Du goût de la décadence 

STORY

 

 

 

 

 

 

 

au néo-paganisme :

le glam rock

 

Agacé par les attitudes paupiéristes des hippies, le rock réagit. Il redécouvre le strass et les paillettes. Les mouvements de libération de la fin des années soixante ont aussi leurs incidences sur les codes vestimentaires. Les rôles sexuels se confondent. Les filles s'habillent comme des garçons, tandis que ceux-ci se maquillent et se teignent les cheveux. Prophète de cette ambivalence, David Bowie passe d’abord pour un extra-terrestre, avant d’être largement imité. Inspiré par son professeur, le mime Lindsay Kemp, et par le poète et comédien Quentin Crisp, il affiche une bisexualité, qui en 1972, peut encore choquer. Ses diverses incarnations - en Ziggy Stardust, Alladin Sane, ou Thin White Duke – sont autant de masques. D’autres les emprunteront, sitôt délaissés.

Au début des années 70, le chemin du rock ne croise plus celui de la pop depuis un bon moment déjà. L’urgence, l’art du single, le souci de divertir ou de faire danser se sont perdus dans les brumes du psychédélisme et du blues boom. La chanson n’est plus qu’un maigre prétexte pour se lancer dans d’interminables solos de guitare ou de longues errances expérimentales dominées par les claviers et les premiers synthétiseurs. Pour une poignée d’artistes britanniques, généralement des galériens des années 60 à qui la chance n’a guère souri, le rock fait évidemment fausse route. Leur ambition ? Faire revenir le binaire dans les discothèques et les bars, le reprendre aux mains des étudiants et des intellectuels pour le rendre au peuple. La méthode ? Repartir aux sources en quête de la matière originelle, le rock’n’roll, puis s’habiller de strass et de paillettes pour lui offrir une seconde jeunesse : T. Rex, David Bowie, Slade, Gary Glitter, Sweet … Ils seront nombreux à troquer leurs mornes jeans et leur tuniques informes pour enfiler des tenues aussi provocantes que délirantes – costume doré et kimono moulant, chemise à col pelle à tarte aux couleurs bigarrées et platform boots aux talons démesurés – pour incarner ces nouvelles idoles au look androgyne….

 

David Bowie

Hunky Dory

Ziggy Stardust

Aladdin Sane

Diamond Dogs

Young Americans

 

 

 

 

 

Low

Heroes

Lodger

Let’s Dance

 

 

 

 

 

 

Alice Cooper

 

Killer

 

 

 

 

Elton John

 

 

 

 

 

 

 

Dans la première moitié des seventies, les véritables artisans de l’explosion punk à venir sont déjà à l’œuvre. A New York, un petit club pouilleux, le CBGB’s est investi par des rockers d’un genre nouveau, enfants illégitimes du Velvet Underground. Patti Smith, Television, les Talking Heads, Blondie partagent, plus que leur musique, le même look famélique, la même élégance miteuse, le même regard menaçant. Et puis, il y a les Ramones. Quatre faux frères, crétins autoprolamés, aux têtes de dégénérés – teints blafards et lunettes noires – portant jeans troués et baskets éclatées. Leurs chansons se ressemblent toutes et tiennent en moins de deux minutes chrono : point de solo inutile ou de prouesses musicales à exhiber, juste un rock brutal réduit à une expression minimale. En même temps, Richard Hell, bassiste du groupe américain Television, se coupe les cheveux courts et lacère ses T-shirts, qu’il rafistole avec des épingles à nourrice. Le style punk est né. Malcom Mc Laren, le manager-styliste anglais n’en perd pas une miette…

L’underground new-yorkais