Ouverte sur les Caraïbes et bénéficiant
d’un climat propice à la vie en plein air, la capitale de la Louisiane (colonie
française jusqu’en 1803) était une ville du Sud, presque une ville latine. La
vieille souche française catholique y avait cultivé une tradition de
libéralisme, en contraste total avec le reste de l’Amérique puritaine. La
vocation portuaire de la ville avait contribué à y développer toute la gamme
des lieux de plaisir, du simple débit de boissons au bordel de luxe.
Les autorités avaient certes cherché à
contenir ces établissements dans le quartier réservé dit de "Storyville",
mais l’intense activité qui y régnait, et particulièrement l’activité musicale,
n’était qu’un reflet de l’animation de la ville entière. Les musiques de tous
styles se faisaient entendre partout, du simple salon de coiffure aux salles de
concert.
L’une des particularités de la Nouvelle-Orléans
était son importante communauté créole, issue des nombreuses relations
extra-conjugales que les propriétaires blancs semblent s’être autorisées avec
leurs esclaves. Plus particulièrement les propriétaires français, qui
continuèrent après l’émancipation à entretenir des maîtresses de couleur, et
qui avaient réservé un statut spécial à leurs esclaves au teint plus clair, les
affranchissant en de nombreuses occasions. Distincts des Noirs de race
strictement africaine, les Créoles considéraient ces derniers avec mépris,
affichant volontiers leur éducation européenne et leur standing. Aussi
furent-ils nombreux à recevoir une formation musicale et à briller par leur
virtuosité dès l’époque du ragtime. Mais rejetés par les lois raciales qui les
considéraient de toutes façons comme " nègres ", ils
restèrent en contact avec les autres musiciens noirs. L’émulation entre les
deux communautés constitua un facteur extrêmement stimulant pour la genèse du
jazz.
C'est au début du XXe siècle
qu'émergea, à La Nouvelle-Orléans (Louisiane), le premier style de jazz.
Dans ce style, le cornet ou la trompette est chargé de la mélodie, la
clarinette joue des contre-mélodies très ornées, tandis que le trombone procède
à des glissements rythmiques et fait résonner les notes fondamentales des
accords ou l'harmonie simple. En dessous de ce trio de base, le tuba ou la
contrebasse assurent la ligne de basse et la batterie l'accompagnement
rythmique. L'exubérance et le volume sont plus importants que la finesse, et
l'improvisation s'appuie sur la sonorité de l'ensemble.
|
|
|
|||
1941 Summertime |
Creole Jazz Band
|
1923 30 Ultimate Collection |
Jelly Roll Morton
|
1926 Complete Edition |
|
|
|
|
|
||
New Orleans Rhythm
|
1925 1935 |
Original Dixieland J B
|
Original |
|
|
Il semble que le musicien Buddy Bolden
ait dirigé certains des premiers groupes de jazz, mais on ignore quelle musique
ceux-ci jouaient exactement. Bien que certaines influences du jazz puissent
être identifiées à partir des premiers enregistrements, le premier
enregistrement de jazz d'orchestre n'eut pas lieu avant 1917. Cet orchestre, un
groupe de musiciens blancs de La Nouvelle-Orléans, appelé, The Original
Dixieland Jazz Band, fit sensation aussi bien à l'étranger qu'aux
États-Unis. Le terme Dixieland jazz fut par la suite utilisé pour désigner le
style de La Nouvelle-Orléans par des musiciens blancs. Deux groupes, un
blanc et un noir, suivirent : en 1922, les New Orleans Rhythm
Kings, et en 1923 le Creole Jazz Band, ce dernier étant dirigé par le
cornettiste King Oliver, qui influença largement le style de cette
musique. Les enregistrements du groupe dirigé par Oliver constituent les
principaux enregistrements du jazz New Orleans. Parmi les principaux
autres musiciens ayant pratiqué ce type de jazz figurent les trompettistes Bunk
Johnson et Freddie Keppard, le saxophoniste soprano Sidney Bechet,
le batteur Warren "Baby" Dodds, et le pianiste et compositeur Jelly
Roll Morton. Le musicien de style New Orleans ayant exercé la plus
grande influence reste cependant Louis Armstrong, second trompettiste du
groupe de King Oliver.
|
|
||||
1957 Louis under the stars |
1958 Louis and the good book |