Voyage au pays des musiques du monde :
l’Europe de L’Ouest
Au stade du Moustoir à Lorient (Bretagne),
un samedi après-midi, au début du mois d’août. Des milliers de spectateurs
s’entassent sur les gradins; Devant un jury très appliqué, les meilleurs bagadou
de Bretagne passent l’épreuve ultime du championnat national. C’est un
concours, un vrai, avce son règlement et tout le sérieux qui convient à ce
genre d’événement. Dans le public, chacun a ses supporters. Ils se manifestent
bruyamment à chaque fin de prestation. Le Festival Interceltique de Lorient bat
son plein. Le lendemain matin, sur le cours de Chazelles, une longue avenue qui
part de la gare pour mener au centre ville, ils sont des milliers à se presser
en rangs serrés. On a beau, pour certains, s’être couché fort tard, avoir
ingurgité moult bières et dansé la gavotte jusqu’à l’épuisement au fest-noz ou
près des estrades montées devant les cafés, la parade, pas question de la
rater. Les plus prévoyants ont apporter avec eux un tabouret, un pliant pour se
jucher au-dessus des têtes. Pour voir défiler les nations celtes.
Musiques traditionnelles de France et d’Angleterre
Nos ancêtres présumés, les Gaulois, sont
issus dès l’origine d’un mélange entre les peuples de chasseurs-cueilleurs
installés au paléolithique supérieur et les Celtes venus d’Europe centrale au
Vè siècle avant Jésus Christ. De nouveaux apports se succèdent après 50 avant
J.-C.: Romains, puis, quatre siècles plus tard, Vandales, Burgondes, Francs,
Visigoths, qui colonisent, traversent ou dévastent la Gaule. Les Vikings
prennent leur suite, précédant de quelques siècles les Anglais.
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1975
Le mariage anglais |
1976
Almanach |
1977
Chanteur de sornettes |
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Musiques de Bretagne
La charge de l’histoire
Sur les champs de pierres levées, entre
menhirs et dolmens, est écrite l’histoire ancienne de la Bretagne. On sait peu
de choses des habitants préceltiques. Les Celtes, venus d’Europe centrale au Vè
sicècle avant J.-C. sont soumis par Jules César après une rude résistance. Ils
sont progressivement repoussés vers l’ouest et finissent par occuper l’extrême
ouest de l’Europe, Irlande, Bretagne, et Galice en Espagne. Terrain de luttes
entre Anglais, Normands et Francs, le comté de Bretagne deviendra bientôt un duché,
soumis en théorie à l’aurorité du roi de France
Stivell
et les autres
Le grand
artisan de ce renouveau est Alan Stivell, chantre de la culture
bretonne. Il remet au goût du jour la harpe celtique, instrument oublié. Seuls avaient
survécu jusqu’alors les éléments du bagad, l’orchestre traditionnel :
biniou, bombarde, cornemuse et claisse claire. Le Bagad de Lann-Bihoué
et le Bagad Kemper sont les plus connus des bagadou, mais chaque ville,
chaque village parfois, compte son bagad, qui anime le fest-noz, la bal
populaire.
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Bagad Kemper
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Battering |
Sud –AR Su |
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Alain Genty |
2004 Une petite lanterne |
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Gwendal |
1989 Glen River |
1998 Aventures Celtiques |
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Patrick
Mollard |
2004 To the BOBS |
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Alain Pennec |
2004 Bacchanales |
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Alan Stivell
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1970 Reflets |
1971 Renaissance la harpe |
1973 Chemins de terre |
1974 E Langonned |
1976 Trema'n inis |
1977 Before landing |
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1991 Again |
1995 Brian Broru |
1998 1 Douar |
2000 Back to Breizh |
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1972 An naonned |
1973 Dix ans Dix filles |
1974 Suite gallaise |
Découverte ou
l’ignorance |
1995 portraits |
2003 Marines |
Musiques d’Irlande
Des îles
Quels
points communs y-a-t-il entre Cuba, la Jamaïque et l’Irlande du Nord ? Ce
sont des îles, bien sûr, et elles ont eu sur les musiques du monde un impact
énorme compte tenu de leur petite taille et de leur faible population. Cuba a
donné au monde des rythmes d’une richesse inouïe, la Jamaïque a inventé le reggae,
et l’Irlande a produit une musique unique, sœur des musiques bretonnes et
galicienne, mère de la country music, grand-mère du rock’n’roll.
Autre point commun entre ces îles : elles luttent toujours pour leur
indépendance, au moins en ce qui concerne Cuba et l’Irlande du Nord. Peuplée de
Celtes, les Gaëls, au IVè siècle avant J.-C., l’Irlande est christianisée très
tôt par Saint Patrick (Vè siècle).
Une tradition vivante
La
musique irlandaise est avant tout rurale, dédiée à la danse. Gigues et autres
reels sont interprétés au violon, à la harpe, à la cornemuse locale (uilleann
pipes), à la guitare et au banjo, à la flûte, notamment le tin whistle, flûte
métallique à bec, à l’accordéon, au bodhran, tambour circulaire. La musique est
partout, dans les fêtes familiales, locales et dans les pubs. Divers groupes,
ont contribué dans les années 60 à la renaissance de cette musique populaire,
en particulier les Clancy Brothers et les Dublinners.
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The Chieftains
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1975 The Chieftains 5 |
1991 The Bells of Dublin |
1995 The Long Black Veil |
2000 Water from the well |
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Clannad
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1983 Magical ring |
1990 Anam |
1994 Banba |
1998 Landmarks |
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The Corrs
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1995 Forgiven |
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Musiques d’Ecosse
Une tradition de résistance
La frontière entre Angleterre et Ecosse
marque la limite nord des conquêtes romaines, symbolisée par le mur d’Hadrien
(122 après J.-C.), construit pour isoler les barbares pictes de la civilisation
romaine. Les Pictes, peuples d’origine celte, sont envahis par les Scots venus
d’Irlande au VIe siècle, puis par les Angles et les Saxons
originaires de Scandinavie. L’Ecosse est alors une mosaïque de territoires
contrôlés par des clans en lutte incessante. L’indépendance du pays est
pourtant reconnue par le traité de Northampton (1328). Les luttes en clans ne
cessent par pour autant, aiguisant les appétits de conquête des puissants
voisins anglais. Lorsque Jacques Stuart, roi d’Ecosse, devient roi d’Angleterre
en 1603, l’union est acquise, qui sera consommée un siècle plus tard par l’Acte
d’union. Mais les indépendantistes ne désarment pas, et des révoltes
sporadiques éclatent. Ces dernières années, une autonomie de plus en plus
grande a été accordée à l’Ecosse.
Les celtes de l’Est
Les échanges de population en Irlande et
Ecosse et les origines communes celtes, flagrantes en particulier dans
l’utilisation de la langue gaélique, établissent une indéniable parenté entre
les musiques de ces deux pays. Dans l’instrumentation d’abord, où l’on retrouve
la cornemuse et le violon comme moyens d’expression prépondérants. Dans les
formes musicales ensuite, où danses et styles se rejoignent.