois-ci, croit en lui, au point de lui proposer de
ressortir toute sa discographie depuis longtemps introuvable.
Un premier CD assez court et sans titre
sort en 1992 dans le but de donner leur chance à quelques chansons de Da Capo passées à la trappe dix ans plus tôt; avec
deux seules nouveautés, bien saignantes (Culture
Mickey et Exterminator), histoire de
montrer que le désert c'est fini et que les oreilles des "nouveaux barbares / Puant de suffisance / Sur nos espoirs en
ruine" vont se remettre à siffler.
Opus 15
Parallèlement,
le chanteur forme une nouvelle équipe de musiciens, pour la plupart d'origine
argentine, autour du pianiste arrangeur Lalo Zanelli. Leur travail en commun
est peut-être ce que François Béranger a fait de plus beau de toute sa
carrière. Aussi bien en studio (le superbe album de 1997 dont la pochette
s'orne d'une sorte de catus) que sur scène, ainsi qu'en témoigne l'exceptionnel
double album en public enregistré à la fin 1998; dès l'intro (une reprise
tellement apaisée de Tous ces mots terribles), on est pris à la fois par le
charme et l'émotion. Et la tendresse ! Une composante de l'univers de Béranger
que l'on a trop souvent tendance à passer sous silence et qui n'a pourtant
jamais cessé d'être présente dans son oeuvre, depuis le début.
A partir de 1999, Futur Acoustic
entreprend donc de rééditer l'intégrale de sa discographie. Sans aucun
tripouillage mercantile, c'est à dire avec montage et pochettes d'origine.
Quant au chanteur, il enregsitre son quinzième album consacré au répertoire du
Québécois Felix Leclerc.
Ce sera son dernier. "Je suis né...
Je mourirai..." prendra tout son sens le mardi 14 octobre 2003.
François Béranger meurt en effet des
suites d'un cancer à son domicile de Sauve (Gard). Il était âgé de 66 ans.
biographie de Marc Robine paru dans Chorus
n° 38 ( http://www.chorus-chanson.fr/ )