Les déviationnistes du folk-rock
Le passage du folk et du blues acoustiques
à l’idiome musical du rock ne se fit pas sans résistance, ni sans mal : pour
qu’il fut possible, il fallait tout le poids d’une star ; éléctrifier la
musique authentique des origines parut à tous les fondamentalistes de Greenwich
Village un sacrilège impardonnable. Mieux valait, selon eux, vendre 4 000
disques " authentiques " (ce fut le cas du premier 33-tour
de Bob Dylan en 1961) que de faire un tube avec des guitares électriques
(ce qui arriva pour Mr Tambourine Man
du même Dylan repris par les Byrds avec des arrangements électriques).
Aucun artiste majeur du mouvement folk ne
se risqua à électrifier sa musique avant Dylan. Celui-ci le fit au festival de
Newport, se fit huer pendant vingt minutes et tint bon, reprenant avec le Paul
Butterfield’s Blues Band qui l’accompagnait l’introduction électrique de sa
chanson jusqu’à ce que la foule se taise. Finalement conquis, le public
plébiscita cette tentative nouvelle et courageuse : synthétiser l’énergie
sonore du rock et la finesse des poèmes folk. Les premiers albums électriques
de Dylan (Bringin'it all back home et
surtout Highway 61 revisited) furent des
succès majeurs. Un genre nouveau était né : on l'appela "folk-rock"
car il emprunait ses harmonies et ses paroles au mouvement folk mais en
retraitait les sons et les rythmes à la manière du rock, avec ses instruments
désormais traditionnels : guitares et basses électriques, batterie, orgue
électronique, harmonica au son clair (hérité du blues rural) ou saturé (à la
manière du blues de Chicago).
Les Byrds furent avec Dylan les
meilleurs représentants du folk-rock. Leur son était vraiment parfait, meilleur
et plus travaillé que celuide Dylan sur le plan instrumental et aussi sur le
plan choral. Mais ils ne furent pas des compositeurs, des paroliers aussi
prolifiques ni aussi originaux que l'ex-roi du folk qui, avec sa voix éraillée,
anticommerciale, son comportement déconcertant et ses arrangements primitifs,
garda tout de même la direction du mouvement, du moins tant qu'il en eut le
désir.
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1972 America |
1973 Homecoming |
1974 Holiday |
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1966 Buffalo Springfield |
1967 Again |
1968 Last Time Around |
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1965 Mr. Tambourine Man |
1965 Turn! Turn! Turn! |
Younger Than Yesterday |
Notorious Byrd Brothers |
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D'autres groupes talentueux marquèrent par
leur professionalisme et leur talent le folk-rock, qui fut le seul genre proprement
américain à tenir tête à la vague de la pop music anglaise (Beatles, Stones,
Animals): Les Lovin'Spoonful, de la côte Est, connurent quelques
beaux sucès avec Do you believe in magic ?, Daydream et
surtout Summer in the city. Les Mamas et les Papas prirent la relève
(Mama Cass avait fait partie des Spoonful) et firent la jonction avec le rock
californien : California dreamin, Free advice, Dedicated to
the one I love. Sonny & Cher furent de grandes stars du
folk-rock avec I got you babe puis The beat goes on.
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1969 Crosby, Stills & Nash |
1970 Déjà Vu |
1971 If I Could Only |
1972 Nash-Crosby |
1977 CSN |
1999 Looking Forward |
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Bringing It All Back Home |
1965 Highway 61 Revisited |
1974 Planet Waves |
1975 Blood on the Tracks |
1975 Desire |
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1978 Street Legal |
1979 Slow Train Coming |
1989 Oh Mercy |
2001 Love and Theft |
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Tom Petty |
1979 Damn the Torpedoes |
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Neil Young
fit partie lui aussi du mouvement folk-rock à ses débuts, notamment avec Buffalo
Sprinfield, avant de rejoindre en 1969 le fameux Crosby, Stills and Nash.
Mais c'est au cours de la décennie suivante que son talent éclatera réellement,
après qu'il aura totalement intégré toutes les influences qu'il a subies dans
le courant des années suivantes.
Simon and Garfunkel
furent de grands créateurs du genre : leur travail choral demeure sans doute
inégalé, leurs mélodies sont encore célèbres dans le monde entier. Initialement
marqué par le folk pur et dur, ils surent, sous l'impulsion de Paul Simon, musicien
hors pair, utiliser de manière souple et discrète les instruments du rock, sans
jamais abandonner complètement la guitare acoustique. Avec Bob Dylan,
les Byrds et Neil Young, ils furent certainnement les auteurs des
plus belles ballades de l'histoire de la musique populaire américaine
contemporaine.
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1966 Sounds of Silence |
1968 Bookends |
1969 Parsley, Sage, |
1970 Bridge Over Troubled |
1986 Graceland |
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Sonny & Cher |
1966 The Beat Goes on |
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1975 Born To Run |
1978 Darkness Of The Edge |
1980 The River |
1982 Nebraska |
1984 Born in The U.S.A. |
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Human Touch |
The ghost of Tom Joad |
The rising |
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James Taylor |
1969 sweet baby james |
1971 Mud Slide Slim |
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1969 Everybody Knows |
1970 After The Gold Rush |
1972 Harvest |
1974 On The Beach |
1975 Tonight’s the night |
1979 Rust never sleeps |
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1989 Freedom |
1990 Ragged Glory |
1992 Harvest moon |
1994 Sleeps with angels |
1995 Mirror
Ball |
2005
Prairie Wind |
La country
est, comme on s’en doute, une musique des " campagnes ",
c’est à dire rurale, traduction littérale de country. Mais d’une campagne précise,
celle du Sud des Etats-Unis, et d’une population spécifique : les Blancs.
Son berceau est à chercher dans le massif des Appalaches, où s’étaient
rassemblés beaucoup d’émigrants anglais et irlandais. Dans cette quête du
nouveau monde, ils avaient emportés avec eux leur folklore traditionnel, teinté
de musique celtique, à base de violons et de chants. A l’époque, cette musique
n’a pas de nom. C’est la musique des fermiers, des bûcherons et des trappeurs,
qui le dimanche, pour rompre leur isolement, chantent et dansent pour se donner
du courage. Au début du XXè siècle, les Appalaches s'organisent. On
a besoin de main d'œuvre pour extraire le charbon des mines. Les Noirs, et
d'autres émigrés, venus d'Europe, rejoignent nos montagnards. Cette cohabitation
va faire évoluer la musique du cru : les Noirs, avec le blues et le gospel,
apportent un rythme nouveau et ajoutent la guitare à la panoplie du terroir,
les Italiens innovent avec la mandoline et les Slaves y mêlent des airs de
polka. Ajoutez à çà un zeste de guitare hawaïenne, découverte lors des
"Tent Shows", cirques ambulants dans lesquels se produisaient des
artistes hawaïens. Tous les éléments sont en place pour que la country naisse